Chapitre 17.

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Je me mis à rire nerveusement.

— Ma langue a fourchée.

Mais Aiden semblait pensif.

— Tu ne trouve pas ça bizarre toi que seulement un monde sur cinq ai survécu, il devrait au moins en avoir un autre, non?

Mon cœur battait à tout rompre.

— Non, j'ai tous les livres des mondes chez moi et il est écrit à la fin de chacun d'entre eux qu'ils ont disparus à la fin de la guerre des mondes sauf bien sur celui de Goldenrizy.

Il posa son menton sur le manche de la rame.

— Vraiment seulement Goldenrizy?

Je commençai à me sentir mal. Avait-il lu la fin du livre "Les cinq royaumes d'Aldenvalya" lorsque la collection de livre appartenait à la salle des trésors? Dans ce cas là il savait que je mentais et il devait se demander pourquoi. Il fallait mieux que je lui dise qu'il existait un autre monde survivant afin qu'il ne se pose pas de questions sur le fait que je mente.

— A vrai dire, il y a un livre dont je n'ai pas lu la fin, donc je ne peux pas certifier qu'il ait été vaincu par la guerre des mondes.

— Ce monde s'appelle Aldenvalya.

Je sursautai. Ainsi, il savait.

Il se remit à ramer vigoureusement et dit:

— J'ai su qu'il existait encore puisqu'il avait des pages blanches à la fin comme pour celui de notre monde.

— Pourquoi tu as fait semblant de ne pas savoir?

Il me fixa intensément.

— Et toi?

Je réfléchis à toute vitesse à un bobard qu'il pourrait avaler.

— C'est vrai que je m'en doutais, bien que je n'avais pas lu la fin et je ne pourrai pas la lire puisque j'ai perdu le livre mais je ne voulais faire part de mes hypothèses à personne avant d'être sûre.

J'espérais qu'il allait me croire.

Il sourit.

— Je faisais semblant de ne pas savoir pour comprendre pourquoi toi même tu ne voulais pas admettre que tu le savais. Je le voyais bien de toute façon que tu le savais, tu ne sais pas mentir.

Je souris narquoise. Je venais à l'instant de lui mentir sans qu'il ne s'en rende compte.

Il soupira.

— Je me demande comment on peut faire pour s'y rendre.

— Moi aussi.

— Je pense que les sortes de portails qui servaient à passer d'un monde à un autre ont tous été détruit durant la guerre des mondes, sinon on saurait depuis longtemps que nous n'étions pas le seul monde à avoir survécu.

S'il savait que j'avais un de ces portails dans ma chambre.

— Je pense aussi.

— Pff ça ne sert à rien de savoir s'il existe un autre monde ou pas puisqu'on ne peut pas s'y rendre.

Il leva la tête et regarda la position du soleil dans le ciel.

— Il doit être l'heure de manger.

Je soupirai de soulagement. Il avait enfin changé de sujet.

— Nous devrions manger au marché.

Il désigna un panier au fond de la barque et me fit un clin d'œil.

— Ça te dit un pique-nique à la place?

J'acquiesçai en souriant.

Soudain la barque cogna violemment un rocher et Aiden tomba de tout son poids sur moi. Le poids étant trop important d'un côté la barque se retourna et nous tombâmes dans l'eau.

Le seau dans lequel nageait le poisson d'or se renversa et le poisson partit dans la mer.

Seul le panier contenant notre déjeuner flottait sur l'eau.

Nous éclatâmes de rire.

Je n'arrivais plus à reprendre mon souffle. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas ris.

Heureusement la plage n'était pas loin. Aiden tira la barque derrière lui tandis que je tenais notre déjeuner sur ma tête pour le maintenir hors de l'eau.

Quelques minutes plus tard, nous nous écroulâmes épuisé sur le sable chaud.

Nos vêtements séchèrent rapidement sous les rayons brûlants du soleil.

Nous mangeâmes le pique nique tout en regardant l'eau se déferler sur les rochers sur lesquels notre barque avait cogné.

Aiden se laissa bronzer au soleil. Quelques secondes plus tard, il dormait paisiblement.
Le voir paisible me rendait jalouse. Il n'allait pas être choisi comme du bétail lui.

Je soupirai.

Pendant quelques heures j'avais presque oublié le bal de ce soir mais l'approche de l'heure H me faisait frissonner.
Peut-être que les quelques heures de bonheur que j'étais en train de vivre étaient les dernières?

Étrangement la vision d'Aiden m'étais de plus en plus insoutenable.

Je me levai doucement et je partis en direction du manoir de Rosebury.

J'étais trop fatiguée pour escalader le portail, je sonnai donc. Une domestique vint m'ouvrir.

Je montai dans ma chambre et je me fis apporter une grande bassine d'eau chaude pour nettoyer le sable et le sel de la mer collés sur mon corps.

Je me séchai avec la serviette moelleuse que la domestique avait laissé à côté de la bassine.
Je mis une fine robe de flanelle blanche et j'appelai la domestique pour m'aider à mettre ma robe de bal.
Lorsqu'elle fut mise, je me regardai dans le miroir. Le jaune s'alliait avec mes cheveux tandis que le bleu profond rappelait mes yeux.

Le fait que ce soit Aiden qui l'ai choisi me donnait du courage.

On me fit une coiffure élaborée avec de nombreux accessoires précieux.

Je regardai par la fenêtre de ma chambre. Les invités commençaient à arriver dans des voitures dorées tirées par des chevaux majestueux. Je vis des jeunes femmes avec des robes plus extravagantes les unes que les autres et des jeunes hommes en costumes de couleur bleu ou noir en sortir et saluer mes parents à l'entrée.

Mes mains se mirent à trembler.

Le Miroir MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant