X. IT'S NOT OVER

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Le lendemain de l'épisode de la gifle, Kylliane était toujours aussi en colère contre ses parents.
Elle décida qu'aujourd'hui, serait le jour où elle mettrait son plan en exécution afin de découvrir la vérité sur  le fameux accident dont sa sœur fut victime.

Sous son lit, elle récupéra une boite d'une quinzaine de centimètres et prit le petit cadenas qui la scellait entre ses doigts. Après un regard circulaire, elle se dirigea vers son armoire et y fouilla pour dénicher la petite clé qui permettait d'ouvrir son précieux contenant.
A l'ouverture, elle senti une vague d'espoir l'envahir.

Ils allaient voir, tous, à quelle point elle était tenace. Ils verraient qu'elle avait eu raison de ne pas abandonner. Ils verraient, qu'elle savait se battre pour sa sœur. Ils verraient.

En prenant la teinture entre ses mains, le doux visage de sa jumelle lui apparut. Depuis que Nolwenn n'était plus vraiment là, Kylliane n'avait de cesse de combattre ses vieux démons qui tentaient constamment de reprendre le dessus sur elle.
Tant qu'elle avait son objectif en tête, jamais ils ne pourraient à nouveau la contrôler, ni lui faire perdre pied.

***

En scrutant les alentours, l'adolescente conclut qu'elle était seule dans la maison. Elle en profita pour s'éclipser furtivement en fermant délicatement la porte derrière elle.
Elle n'avait pas remarqué sa mère qui l'avait observée tout du long. Elle n'avait pas vu son air terrifié quand ses yeux tristes se posèrent sur elle.

En apercevant sa fille descendre les escalier, le teint de Mme Sweet était soudainement devenu blême.
Ses cheveux blonds, ses vêtements harmonieux, elle cru voir le fantôme de sa petite Nolwenn sortir discrètement de la maison.

Kylliane avait lancé la première étape de son plan : devenir Nolwenn.

***

Dans la rue, Kylliane imaginait déjà comment elle allait poursuivre ses investigations.
Elle commença son excursion par les endroits fréquemment visités par son double. Espérant croiser une personne susceptible de "la" reconnaître et de trahir ses méfaits.
Elle était persuadée que le coupable se cachait parmi les gens qui la connaissaient. Elle scrutait chaque passant qu'elle rencontrait.

Elle flânait et se déplaçait de la même manière que le faisait jadis Nolwenn. Elle se sentait Nolwenn.

Au détour d'une rue, elle vit le croisement qui menait vers le commissariat où elle avait rencontré cet amusant officier. Elle se demandait si la supercherie marcherait suffisamment pour avoir plus amples informations sur les investigations qui étaient menées.

Arrivée devant le bureau d'accueil, elle demanda à voir l'officier Pilguez, c'était très important. Elle se présenta sous l'identité de Nolwenn Esther Sweet.
"Nolwenn" fut invitée à attendre dans un bureau adjacent.

Quand la porte s'ouvrit, un homme qu'elle ne connaissait pas fit son entrée. Il s'arrêta quelques secondes face à Kylliane, la dévisagea quelques instants, puis ressorti aussi vite qu'il était venu. L'officier Pilguez  apparu juste après.

Il l'observait de la même manière qu'un père regarde son enfant avant de lui faire un sermon.

***

Mme Sweet s'était rendue à l'hôpital, auprès de Nolwenn, aussi rapidement que possible.
Assise au côté de sa fille, serrant sa main aussi fort qu'elle le pouvait, elle lui exprimait ses inquiétudes grandissantes concernant sa jumelle.
Elle la priait de se réveiller afin que tout rentre enfin dans l'ordre.

Jamais elle n'aurait pensé que les choses prendraient de telles tournures.

Elle songea à l'époque où ses filles étaient encore des enfants si innocentes, si candides.
L'époque où elle pouvait encore soigner leurs maux et les rassurer sur la vie.

Cela lui semblait à présent si loin, si irréel. 

La mère désespérée se mit à pleurer au moment où elle exprima à sa fille à quel point elle avait besoin d'elle à ses côtés.

***

- Nolwenn, hein ? dit l'officier Pilguez en souriant. Tu crois duper qui ma petite ?

Kylliane ne répondit pas, elle commençait à se dire que ce n'était finalement pas une si bonne idée que de venir ici en se faisant passer pour sa jumelle. Mais elle décida de ne pas se laisser impressionner. Elle voulait rester dans son personnage. C'était crucial pour réussir à élucider cette affaire.

- Oui, monsieur l'agent, Nolwenn Sweet. Je me suis dis que vous pourriez m'aider à comprendre ce qu'il m'est arrivé.

- Bien. Si c'est ce que tu veux. Quand t'es tu réveillée ?

- Hier, monsieur.

- Et tu es déjà sortie ? En mesure de déambuler seule dans la rue ?

- Oui monsieur.

Miguel Pilguez comprenait, au fil de ses questions, que la jeune adolescente ne se dissocierait pas si facilement de son personnage. Il entra donc dans son jeu.

- Que peux tu me dire du soir où tu as été agressée ?

- Je n'en ai aucun souvenir, monsieur. J'étais au bowling avec mes amis. La dernière chose dont je me souviens c'est d'avoir appelé ma sœur pour qu'elle me rejoigne dans ce manoir effrayant.

- Que faisais tu dans ce vieux manoir ?

- Je ne me souviens pas.

- Y étais tu déjà allé ?

- Pas à ma connaissance, monsieur.

- Bon. On va arrêter ce petit jeu, ma petite. Tu ne vas rien apprendre de cette façon, et moi non plus. Tu m'expliques tes motivations ?

Kylliane protesta quelques instants, restant dans son personnage et tentant de persuader ce flic, pas si crédule, qu'elle était Nolwenn.
Au bout longues minutes d'inutiles invectives, comprenant qu'effectivement avec ses seules informations elle n'arriverait jamais à rien, elle se décida à arrêter cette mascarade.
 Il fallait changer de tactique. Elle devait donc faire de ce policier son allié.

- Vous allez m'aider à trouver ce qui est arrivé à ma sœur ?

- Si je le peux, oui. On reprend depuis le début ?

***

M Sweet avait rejoint sa femme à l'hôpital aussi rapidement que possible. Elle était totalement déconfite. Désemparée.

Quand elle lui eut expliqué la scène à laquelle elle avait assisté le matin même, il tenta de la rassurer. Kylliane ne pouvait pas se faire de mal tant qu'elle se sentirait dans le corps de Nolwenn. Elle aimait et respectait bien trop sa sœur pour cela.
Mais, par mesure de sécurité, il demanda aux amis de ses filles de garder un œil sur elle. Juste au cas où...

Voyant l'inquiétude déformer le visage de sa tendre épouse, M Sweet entreprit de lui faire se souvenir de ces jours heureux qu'ils avaient vécu auprès de leurs enfants. Avant que les événements ne les dépassent.

A mesure qu'il parlait, il se remémorait les souffrances endurées par sa famille. Avec un seul et unique centre névralgique.

COMATOSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant