XXVIII. LIPS OF AN ANGEL

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Lorsqu'elle parvint à faire quelques phrases simples, les séances de psychomotricité commencèrent. Nolwenn dût réapprendre à coordonner ses gestes, sa motricité fine ayant presque totalement disparu.

Ce fut vraiment très laborieux pour elle, rien que le fait de lever le bras au-dessus de sa tête était presque un supplice.
Elle voulait souvent pleurer de rage mais elle savait qu'elle devait se contenir pour ne pas flancher, pour que son corps puisse se rétablir.

Les médecins lui rappelaient souvent que, puisque sa parole était revenue, il n'y avait aucune raison pour que le corps ne suive pas. Il fallait encore un peu de patience.
Mais ils ne la lâcheraient pas. Ils feraient tout pour qu'elle retrouve toutes ses capacités et l'accompagneraient dans le processus.

***

A force de persévérance, Nolwenn parvenait maintenant à lever les bras, presque droits, au-dessus de sa tête. Elle avait même réussi à bouger quelques-uns de ses orteils pendant qu'elle se concentrait pour réussir l'exercice.

Elle avait trois séances par semaine de trente minutes chacune. Elle était nourrie à la cuillère, soit par une infirmière, soit par sa mère qui était souvent présente à ses côtés.

Maintenant qu'elle s'exprimait clairement, elle recevait de plus en plus de visites. Auparavant limitées à cause de la fatigue que cela aurait pu lui engendrer, ces échappatoires à son quotidien hospitalier étaient salvatrices pour elle.
Il arrivait tout de même que les infirmières soient obligées de se fâcher, et de chasser tout le monde, quand ses amis venaient la voir tous les quatre en même temps. Et, à chaque fois, cela les faisait beaucoup rire.

***

Au bout d'un mois, elle parvenait maintenant à tenir ses couverts pour manger seule. Elle n'avait pratiquement plus besoin d'aide pour couper ses aliments. 

Nolwenn s'appliquait à faire ses exercices avec une telle rigueur qu'elle semblait vouloir battre tous les records.

***

Le plus difficile pour Nolwenn fut de retrouver sa capacité à se mouvoir.

Depuis son réveil, elle n'avait pas pu se lever seule pour sortir de son lit. Elle ne pouvait pas prendre de douche ni aller aux toilettes. C'était une torture pour elle, son esprit était en ébullition constante, prêt à tous les progrès possibles, mais son corps, lui, restait sa seule prison.
Heureusement, elle avait évité les escarres grâce aux soins quotidiens des infirmière et, peu à peu, elle finit par retrouver un semblant de motricité.

Son réapprentissage de la marche fut laborieux.

Pour les besoins de la rééducation, ses séances de kinésithérapie se faisaient à un autre étage et elle devait s'y rendre dans un fauteuil de l'hôpital poussé par une infirmière.

Nolwenn avait beaucoup de mal avec sa condition actuelle. Se sentant encombrante et, surtout, elle détestait ne pas pouvoir se déplacer sans aide.

Elle faisait énormément d'effort pour réussir à passer ce nouveau cap.
Ses séances avaient changé de fréquence. Maintenant, elles avaient lieu deux fois par semaine. Mais elles duraient une heure chacune.

Pendant cette heure, Nolwenn devait réapprendre à supporter le poids de son corps sur ses jambes, elle devait réapprendre à stabiliser son équilibre, à coordonner ses mouvements.
Chaque nouveau pas franchi était une petite victoire pour l'adolescente.

***

Au bout de six longs mois de rééducation générale, après avoir été tributaire de son lit, d'un fauteuil puis d'un déambulateur, Nolwenn pouvait à présent se déplacer avec des béquilles.
Elle se sentait à nouveau libre. Elle était tout aussi vivace qu'auparavant et était comblée de ses progrès.

Quelques jours après avoir marché presque deux mètres sans assistance, ses parents l'informèrent de la décision de Kylliane de se faire admettre en clinique psychiatrique. Ils lui expliquèrent tout ce par quoi sa jumelle était passée et tentèrent de justifier leur mise sous silence. L'adolescente était dévastée. Sa sœur avait besoin d'elle. Elle le sentait.

***

Malgré des demandes répétées, Nolwenn n'avait pas eu l'autorisation de recevoir la visite de sa sœur ni d'aller la voir. Elle ne comprenait pas pourquoi tous ces règlements étaient si stricts mais elle essayait de se persuader que tout cela était fait pour le bon rétablissement des patients.

En réalité, Kylliane refusait chaque nouvelle demande de ses parents ou des soignants concernant sa jumelle. Elle ne pouvait pas lui faire face. Elle ne se sentait absolument pas prête à affronter son double.

Nolwenn progressait à tel point qu'elle eut finalement l'autorisation de rentrer chez elle. Son suivi se limiterai à présent à des séances en centre de rééducation, une fois par semaine.

Elle avait hâte de rentrer chez elle, retrouver son environnement familier, ses parents, sa sœur.

Elles seraient bientôt réunies. Elle le savait.

***

Ce n'était pas le fruit du hasard si les dates de sorties respectives de Kylliane et Nolwenn avaient été programmées le même jour.
Kylliane fut récupérée par leur père. Nolwenn par leur mère. Les parents avaient tout prévu en amont pour que la surprise soit totale pour leurs filles.

Quand les deux voitures arrivèrent simultanément dans l'allée de leur maison, les adolescentes ne se remarquèrent pas tout de suite. Mais lorsque chacune sorti de la voiture, elles s'aperçurent.

Le doux visage de Nolwenn s'illumina dans un grand sourire. Celui de Kylliane resta stoïquement terne et fermé. La première cherchant impatiemment à accrocher le regard de sa sœur, la deuxième l'évitant honteusement.
Lorsqu'elles se firent face, Kylliane resta les bras ballants pendant que Nolwenn la serrait de toute sa force contre elle.

En voyant la non réaction de son double, elle comprit que quelque chose clochait. Silencieusement, elles entrèrent de concert dans la maison.

Une nouvelle vie commençait.

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