VII. IN THE SHADOWS

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Les parents de Nolwenn arrivèrent en catastrophe. Accueillis par les amis de leurs filles, ils cherchèrent à comprendre ce qu'il s'était passé.

Tant bien que mal, les adolescents expliquèrent, le plus précisément possible, tout ce qui avait été dit et fait pendant leur visite à leur amie.

- Ils viennent tout juste de la transférer ailleurs, ils nous ont pas dit où ni pourquoi...

Linda éclata en sanglots tellement bruyants qu'elle rendit tout le monde mal à l'aise.
M. et Mme Sweet remercièrent les jeunes et tentèrent de trouver un médecin auprès duquel ils pourraient se renseigner.

***

Kylliane fit le tour de la maison deux fois mais ne trouva aucune scellée ouverte.
Elle sentait la frustration la gagner.

Comment avait elle pu voir ce qui semblait être quelqu'un si il n'y avait personne ?

Elle scruta une dernière fois les alentours et, ne trouvant aucune nouvelle idée pour entrer dans la bâtisse, entreprit de repartir.

Lorsqu'elle fut dos à la maison, elle se sentie soudain comme épiée. Un regard vers la maison suffit à la rassurer, il n'y avait personne.

Un pressentiment la hantait pourtant. Comme si, si elle n'arrivait pas à pénétrer dans cette vieille bâtisse, jamais elle ne pourrait résoudre le mystère autour de l'accident de sa sœur.

Elle traversa la rue pour rejoindre l'arrêt de bus et, sur le chemin, croisa la route d'un jeune homme à l'allure un peu gauche qui l'observait.

***

- C'est le genre de problème auquel on doit s'attendre avec les patients dans le coma. Surtout que votre fille est dans ce qu'on appelle un coma long et qu'elle ne semble pas pouvoir en sortir. Je sais que cette option n'était pas envisageable le mois dernier mais avez vous songé à la débrancher ?

Mme Sweet se mit à pleurer et son mari sorti de ses gonds.

- Vous avez intérêt à sortir ma fille de là parce que sinon je peux vous assurer que vous allez vous en mordre les doigts ! Il y a des cas de comas encore plus longs dont les patients sont sortis indemnes !

Le médecin leur expliqua qu'il y avait malheureusement encore plus de cas de patients comateux qui ne se réveillaient jamais.
Leur fille occupait un lit qui pourrait servir à un autre patient, à une autre famille.

Surtout que ce n'était pas la première fois que l'état de Nolwenn se dégradait brusquement pour ensuite stagner à nouveau.
Rien ne laissait penser qu'elle se réveillerait. Tout menait à croire qu'elle allait finir par succomber à ces intenses pics qui affaiblissaient son corps.

M. et Mme Sweet ne voulaient rien savoir. Ils ne la débrancheraient pas. Si elle devait partir ils perdraient à coup sûr leur autre fille. Il fallait la sortir de son coma, à tout prix.
Peu importe combien cela allait leur coûter. Peu importe le temps que cela prendrait. Elle devait se réveiller.

***

Kylliane s'approcha du jeune homme et commença à le questionner.
Vivait-il dans le quartier ? Connaissait-il cette maison ? Avait-il déjà vu quelqu'un y entrer ? À l'intérieur ? Savait-il quelque chose à son propos ?

Le garçon fut bien embarrassé de toutes ces questions. Toute la ville était était courant de ce qui était arrivé dans la bâtisse, tout le monde savait aussi à qui cela était arrivé.

Il lui expliqua alors qu'il n'en savait que ce que tous les autres jeunes du quartier en savait : cette maison était abandonnée depuis tellement longtemps que personne ne se souvenait qu'elle ait déjà été habitée. Que parfois elle servait de squat à des personnes en perdition mais qu'avant l'accident de sa sœur il ne s'y était jamais rien produit de dramatique. Qu'il n'avait pas connaissance qu'elle était occupée quand cela s'est passé puisque "nous étions encore en été et que généralement l'été les badauds restent dans les rues".

Rien de ce qu'apprit Kylliane ne l'avançait. Elle senti la fureur monter.

Voyant que le jeune homme l'observait étrangement, elle lui demanda si il n'aurait, à tout hasard, rien d'autre à lui dire. C'est là qu'il lui parla d'un certain officier de police qui pourrait peut-être lui permettre de faire la lumière sur cette affaire.

En remerciant son interlocuteur, elle prit la route du commissariat d'à côté. Il fallait qu'elle sache si ils avaient connaissance de nouveaux éléments.

Quand l'adolescente fut suffisamment éloignée, le jeune homme prit son téléphone et composa le numéro de son collègue et ami. Ils allaient bientôt recevoir la visite d'une jeune adolescente et il fallait que ce soit lui qui la reçoive.

***

À la terrasse de la boulangerie adjacente à l'hôpital, les quatre amis discutaient encore de la scène à laquelle ils venaient d'assister. Par pudeur et respect envers les parents de leurs amies, ils avaient décidé de s'éclipser discrètement.

Ils auraient préféré que tout se passe différemment. Ils auraient même souhaité que Kylliane se montre et les assaille de l'une de ses crises de colère habituelles. Mais il n'en était rien.

À présent, ils ne savaient pas dans quel état se trouvait leur amie convalescente et encore moins comment allait réagir sa sœur à la nouvelle d'éventuelles complications.

Linda était vraiment bouleversée. Elle s'en voulait encore de tout ce qui était arrivé et se mortifiait de ne pouvoir en parler avec son amie. Même si chacun, y compris les parents des jumelles, avaient tenté de la persuadée qu'elle n'était en rien coupable, elle ne pouvait s'empêcher de penser que si elle avait réagi plus tôt, rien ne se serait passé de cette façon.

***

- Comment ça vous ne pouvez rien me dire ?! Vous vous foutez de moi ?!

- Mademoiselle, vous allez baisser d'un ton si vous ne voulez pas que je vous mette en cellule en attendant que vos parents viennent vous récupérer !

- Mais allez-y ! Faites donc, j'entre dans laquelle ?

L'attitude impertinente et insolente de cette adolescente rendait l'officier Pilguez de plus en plus irritable. Cette jeune fille l'exaspérait et pourtant, cette situation l'amusait d'une certaine manière. La détermination de cette enfant était adorable à voir.

- Bon, OK gamine, va t'asseoir je vais voir ce que je peux faire.

Satisfaite, Kylliane se dirigea vers les fauteuils inconfortables de la petite salle d'attente. Elle faisait pianoter ses doigts sur ses cuisses en pensant à sa sœur, ses amis qui étaient sûrement encore auprès d'elle à l'attendre.
Elle se demandait comment allaient les choses à l'hôpital, comment sa soeur vivait son absence aujourd'hui. Se rendait-elle compte qu'elle n'était pas venue la voir aujourd'hui alors que c'était son jour habituel de visite ?
Elle balaya son élan de culpabilité en voyant l'officier de police revenir vers elle, un fin dossier entre les mains.

COMATOSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant