XV. UNTITLED

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Lorsqu'ils virent leur fille partir dans la voiture de ce policier inconnu, l'inquiétude qui habitait les parents de Kylliane grandit encore.

Totalement désemparés, ils prirent la décision de contacter la psychiatre de leur fille pour parler avec elle des comportements de plus en plus étranges et terrifiants dont ils étaient les témoins malheureux.

***

Le trajet en voiture n'était pas particulièrement long, mais un silence malaisant s'était installé entre les deux alliés.

L'étaient-ils seulement encore ? Kylliane n'avait de cesse de se remuer cette fâcheuse question dans son esprit.
Pouvait-elle se fier à cet homme, finalement ?

Arrivés devant l'immense manoir qui habitait les pensées de la jeune fille, elle n'attendit aucun mot de la part de son mentor avant de sortir précipitamment du véhicule.
Sans un regard en arrière, elle courut vers la vitre brisée pour pénétrer dans la bâtisse.

L'officier Pilguez l'y suivit à contre cœur.

De jour, l'intérieur était nettement moins terrifiant pour Kylliane. Ou alors était-ce la présence du policier qui la rassurait ? Elle ne savait pas vraiment.
Tout ce qu'elle savait, c'est que maintenant les choses allaient réellement avancer.

- Bon, ma petite, il faut qu'on parle.

L'adolescente fit face à son mentor sans prendre la peine de lui répondre. Elle baissa les yeux et attendit la suite.

- Maintenant qu'on est là, raconte moi comment ça s'est passé ce soir-là. Le soir où ta sœur a été attaquée.

Ragaillardie par les mots employés par l'officier Pilguez, Kylliane se détendit presque aussitôt et se lança dans son récit.

***

Rien n'allait plus pour M et Mme Sweet.

Malgré leur demande urgente et pressante, la secrétaire du docteur Chang n'avait eut de cesse de répondre à ces parents meurtris que la psychiatre était actuellement en congés et que, si la situation était aussi inquiétante qu'ils le prétendaient, ils devraient appeler la cellule de crise afin de rencontrer un médecin de garde.

Devant leur refus de voir un autre médecin, l'aimable secrétaire leur suggéra d'attendre donc deux semaines supplémentaire que la psychiatre qu'ils cherchaient à joindre revienne de ses congés.

Désemparés, ils tentèrent d'appeler leur fille à plusieurs reprises.
Sans réponse de sa part, ils allèrent donc en quête d'informations sur ce fameux officier de police qui était parti avec leur fille.

***

Kylliane et l'officier Pilguez s'assirent à même le sol inconfortable pour qu'elle puisse enfin lui raconter ce qu'il était réellement arrivé ce soir de septembre, quand sa vie avait basculé pour le pire.

Kylliane se lança alors dans le récit de cette journée morbide. Au fil des mots qu'elle employait, des images plus claires parvenaient à son esprit. Plus elle racontait son histoire, plus les souvenirs remontaient à la surface.

Elle expliqua qu'à la fin de son rendez-vous hebdomadaire avec sa psychiatre, sa mère l'avait déposée devant le bowling dans lequel elle devait rejoindre sa sœur et leurs amis.
Mais que, exténuée de sa séance, elle n'avait pas eu le courage d'entrer dans ce lieu de divertissement et avait préféré partir sans avoir vu ses amis.

Elle avait néanmoins prévenu sa sœur par texto qu'elle ne se sentait pas bien et rentrait donc chez elles.

Sur le chemin, elle laissait son esprit divaguer au rythme de ses pas. Elle se sentait démunie, et étrangement triste.

COMATOSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant