« Je te hais. »
Un sifflement ininterrompu. Du froid sur le front, des brûlures aux poignets.
« Je te hais ! »
Un gouffre dans le cœur. Dans la tête. Des hallucinations, une vie qui s'en allait.
« Je te hais, je te hais. »
C'était comme vivre un rêve éveillé. Ou un entre-deux, un pied dans le sommeil, un pied dans la réalité. On ne savait pas si c'était le début de la fin. Ou la fin du début.
« Je te hais. »
De la douleur.
« Tout est de ta faute. »
Des reflets verts sur les chaînes. Sous la rouille et la crasse, il y avait des yeux, tordus. Ils se fixaient eux-mêmes, de leur couleur improbable.
« Ta faute. »
L'anneau crépitait au doigt. Losange, arabesques, tout éblouissait. Lumière, vent, encore lumière, encore vent. Le souffle hurlait. Il arrachait le pouvoir. Arrachait. Arrachait. Arrachait.
Son corps pendait, malmené. Son ombre ne criait plus.
« Tu as condamné ma vie. Je n'ai pas de vie. »
Mais sa voix résonnait. Elle ne voulait pas partir. Elle était partout.
« Mon destin est écrit. »
Ses mèches s'envolaient, débris de paille dans un chaos de lumière.
« C'est de ta faute. »
Il y eut un hurlement. Hurler. Pourquoi. Le manque d'air, les brûlures, les étaux, le néant. Pleurer. Pourquoi. La perte de sens, la perte de tout, sa perte, à elle.
« Un élu. »
« Ou un maudit. »
Que tout s'arrête. Que la lumière cesse, que la douleur disparaisse, une bonne fois pour toutes.
« Un maudit... »
« Si notre Noble Sauveuse gardait la moindre poussière d'or auprès d'elle, l'extraction ne serait pas efficace. »
Flou. Lumière.
« C'est une réaction étrange, vous en conviendrez aussi... La poussière créerait une sorte de contre-courant, un flux inverse, qui renverrait le pouvoir vers son attraction la plus forte. »
Lumière. Douleur.
« Vers l'Angevert, donc, bien entendu... »
L'anneau. Il sautait sur le doigt comme s'il prenait vie. Plus de terre autour, que de la lumière. Elle bondissait à sa surface.
Les éclats disparurent. Une main se refermait sur lui et tirait. Tirer. L'anneau ne glissait pas. Mal aux mains. Tirer. Il se logeait contre l'os. Deux doigts l'entourèrent, un cri résonna.
Tirer.
L'anneau rebondit. Roula sur les dalles. Le vent le renversa. L'or devenait vert. Blanc. Lumière. Sa surface s'embrasa, il doubla de taille.
Une explosion. En un instant, la lumière annihila tout.
Je ne savais plus ce que ça faisait de ne plus rien entendre. Un silence irréel régnait sur le monde. Un vert lumineux avait remplacé la caverne, les ombres, les chaînes, la machine. Il n'y avait plus rien. Il n'y avait que du vert. Encore du vert.
Puis il y eut un visage. Contre moi. Il souriait, tendait ses grandes mains vers mes ailes. Je le reconnus, bien sûr. Je l'avais toujours connu. Mais j'avais cette sensation étrange, qu'un jour, je l'avais perdu.
Mes petites jambes se plièrent sur un torse, surmonté du visage heureux de Jemelrys.
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L'Angevert - Partie II
Paranormal[Ce résumé contient des spoils sur la Partie I] Utopie n'est plus à portée d'ailes, pourtant Lyruan n'a jamais été aussi troublée. Promue major de l'Armée Blanche, la jeune gradée forme ses soldats sans relâche, la magie de l'Angevert coincée dans...