Chapitre 38

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-On détient Yosuke [t/n] et ses sous fifres, les frères Haitani, Kokonoi Hajime, Sanzu Haruchiyo et Manjiro Sano.

La voix me semblait familière mais trop déformée par le combiné pour être reconnaissable. Mais pour l'instant, mon esprit peinait à réaliser ce que la voix venait de révéler. Kakucho eut le mérite de se reprendre le premier.

-Qui êtes vous ? Déclinez votre identité et on pourra peut-être accepter des négociations.

-On vous les rendra à condition de nous livrer la jeune [t/n], ainsi que trente millions de yens en liquide.

Kakucho me jeta un coup d'œil inquiet. Quand nous avions écouté la conversation de Mikey et de mon frère avant d'être interrompus, Yosuke avait dit qu'il voulait récupérer « quelqu'un » car le Bonten était incapable de « la » protéger.
Kakucho avait compris maintenant qu'ils parlaient de moi. Évidemment.
La voix dans le combiné de téléphone reprit la parole.

-Si vous voulez les retrouver en vie, rendez vous à deux heures et demi du matin sur le toit.

-Deux heures et demi du matin ? chuchota Laurent. Mais ça ne colle pas, je croyais qu'ils voulaient se faire discrets et tout exploser à trois heures ?

-Ça doit être deux groupes d'ennemis différents, dis-je. C'était une très mauvaise nouvelle.

-Il a raccroché, dit soudain Kakucho. Je n'ai même pas eu le temps de négocier un ou deux points.

-C'est vraiment la merde. Ils ne l'ont pas précisé mais ils doivent détenir aussi nos hommes qui étaient avec les Hauts Gradés.

-On s'en fout d'eux non ? soupira Laurent, en se passant une main sur le visage.

Nous étions toujours dans le bar à strip-tease. Les lumières clignotantes permettaient de ne pas être totalement visibles. De toute façon, les gens semblaient plutôt occupés à loucher sur les danseuses.

-On doit sortir d'ici et trouver un nouveau plan. Il est quelle heure ?

Ce matin, tout allait bien. Ma relation avec Mikey s'était bien améliorée, et il montrait enfin des signes d'affection et de protection. Maintenant, sa vie était en danger. Mes nerfs allaient bientôt craquer mais heureusement que je n'étais pas seule dans cette galère.

Nous nous dirigions vers les escaliers pour remonter dans les étages où il y avait moins de monde et de bruit. J'ouvris une porte au hasard et elle desservait sur une chambre vide. Je m'y engouffrai, suivie des deux gars. Kakucho et Laurent me regardaient d'un air inquiet.

-Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ?

-Tu es vachement pâle, s'inquiéta Kakucho. Quand tout sera terminé, tu devrais te reposer pendant au moins un mois pour faire disparaître ces horribles cernes noires.

Au moins je suis assortie à Manjiro maintenant.

-Oui. Je crois que je n'avais pas réalisé le boulot que c'était de faire construire cet endroit et les conséquences de cet acte. À cause de mon idée, nous sommes tous en danger de mort et même que les autres vont peut-être mourir avant en otages.

Laurent faisait les cent pas dans la chambre. Son visage exprimait une telle concentration que je fus étonnée de ne pas voir de fumée sortir de ses oreilles.

-Il faut vite les récupérer. Comment faire ?

-Trente millions de yens... c'est beaucoup. Mais ce n'est pas grand chose comparé à toi. On ne peut pas t'échanger.

-Réfléchis un peu ? C'est qui le plus important entre moi et le Boss ? Arrête de faire le gentleman et sois réaliste. De toute façon, je comptais bien y aller pour leur filer une bonne raclée.

-Koko aurait pété un câble en voyant le prix, commenta Laurent.

-Bon, il ne va pas se plaindre, c'est en partie pour lui qu'on fait ça. Il est quelle heure ? répétai-je pour la deuxième fois.

Kakucho me répondit.

-Deux heures moins le quart.

Laurent me regarda dans les yeux. Pour une fois, il avait l'air de prendre ça au sérieux.

-On n'a pas beaucoup de temps.

-Effectivement. Kakucho et moi, on pourrait aller sur le toit tandis que toi tu y serais mais caché. Tu pourrais prendre l'ennemi dans le dos grâce à ton arme.

-Bonne idée. De plus, on n'a pas fini de ranger le toit : il reste plein de sacs de gravats empilés. Je peux grave me cacher derrière.

-Ouais. Mais il faudrait que tu y ailles vachement en avance pour être sûr que tu arrives avant eux.

-Je sais. Je peux même y aller maintenant ?

-Non. Notre plan de secours vient à peine de voir le jour et il a plein de défauts. On doit être parés à toutes éventualités.

Nous parlions encore jusqu'à ce que la seconde heure du matin sonne.

-Bon, soupira Laurent. Je vais y aller, il vous reste une demi heure à peu près. 

Et il s'en alla. Kakucho et moi restions muets avec le visage grave. Il prit la parole pour détendre l'atmosphère, sans toutefois me regarder en face. Je me rendais bien compte que quelque chose n'allait pas pour fuir mon regard ainsi.

-Ne t'en fais pas. Je te promets que tout se terminera bien. On va les ramener. Et puis j'ai promis à Mikey que je te surveillerai.

-Il y a quelque chose qui cloche mais je ne sais pas ce que c'est. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, ça m'énerve.

-On commence à y aller ? proposa-t-il.

Déjà deux heures et quart. Le temps passait si vite quand on voulait qu'il passe lentement mais passait lentement quand on ferait tout pour qu'il accélère. Logique.

Je sursautai. Un éclair venait de déchirer le ciel en deux, et la pluie tomba pour saluer le caractère sombre de cette soirée.

Oh merde.

La pluie.

Nous avions rendez-vous sur le toit.

-Putain, mon eye-liner n'est pas waterproof.

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Kakucho ouvrit la porte qui donnait sur le toit et passa le premier avec la mallette remplie de gros billets. De gros faux billets. (Koko les avait fabriqués au cas où, paré à toutes éventualités)

Je tentais de deviner où s'était caché Laurent parmi les piles de sacs mais je n'y arrivais pas, puisque le spectacle le plus choquant se déroulait sous mes yeux. Je compris enfin ce qu'il clochait. Mikey et les autres n'avaient pas pu être pris en otage si facilement en étant aussi nombreux. Et l'homme au téléphone, comment avait-il eu le numéro spécial seulement connu par le Bonten ? Il aurait fallu que Mikey, Sanzu et Koko baissent leur garde, ce qui est impossible. À moins qu'ils s'étaient alliés avec leurs assaillants avant que ceux-ci ne les trahissent.

Mon frère se tenait debout face à toi. Pas ligoté non. Au contraire, il tenait fermement la nuque de Mikey dans sa main avec un flingue sur sa tempe. Il avait fait croire à son kidnapping.

-Salut, sœurette.

Mikey x Reader /spécial Bonten/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant