Chapitre 27

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La balle me transperça le ventre d'un coup. La douleur ne vint qu'après l'étonnement et la peur de mourir. Elle vint même après la chute de mon corps sur le sol, que je n'avais remarqué qu'une fois que les garçons s'accroupissaient autour de moi.

Sanzu avait abattu tous les hommes présents dans la pièce hormis les membres du Bonten. Mikey, Mikey... son regard fixait ma blessure à l'abdomen. Le sang s'échappait en dessous de moi en une flaque dégueulasse de rouge. Tous les autres se tenaient tout près, sur les genoux.

-Reste éveillée, on a appelé notre médecin, il va arriver rapidement alors s'il te plaît, ne meurs pas, disait Rindou.

Ses yeux étaient drôlement humides. Je n'arrivais pas à réfléchir calmement.

-Ok...

Ran faisait les cent pas dans le couloir pour monter la garde, probablement. Koko mettait ses genoux sous ma tête pour la relever. Ses mains froides soulevaient mon menton en arrière.

-Est-ce que je vais mourir ?

-Non.

Toutes les têtes se tournèrent vers Mikey, qui venait de parler. Il se tenait droit, les bras le long du corps, les mèches blanches tombant devant ses yeux noirs, encore plus sombres que d'habitude... ou alors était-ce mon imagination ?

-Si tu meurs aujourd'hui... comment je pourrai vivre ? Je...sombrerai pour de bon...je vais... c'est...

Il paraissait sur le point de tomber dans les pommes. Kakucho le remarqua aussi, car il s'écria :

-Boss ! Aidez moi à stopper l'hémorragie ! Nos hommes ont pris possession du bâtiment, nous ne craignons plus rien. Mais [T/p]...!

-Les gars, je-

-Ta gueule ! s'écria Sanzu. Tu ne vois pas qu'on essaye de te sauver la vie ? D'ailleurs si tu en réchappes, tu auras une dette envers nous tous !

Je me dis que si j'y passais, je reviendrais les hanter. Mikey se pencha finalement sur moi et pressa doucement une bout de tissu propre sur ma plaie. Il évitait de me regarder en face.

-Je m'étais promis... de te protéger... mais comme d'habitude... en vain...je n'arrive même pas à pleurer.

Je ne sentais plus les doigts. En tout cas, ils étaient très engourdis.

-Mikey...

-Ferme là, on t'a dit. Tu vas aggraver ton cas, disait Rindou.

-Mais...

-Chut.

Je fermai la bouche pour de bon. Si ça pouvait leur faire plaisir de ne plus m'entendre gémir de douleur ! Le problème, c'est que je m'inquiétais plus pour Mikey que pour moi. Si je perdais la vie, plus rien ni personne ne pourrait le sauver. Même Takemichou et compagnie, malgré tous leurs efforts.

À présent, ce sont mes jambes qui me faisaient défaut. Elles ne bougeaient plus. Je voulais paraître forte, mais la douleur lancinante de la plaie ouverte semblait me faire perdre tout contrôle. Des larmes coulèrent le long de mes joues. Comme j'étais déçue ! J'avais aussi peur, mais je ne voulais pas le montrer...

-J'ai mal...

Mikey eut un infime sursaut de panique. Personne ne le remarqua, hormis moi qui était en contact physique avec lui. Je lui souris, en fermant les yeux, comme pour le rassurer et le réconforter ; mais malheureusement il parut plus triste encore.

Le médecin du Bonten arriva. Il avait les cheveux mi-longs blonds sable, le yeux bleus gris et des lunettes fines cerclés d'or.

-Te voilà enfin ! Elle est aux portes de la mort !

-Bouge. Laissez moi passer tous et sortez de cette pièce. Même vous, Boss, dit le médecin.

-Hors de question.

-Bon, de toute façon, je n'ai plus le temps. Ou plutôt, c'est elle qui ne peut pas attendre.

Les autres Hauts Gradés sortirent du bureau maculé de sang. Le soigneur me souleva pour me mettre sur une table en bois, pour ne pas que mon sang ne se mélangea avec celui des hommes morts tués par Sanzu.

Le médecin ouvrit ma chemise d'un coup et examina la blessure.

-Désolé mademoiselle pour votre chemise, je vous en rachèterai une.

C'est à peine si ses mots me parvenaient. Mon ouïe et ma vue commençaient à se brouiller. Lorsque mes paupières se fermaient un court instant, je voyais de magnifiques rosaces multicolores qui se transformaient et bougeaient graphiquement. C'était beau, alors l'envie de fermer les yeux encore une fois me démangeait.

-NON ! Ouvre les yeux, ne tombe pas dans les po-....

Et puis plus rien.














Le Soleil perçait les nuages à l'horizon. Il se levait ? Non, il disparaissait à vue d'œil dans le lointain. Le ciel était rouge sang.

Sang.

Les souvenirs revinrent d'un coup. Le kidnapping, Mikey, Sanzu, la fuite, Laurent, Mikey, le plan, Koko, les escaliers, la réunion, Mikey, le tir, le sang, le médecin, Mikey...

Mikey, qui m'avait tenu la main tout le long de l'opération d'extraction de balle. Qui avait tout regardé, même mes organes à découvert. Qui noircissait ses cernes à force de s'inquiéter, de plus dormir. Ne plus dormir.

Alors que faisait-il là, assis à côté de mon lit d'hôpital, la tête dans les draps ?
Les draps mouillés. Les fleurs posées sur une table de chevet. Une horloge, qui désignait 21h37. La fenêtre, la porte, les rideaux blancs. Ma vue ne me faisait plus défaut. À présent, les détails de la chambre m'apparaissaient normalement.

Je n'osais pas bouger de peur de réveiller Mikey. Alors que lui, devait avoir tout fait pour me sortir du sommeil...

-Mikey ?

Ma voix était de celle qui n'avait pas été utilisée depuis plusieurs jours. Grave, rocailleuse, et douloureuse. Je sentis enfin les séquelles.

Mon ventre sembla protester contre le retour à la réalité et j'eus un soubresaut de surprise. Ce qui réveilla aussi Manjiro.

Il leva la tête avec une telle violence qu'il aurait pu avoir un torticolis. Il parut surpris de me voir les yeux grands ouverts, puis paniqué, content, et enfin sérieux et froid.

-Teru.

Je fus étonnée de ne pas l'entendre prononcer mon nom. Mais à la vue du médecin, je compris qu'il s'appelait ainsi, expliquant la priorité de ma santé à celle des effusions de joie.

Il accourut en tenue blanche, comme celle des chimistes dans les films américains. Teru me fit passé un rapide examen, puis après m'avoir posé deux milles questions concernant mes ressentis, il se tourna vers Mikey, échangea un regard entendu, puis vers toi.

-J'ai quelque chose à t'annoncer.

Mikey x Reader /spécial Bonten/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant