Le Miroir Maudit

Chapitre 19.

Je dansais sans regarder mon partenaire. Je fouillais la salle du regard mais je ne le vis pas.

Je soupirai.

Où était cet imbécile?

La fin de la musique arriva vite. Le jeune homme me déclina son identité:

— Je me nomme Arthus de Bonfranc.

J'acquiesçai toujours sans le regarder.

Une nouvelle musique commença. Les danseurs se mirent à tournoyer rapidement si bien que je n'arrivais plus à distinguer les visages des uns et des autres. Je m'appuyai sur un mur de la salle.

Quand cette horrible soirée allait-elle se terminer?

Je vis alors comme dans un cauchemar le crieur s'avancer sur une estrade et la musique toucher à sa fin.

Le moment fatidique était arrivé.

Les danseurs s'arrêtèrent de danser et la salle se tourna vers le crieur.

Celui-ci mit ses mains en porte voix et cria:

— Nous allons maintenant décliner l'identité du fiancé de mademoiselle Elly de Rosebury!

Je retins mon souffle.

— Aiden, le prince héritier de notre Royaume!

Sous le choc, mes jambes se dérobèrent et je tombai au sol. Mon cœur se mit à battre à une vitesse affolante. La musique recommença et les danseurs se remirent à danser. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je vis Aiden venir vers moi et me tendre la main. Je la saisis en tremblant. Je me relevai.

J'étais debout, devant Aiden. Mes yeux s'embuèrent de larmes.

— Pourquoi? Tu sais qu'on ne peut pas revenir en arrière? Je sais que je te l'avais demandé mais c'était sans savoir que les fiançailles étaient définitives!

Aiden me regardait intensément.

— Elly en fait...en fait...je...

Ma voix se mit à trembler.

— Quoi?

Son visage s'empourpra.

— Je...je t'aime...

Ses mots me laissèrent sans voix un instant.

Ses yeux bleu me scrutaient. Je finis par articuler d'une voix tremblante:

— Impossible.

Ses yeux s'agrandirent et il rétorqua:

— Pourquoi?

Je réprimai des sanglots dans ma voix.

— Personne ne m'a jamais aimé vraiment, non, c'est impossible, impossible...

Il s'approcha de moi et me prit la main.

— Qu'est ce que tu raconte? Tes parents t'aimes et tes frères aussi avant moi.

Je secouai la tête.

— Ce ne sont pas mes parents et je n'ai pas de frères ! Ma mère est morte à mes quatre ans et je ne me souviens presque pas de son visage et mon père m'a vendu à mes huit ans! Ils ne m'ont pas aimé! Et cette famille que j'ai là est factice! Ils ne m'aiment pas moi mais ils aiment la vraie Elly!

Aiden lâcha ma main. Il était abasourdie.

Je choisi ce moment pour partir en courant de la salle de bal. Je voulais fuir. Mais sa main saisit la mienne brusquement. Je me retournai. Il m'attira contre lui. Je sentis son cœur battre au même rythme que le mien et ses bras autour des mes épaules me procurer un sentiment de sécurité qui me rassura.