XXXIV. AWAKE AND ALIVE

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Nolwenn, les joues rosies par le froid extérieur, était anxieusement assise sur le banc de l'arrêt de bus où elle avait donné rendez-vous à cette personne si chère à son cœur.
En consultant l'heure sur son téléphone, elle remarqua que les horaires indiqués n'étaient pas respectés et cela la rendait encore plus angoissée.

Tout en ne cessant de croiser et décroiser ses doigts frigorifiés, Nolwenn, impatiente, se demandait si elle avait bien fait de l'appeler pour bénéficier de ses conseils. Après tout, était-ce la bonne personne avec qui discuter de tout ce qui se bousculait dans sa tête ?

***

Kylliane n'arrêtait pas de questionner son amie Linda sur ce qu'elle avait sous entendu en parlant de "tout gâcher", de qui, de quoi elle parlait. Elle voulu absolument tout savoir.

- Kyllie, tu me fatigues. Sérieux. C'est pour ça qu'on te dit jamais rien car tu veux toujours tout savoir. Mais on peut pas toujours tout dire !

Vexée, Kylliane lui répondit que même s'il était vraie qu'elle était du genre acharnée elle n'avait jamais révélé aucun secret et n'avait jamais trahi d'amis. Donc, on pouvait totalement lui faire confiance. Après avoir encore harcelé son amie de question, elle reçu un début de réponse.

Ravie, elle salua son amie et parti en courant à la recherche de sa jumelle.

***

Le bus eut plus de dix minutes de retard.

Nolwenn avait même eut peur qu'il ne vienne pas. Mais lorsqu'elle le vit sortir du bus, ses belles boucles rousses entourant son visage, ses pommettes rougies par le froid malgré l'épaisse écharpe anthracite qu'il portait, son cœur se réchauffa immédiatement.

- Salut Arnaud.

- Salut, répondit la voix chaleureuse de son ami.

Gênée d'être face à celui qui faisait toujours battre son cœur, Nolwenn resta à bonne distance de lui avant d'entamer la marche vers le petit café associatif dans lequel ils allaient pouvoir se réchauffer.

***

Kylliane, guidée par la localisation du téléphone de sa sœur, était presque arrivée à destination. Qu'elle avait hâte d'annoncer la nouvelle à sa jumelle ! Qu'elle avait hâte de voir sa réaction ! Elle espérait seulement ne pas arriver au mauvais moment.

Plus qu'une quinzaine de minutes, et elle serait au côté de sa sœur. Le visage rayonnant d'un sourire d'enfant, son impatience était trahie par ses jambes qui ne cessaient de remuer.

***

- Alors, tu voulais me parler de quoi ?

Nolwenn attendit que le serveur ait posé leurs consommations pour oser répondre à la question de son ami.

En se penchant tendrement vers lui, elle lui parla de ses séances de psychanalyse et de ce qu'elle en avait conclu. L'adolescente, les larmes aux yeux, parlait pour la première fois du traumatisme qui la hantait. Elle arrivait enfin à mettre des mots sur sa souffrance et ça lui faisait beaucoup de bien.
En dehors de ses séances avec le docteur Chang, jamais elle n'avait évoqué l'agression qu'elle avait subie et n'aurait jamais pensé que cet épisode l'aurait autant perturbée.

Arnaud écoutait son amie avec beaucoup d'attention. Respectueusement, il se refusait à l'interrompre même lorsqu'il voulu ajouter ses impressions. Il attendait sagement qu'elle termine sa tirade.

- Qu'est-ce que je dois faire Arnaud ?

En plongeant ses grands yeux sombres dans ceux, bien plus clairs, de la jeune fille et en prenant délicatement sa main, il lui répondit que la chose la plus simple et la plus bénéfique à faire serait de confronter sa sœur à sa douleur. Il était primordial, pour le bien-être de leurs relations, qu'elles puissent parler à cœur ouvert de ce passage de leurs vies où chacune d'elle avait subi un événement traumatique.

Laissant une larme rouler sur sa joue, Nolwenn remercia son ami et prit congé de lui.

Alors qu'elle enfilait son manteau, la chaleur d'une main la retint sur place.

***

Lorsque Kylliane arriva à destination, elle vit par la grande baie vitrée du café sa sœur et leur ami en grande conversation.

Elle attendit donc, dans le froid de l'hiver, respectueusement assise sur un rebord à proximité. Elle ne voulait pas déranger sa sœur et leur ami dans leur conversation et dans ce qui pourrait être le renouveau de leur histoire d'amour.

Kylliane avait gagné en maturité ces derniers mois et avait enfin appris à vivre indépendamment de sa condition de jumelle. Elle souhaitait de tout son cœur que Nolwenn aie une belle vie. Une vie remplie d'amour, de nouveautés, d'événements auxquels Kylliane n'assisterait pas mais dont elle adorerait écouter les récits.

Quand, enfin, elle vit sa sœur prendre congé de leur ami, Kylliane se leva prête à l'accueillir.

***

Délicatement, lorsque Nolwenn se retourna, Arnaud enlaça celle qui avait été sa petite amie avant de plonger son nez dans le cou de l'adolescente. Sentir à nouveau son parfum, l'odeur de sa peau, lui rappelait à quel point il l'avait aimée et l'aimait encore.
Entourant sa taille de ses bras, Nolwenn répondit à son étreinte et se dressa sur la pointe des pieds afin d'être à hauteur des lèvres de son ami.

Leurs yeux parlaient d'amour et leurs lèvres se rencontrèrent.

***

Lorsque Kylliane vit Nolwenn et Arnaud échanger ce baiser romantique, elle ne put s'empêcher de pousser un énorme cri. C'était un hurlement de joie. Enfin ! Sa jumelle s'autorisait à être de nouveau heureuse.
Le cri de Kylliane avait été si bruyant que toute la rue l'avait entendue. Même dans le café, tous les clients s'étaient retourné en direction du bruit qui les avait dérangé.

Nolwenn, mal à l'aise à la vue de sa sœur, se cachait honteusement aux creux des bras rassurants de Arnaud.

Voyant qu'elle avait été découverte, Kylliane entra dans le café et se dirigea timidement vers sa sœur et leur ami.

COMATOSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant