XXXII. NEVER TOO LATE

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Alors que la voiture se garait devant la maison de ses parents, Kylliane aperçu au loin la silhouette de sa sœur qui se dirigeait lentement vers chez eux. Elle remercia et salua rapidement son mentor, promettant de bientôt se voir ou s'appeler, et courut aussi vite qu'elle put à la rencontre de sa jumelle.

- Winnie ! Winnie !!

Nolwenn, qui avançait perdue dans ses pensées, se stoppa net en entendant son nom crié de la sorte.
Quand elle vit sa sœur courir dans sa direction, un profond malaise se fit sentir. Des flashs angoissants s'invitaient dans son esprit. Elle fit tout son possible pour les chasser et afficha son plus tendre sourire.

- Ah Kyllie. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je reviens de chez le flic badass, et je voulais te parler. Et toi ? T'étais où ?

D'un air gêné, Nolwenn détourna le regard quelques secondes. Kylliane ne remarqua pas le malaise qui s'immisçait entre elles et attendait toujours sa réponse.

Nolwenn lui expliqua d'une toute petite voix qu'elle était allée se promener avec leur amie Summer et qu'elle était actuellement un peu fatiguée. Toute cette marche pratiquée était épuisante physiquement pour elle.
Compréhensive, Kylliane invita sa sœur à entrer la première et lui promit, si elle ne dormait pas d'ici là, de venir la voir après qu'elles se soient couchées afin de discuter un peu.

En acquiesçant, Nolwenn passa la porte la première et les deux jumelles furent chaleureusement accueillies par leurs parents.

***

Quand, au bout de deux jours, Kylliane n'eut toujours pas trouvé le temps d'avoir une discussion avec sa sœur, elle commença à se questionner.

Elle avait donné rendez-vous à tout son groupe d'amis dans le square qu'ils aimaient tant.

- Les gars, il faut qu'on parle.

Ses quatre amis se montrèrent toute ouïe et burent les paroles qu'elle débitait à grande vitesse.

Le monologue de Kylliane fut uniquement centré sur Nolwenn et sur l'attitude, qu'elle trouvait étrange, que sa sœur avait adoptée depuis son retour à la maison.
Elle leur expliqua que sa jumelle était comme changée depuis son agression et que, de ce fait, ils se devaient de tout faire pour l'aider à aller mieux.
Kylliane évoqua même un syndrome post traumatique dont Nolwenn pourrait souffrir. Elle avait fait quelques recherches, le "SPT" était fréquent chez les victimes de crimes violents. Et, il ne fallait pas se mentir, elle en avait bavé toute cette année.
D'abord brutalement violentée par sa sœur, puis dans le coma pendant plus d'un an, puis six mois supplémentaires à l'hôpital à batailler pour récupérer ses facultés. Elle avait vraiment dû enduré des choses pas faciles pour elle.

Kylliane était inquiète. Sa Nolwenn était différente. Et ça ne lui plaisait pas du tout.

Le soleil de sa vie s'était éteint. Elle semblait avoir perdu ses ailes. Alors elle devait l'aider à retrouver son air angélique, son énergie solaire et sa vie bienheureuse. Il le fallait. C'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour se racheter.

Ses amis acquiescèrent. Eux également avaient remarqué que quelque chose était brisé dans la vie de leur amie. Et ils étaient ravis que Kylliane les mette à contribution pour aider Nolwenn dans son rétablissement et la reprise de sa vie.

Summer exprima aussi ses doutes concernant la raison véritable derrière la rupture improbable entre Nolwenn et Arnaud.
Kylliane lui expliqua que, de cela, ils pourraient s'en occuper plus tard. Sa sœur allait mal, elle n'avait pas besoin, actuellement, d'une distraction douloureuse comme l'est une histoire d'amour. Elle avait besoin de récupérer sa joie de vivre. Elle devait redevenir cette personne aimante et joyeuse qu'elle était avant.

Décision fut prise.

Dès le lendemain, ils se relaieraient pour tenir compagnie à Nolwenn et lui changer les idées. Lui rappeler quelle genre d'être exceptionnel elle était avant tous ces drames.

De son côté, Kylliane discuterait avec ses parents pour leur faire part de ses inquiétudes. Elle en parlerait aussi avec sa psychiatre, sait-on jamais.

***

Depuis deux jours, tous les membres du groupe d'amis se relayait pour passer un maximum de temps avec Nolwenn et ainsi en apprendre un peu plus sur sa condition psychologique vis à vis de ces mois difficiles qu'elle avait dû affronter.

Nolwenn avait passé la première partie de cette nouvelle journée avec son amie Linda et, maintenant, c'était Pierre-Antoine qui prenait le relais.

Dans le bois qui entourait le lac à proximité de chez elle, elle se laissa aller à la douceur de ce moment et oublia quelques instants les problèmes qui se succédaient dans son esprit.

- Kenji ? Je peux te demander quelque chose ?

Son ami acquiesça et attendit la question que Nolwenn semblait avoir du mal à formuler.

- Est-ce que... Non, je veux dire... Tu sais ?

- Arnaud semble aller bien si c'est ta question. Mais tu connais Arnaud. Il est très réservé. C'est presque impossible de savoir ce qu'il a dans la tête tellement il est discret.

Nolwenn baissa la tête. Elle ne comprenait pas pourquoi tous ses amis s'évertuaient à lui parler de son premier amour qu'elle avait déjà effacé de son esprit et de son cœur.
Tout ce qu'elle voulait, c'état avoir des réponses sur la santé mentale de sa sœur, comprendre si elle allait mieux, si personne n'avait rien remarqué d'étrange chez elle. 
Nolwenn était de plus en plus persuadée que sa sœur n'allait pas mieux. Qu'elle était sur le point d'imploser. Et elle ne voulait surtout pas être présente, cette fois, le jour où ça arriverait.

***

Kylliane, qui avait été invitée à manger de la pizza chez son mentor, n'avait pas lâché son téléphone de tout le repas.
Miguel Pilguez était arrivé à bout de son exaspération.

- Bon. Ma petite si t'avais plus important à faire fallait pas accepter de venir manger avec moi. C'est pas sympa de passer du temps avec moi juste pour grailler à l'œil.

- Hein ?

Kylliane fut surprise du ton emprunté par son mentor. 
Bien sûr qu'elle n'avait pas accepté son invitation pour cette raison. Elle aimait passer du temps avec lui, mais ses pensées étaient sans cesse dirigées vers sa sœur. Elle s'inquiétait de voir que ses amis n'avaient pas progressé avec Nolwenn.
Après avoir rangé son téléphone, elle se fit la réflexion que, finalement, son mentor pouvait aussi bien lui être de très bon conseil concernant son problème sororal.

- Dites, Mad Mig, je peux vous parler d'un truc super important ?

- Seulement si tu arrêtes avec ce surnom débile, on dirait le nom d'une marque de suppositoires !

Après avoir promit de lui trouver un nouveau petit nom plus adapté à sa condition de flic badass, Kylliane se lança dans le même monologue qu'elle avait présenté à ses amis deux jours auparavant.

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