Chapitre 7 - L'âme derrière la lumière

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Pas de cape. Pas d'insigne. Juste ma chemise blanche, criarde dans la nuit, et mon pas déterminé.

J'avançai.


« J'ai l'impression que tu m'évites. »

Le noir de la pièce devint plus dense. La lumière des losanges lumineux s'atténuait entre mes paumes, collées l'une contre l'autre. Quelque chose brillait bien au-dessus du sol, tremblotait dans l'air. Cela ne ressemblait toujours pas à une personne de chair et de sang, mais je m'en contenterais.

— A ce propos, murmurai-je toujours, de peur que quelqu'un n'écoute à la porte, j'aimerais que tu me fiches la paix.

« Tu avais dit que tu m'écouterais plus souvent. »

— J'ai changé d'avis.

Ce que j'étais en train de faire me contredisait, mais qu'importe. Il me fallait juste une réponse, puis je le ferais disparaître aussi sec.

— Est-ce que tu sais combien de temps il me reste ?

Le vert de la petite lumière était plus sombre, plus calme que ce vert étincelant, qui agressait le regard, même paupières fermées.

« Combien de temps ? » répéta l'autre, dans sa voix en demi-teinte.

— Combien de temps avant le coma rédempteur, lançai-je. Même si je ne le sens pas, je sais que le pouvoir s'amenuise. Donc dis-moi si tu as une idée du temps qu'il me reste.

La lumière trembla, comme secouée par un vent invisible.

— Dis-moi si tu sais quelque chose, insistai-je, fébrile.

« Pardon, mon ange. Je ne comprends pas. »

Non. Il avait toujours eu quelque chose à me souffler, mais pour la deuxième fois de ma vie où je consentais lui prêter attention, c'était là sa réponse ? Perplexe, et remuant sur mon tapis, je déliai ma langue. Je lui détaillai tout. Le principe du coma rédempteur, que j'avais observé chez le Sagevert. Le fait que chaque seconde de pouvoir utilisé devait être payé d'une seconde de coma, à l'instant même où l'utilisation du pouvoir s'arrêtait. Je lui parlai de l'éclair, de mes maintes tentatives pour perdre conscience au cours des derniers mois. Dans la foulée, il sut également pour Pleh, pour la bombe, pour Galliem, même si j'avais l'intuition, au fond, que je ne lui apprenais absolument rien.

Au bout d'un moment, et de nombreuses confidences, je repris un grand souffle. J'eus un instant l'impression d'avoir le cœur plus léger, mais peut-être regretterais-je de lui faire confiance. A nouveau méfiante, je relevai les yeux vers la lumière.

— Je pensais que tu avais compris pour le coma, quand tu m'as conseillé d'aller voir Ang... la Princesse.

« Mon avis ne change pas, rétorqua-t-il, calme. Tu devrais y aller. »

Je baissai aussitôt le regard sur mes pieds.

« Quant à ce décompte qui te tracasse... »

Ce fut comme si une bougie venait de s'allumer dans le noir de mon esprit. Je tendis l'oreille, prête à boire chacune de ses paroles.

« Je ne peux pas lire l'avenir. Je ne sais pas ce qui se passera prochainement, et même si cela m'inquiète... »

Mon visage remontait vers la lumière, attiré par cette lueur venue d'ailleurs, qui grandissait, petit à petit.

L'Angevert - Partie IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant