IV. HERE'S TO NEVER GROWING UP

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- Mademoiselle ? Mademoiselle...

- Hum ?

Kylliane émergea difficilement de son sommeil salvateur. En jetant un regard circulaire, elle retrouva le silence de la chambre d'hôpital dans laquelle elle se trouvait ainsi que l'air paisiblement et faussement endormi de sa jumelle.

Puis ses yeux s'arrêtèrent au son de la voix qui l'avait interpellée.

- Je suis désolée, Mademoiselle, les visites sont terminées.

La charmante infirmière se tenait juste au dessus du lit où étaient couchées les deux sœurs.
Tout en vérifiant les constantes de Nolwenn, elle expliquait à Kylliane que sa présence ne pouvait qu'être bénéfique à sa jumelle.

L'adolescente ne l'écoutait pas, elle se concentrait uniquement sur la vision qu'elle avait de sa sœur. Elle avait horreur de la voir ainsi, et d'être totalement impuissante face à la condition dans laquelle elle était maintenue.
Dans un geste machinal, elle se leva, rassembla ses affaires et embrassa tendrement le front de son double avant de sortir de la chambre.

Sur le chemin qui la reconduisait au domicile familial, son téléphone sonna. Un SMS venait d'arriver.

Un éclair de rage passa dans les yeux  et le cœur de Kylliane

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Un éclair de rage passa dans les yeux  et le cœur de Kylliane.

Comment osaient ils ?

Elle décida, encore une fois de ne pas répondre à celle qui avait été son amie.

Depuis le drame elle s'était peu à peu éloignée de ses anciens amis. Ceux qui étaient auparavant une partie d'elle même. Ceux-là même qui auraient dû être son roc, sa force.
Ils avaient pourtant essayé d'être présents lorsque Nolwenn fut admise à l'hôpital. Mais Kylliane n'était prête à accepter le soutien de personne.

Au fil des jours, des semaines, elle s'était éloignée de tout le monde. Au bout de quelques mois elle s'était totalement renfermée, devenue asociale.

Le groupe implosa progressivement avec la perte de leur soleil, de leur cœur.

Nolwenn était celle qui réunissait cette joyeuse bande et sa disparition détruisit tout avec elle.

Même si les quatre autres comparses avaient tout tenté pour garder le groupe entier, rien ne pouvait aider Kylliane à avancer, à pardonner, à s'apaiser. Sa seule lumière était désormais éteinte.

Plus le temps passait et plus elle devenait maussade, agressive et parfois même méchante.

Linda et Pierre-Antoine étaient ceux qui avaient essayé le plus longtemps, le plus ardemment. Summer et Arnaud s'étaient replié, comme à nouveau exclus du monde.

***

Rentrée à la maison, l'adolescente n'eut aucun mot, aucun regard pour ses parents.
Ils étaient assis à la table de la cuisine, trop concentrés sur leur discussion pour remarquer l'arrivée de leur fille.

En passant devant la chambre de sa sœur, Kylliane ne résista pas à l'envie d'aller s'étendre sur le lit de sa jumelle, où son odeur disparaissait un peu plus chaque jour.

Elle avait déjà enfoui sa tête dans l'oreiller lorsque son téléphone sonna. En voyant le nom s'afficher sur son écran, une rage intérieure l'enivra. Au moment où elle se décidait à répondre, la sonnerie s'arrêta. Elle soupira et replongea sa tête dans l'oreiller de sa sœur.
Une notification l'informa d'un nouveau message nouveau vocal.

- Sa-Salut Kyllie, tu vas bien ? Pardon. Non, forcément, tu vas pas bien. Excuse moi. Je t'appelais parce qu'avec Lili on a revu Clann et Arnaud et qu'on a parlé pas mal. En fait, on voulait tous les quatre aller v-voir Winnie à l'hôpital... Et on aimerait bien te voir toi aussi pour le coup. Tu sais, sortir ensemble, comme avant. Enfin non pardon, pas comme avant mais tu vois ce que je veux dire ? Tu nous manques tu sais. N-Notre bande me manque. Et toi aussi tu me manques et W-Winnie aussi... Tu voudras bien me tenir au courant ? Ou Lili ? A plus Kyllie... Au fait, c'est Kenji. Sa-Salut.

En écoutant ce message mal assuré, Kylliane senti quelques larmes couler le long de ses joues.
Elle ne pouvait plus faire semblant. Son groupe d'amis lui manquait. Son ancienne vie lui manquait. Sa sœur lui manquait.
Elle aurait tellement aimé pouvoir revenir en arrière. Pouvoir tout recommencer.

Mais elle savait que c'était impossible. Elle savait que rien ne pouvait changer ce qui était arrivé à son double. Jamais elle ne pourrait avancer sans elle à ses côtés. Jamais elle ne pourrait vivre si sa sœur ne vivait plus.
Jamais elle ne pourrait se lier à nouveau à quelqu'un, reformer ce groupe qui était autrefois tellement important pour sa sœur et elle. 

Elle ne pouvait pas, ne voulait pas faire l'effort de retourner à son ancienne vie.

Sans sa sœur auprès d'elle, tout semblant de vie normale était inconcevable. Par orgueil, par colère, elle ne souhaitait surtout pas demander de l'aide. Elle ne souhaitait surtout pas céder à sa faiblesse et laisser son double de côté pour s'occuper de ses propres états d'âme.

Toute cette souffrance était trop dure à supporter. Cette douleur qui la bouffait à longueur de temps, qui la rongeait, elle aurait aimé qu'elle disparaisse à jamais.

COMATOSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant