Mikey x Reader /spécial Bonten/

Chapitre 18

-Yosuke ? dis-je. 

Il leva la tête vers moi. Quand nos regards se croisèrent réellement pour la première fois, aucun doute n'était plus possible. C'était lui, j'en étais sûre. Yosuke aussi me reconnut. Un blanc gênant s'étira entre nous, brisé par la vendeuse qui revenait avec de nouveaux produits.

Prise de panique, je m'enfuis dans la rue, bousculant au passage des habitants venus profiter de leur dimanche. Je retournai à la voiture et démarrai en hâte. Je l'entendis appeler mon nom mais je ne me retournai pas. Les conséquences de cette rencontre fortuite seraient irrémédiables si je m'attardais là bas.

Consciente que quelqu'un pouvait me suivre, je ne pris pas le chemin du QG. Je ne sais pas exactement où je roulais, mais quand j'arrivai au temple, j'avais semé mon frère, et il n'y avait pas un chat.

C'était ce même temple qu'utilisait Mikey à l'époque du Toman première génération pour ses réunions. Les souvenirs remontèrent, mais je ne les laissai pas me submerger. Je devais plutôt essayer de me sortir de là. J'attendis une petite demi-heure, au cas où quelqu'un me suivait quand même, mais personne ne vint et je retournai à la voiture ; elle cala. J'avais beau démarrer, impossible, elle n'avait plus d'essence.

-Saleté de bagnole ! criais-je.

Comment était ce possible qu'une voiture de luxe, spécialement préparée pour les missions du Bonten, n'avait plus d'essence ? En rentrant, je ne manquerai pas de me plaindre. Mais pour le moment, j'appelai plutôt Sanzu pour venir me chercher avec mon téléphone du boulot.

- C'est drôle, je n'aurais pas pensé que tu m'appellerai en premier dans cette situation, ricana-t-il.

Moi même je m'étonnai. Mais ce n'était pas le moment alors je le pressai de se dépêcher de venir. Une fois que j'eus raccroché, je m'assis à la première marche desservant le temple, en me rongeant les sangs. Est-ce que je venais de tout faire capoter ? De toute façon, ce n'était qu'une coïncidence, je ne vois pas comment j'aurais pu empêcher notre rencontre. Surtout que je devais le voir, demain, et maintenant qu'il m'avait reconnue, peut-être que tout tombait à l'eau.

Je me souvenais encore des jours où Yosuke rentrait à la maison recouvert de bleus, et me racontant ses méfaits avec son gang. J'étais émerveillée. C'est d'ailleurs lui qui m'a donné l'envie de mettre sur pieds le mien propre. Alors le jour où il n'est plus jamais revenu, ça m'a fait mal. Cette douleur m'a forgée, et la solitude familiale que j'ai vécu le reste de mon adolescence m'a profondément marquée. Je ne m'entendais pas avec mes parents. Ils pensaient que j'allais partir, comme mon frère. Et c'est ce que j'ai fait.

Je broyais encore du noir quand Sanzu arriva en voiture.

-On laisse ta voiture ici, j'ai demandé à un gars de venir la chercher.

J'acquiesçais sans réfléchir. Je montais plutôt à côté de Sanzu sur le siège passager.

On repartit dans l'autre sens, et j'entrepris de lui raconter ce qu'il s'était passé. Étrangement, il resta silencieux. Je m'attendais plutôt à une explosion de rage ou quelque chose comme ça. Cela n'annonçait rien de bon. Il dit seulement :

-On verra.

Aussi peu de mots dans la bouche de Sanzu me stressait au plus au point. Le reste du trajet se déroula en silence.

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-D'accord, dit Mikey.

Les garçons voulaient vraiment ma mort ! J'avais besoin de savoir si j'avais fait quelque chose de grave. Leur avarice de mots ne m'aidait pas.

-Est-ce que ça va faire capoter le plan ?

-Il va falloir changer de trois choses, effectivement, murmura Koko.

Je m'effaçai de gêne dans le canapé, la tête dans les mains.

-Je ne pense pas que ça soit si grave, je pense plus que ça nous est bénéfique, dit Kakucho.

-Comment ça ? répondis-je.

J'avais envie de sauter à son cou pour le remercier de prendre ma défense.

-Si Yosuke [t/n] l'a reconnue aujourd'hui au premier coup d'œil, si il l'avait vue demain entrain de servir le poison, il aurait tout de suite remarqué la supercherie. Donc, autant pour nous. Cette rencontre impromptue nous a empêché de faire une bêtise.

-Le raisonnement est correct... avoua Mikey.

Une vague de soulagement m'emplit, vite remplacée par de l'inquiétude.

-Comment on va faire maintenant ?

-Je pense qu'il vaut mieux mettre le poison dans les bouteilles directement et laisser les employés de l'hôtel innocents les servir, proposa Koko.

Sanzu s'exclama, incrédule :

-Comment on fait, nous ? Je te rappelle que nous aussi devrons boire pour e pas attirer les soupçons.

-Je peux tout à fait ingurgiter l'antidote au préalable.

C'est Mikey qui venait de parler. Était-ce mon imagination, mais il s'impliquait de plus en plus dans les réunions. Il était plus présent. Sanzu lui répondit, non sans paniquer :

-C'est trop dangereux ! On ne peut pas se permettre de tels risques.

-J'ai pris ma décision. On va faire comme ça.

Comme pour clore le débat, il s'était levé pour sortir de la pièce.

-Mais...

-Pas de discussion. Et,-il se tourna vers moi-, tu viendras avec moi à la réunion après avoir empoisonné les bouteilles. C'est toi aussi qui prendra les antidotes, pour me soigner, et pour faire chanter nos ennemis.

Et il partit, sans rien dire d'autre, me laissant avec mes vagues de panique.

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La nuit fut courte, comme si l'univers entier me narguait pour m'empêcher de me reposer. Quand enfin, mes yeux somnolaient, les premiers rayons du jour perçaient mes paupières. De rage, je jetai mes coussins à travers ma chambre pour me défouler, avant de remarquer que Kakucho se tenait sur le seuil.

-Désolé... je voulais te chercher pour qu'on puisse partir plus tôt que les autres, étant donné notre mission... mais apparemment tu étais encore en train de dormir, mais en pleine forme.

Je sentis de la chaleur sur mon visage, et avant qu'il ne puisse voir que je rougissais de honte, je courus dans ma salle de bain pour me débarbouiller. Quinze minutes plus tard, je ressortis fraîche et proche, ma dignité presque retrouvée.

-Allez on se dépêche !

-J'arrive.

Il était très tard, j'avais dormi toute la journée. La nuit n'était pas encore tombée néanmoins. Les somnifères que j'avais pris étaient très puissants !

Le lieu de rendez vous était à l'autre bout du pays, et moi et Kakucho devions y aller en voiture, contrairement aux autres qui y allaient en avion.

On est parti du QG vers 16h. À ce moment là, je ne me doutais pas encore de ce qu'il allait arriver.