Chapitre 21

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Tout était noir autour de moi. Enfin, jusqu'à ce que je me rende compte que mes yeux étaient bandés, ma bouche bâillonnée. L'adhésif qui nouait mes poignets et mes chevilles sur une chaise me grattait.

Alors c'est ça, se faire kidnapper ? Pas vraiment aussi stylé que dans les films.

Le scotch me piquait la peau, l'assise aurait pu être plus confortable si elle n'avait pas été en bois, et l'hématome sur ma tête, là où mon kidnappeur m'avait assommée, me faisait un mal de chien.

Je ne savais pas combien de temps je restais là, ni pourquoi personne venait me voir pour parler échange. Les courbatures dans mon fessier indiquaient que j'étais là depuis longtemps déjà.

Et surtout, je me demandais comment allait Mikey. La dernière fois que je l'ai vu, c'était à la réunion qui avait tournée au désastre.

À cause de moi.

Cette pensée me hantait sans me laisser de répit. Par ma faute, ses négociations avec les autres chefs de gang étaient nulles. J'étais devenue un otage, qu'Amane Kasumioji n'hésiterait pas à échanger contre tout l'argent gagné. Mais est-ce que Mikey prendrait la peine de venir me chercher ?

Oui. Il viendra.

Ou peut-être pas ?

Quelqu'un ouvrit un porte. Cette personne déposa ce qui me semblait être un plateau de nourriture par terre, défit mes liens et enleva mon bandeau ainsi que mon bâillon.

Après que mes yeux se soient habitués à la lumière d'une ampoule nue, je vis l'homme en question.

-Bonjour.

-Combien de temps suis-je restée ici ?

-Bonjour d'abord non ? Mais avant de parler, mange. Ça fait 10 heures que tu es dans les vapes tu dois avoir faim.

Mon ventre émit un gargouillis gênant. Je me penchais vers le plateau et mangeai la purée en deux secondes, sans le quitter du regard. Je n'avais pas remarqué à quel point j'avais faim.

-10 heures ? Je ne suis pas fragile à ce point pour m'évanouir autant de temps au cause d'un coup de crosse...

-On t'a administré un sédatif. Au fait je me suis pas présenté comme il fallait. Je m'appelle Laurent.

-Ce n'est pas... japonais.

Maintenant qu'il le disait, ses traits semblaient moins typés que la normal.

-C'est vrai. Mon père n'est pas d'ici. Mais trêve de bavardage, je ne suis pas venu parler de ça.

Il s'assit en tailleur. Je profitais de son silence soudain pour examiner la pièce où je me trouvais. Simple à en mourrir.  La minuscule fenêtre à barreaux ne permettait pas de voir où se situait ma prison. Les murs en pierre, étaient glauques à souhait et la seule porte donnait sur un couloir sombre. Laurent se mit à parler.

-On a fait quelques recherches sur toi. On a découvert pleins de trucs intéressants... apparemment tu es la sœur de Yosuke [t/n], présent à la réunion. Tes parents travaillent dans une boulangerie mais vous avez coupé les ponts avec eux quand vous vous êtes lancés dans la création d'un gang. Tu étais à la tête du tien de tes 14 ans à tes 25, puis tu laissas tomber pour entrer au Bonten, même si tes hommes semblent encore tenir à toi. Tu avais le soutien de ton frère et de son Gang qui était plus puissant que le tien. À l'époque tu entretenais une bonne amitié avec le Tokyo Manjikai et Manjiro Sano. Vos deux gangs étaient en bon terme et s'entraidaient de temps en temps.

Je préférais restée silencieuse. Néanmoins, tout ce qu'il a dit est vrai.

-Vers tes 20 ans, ton gang se reconvertissait dans le blanchiment d'argent. La grande [t/p] [t/n] dans toute sa splendeur.

Il tendit les mains vers moi comme pour me présenter à un public invisible.

-Qu'est-ce que tu me veux ?

-Même la prisonnière ne me respecte pas... soit tu sers de monnaie d'échange une deuxième fois avec le Bonten, soit tu te rallies à notre cause et ce serait vachement cool, soit... on te tue on ne sait pas encore.

-Vous me préviendrez quand vous aurez choisi ?

-T'inquiète pas, tu seras la première au courant...

Il me prit délicatement le menton entre ses doigts pour mieux me regarder. Il était plutôt beau dans la moyenne, ses cheveux noirs contrastaient avec ses grands yeux bleus dans un parfait mélange d'origines. Je voulais lui cracher à la figure, mais j'avais peur d'aggraver ma situation : je ne savais pas quel poste occupait ce Laurent. Cracher sur le vice-chef ne jouerait pas en ma faveur, par exemple.

Soudain un téléphone sonna. C'était celui de Laurent, qu'il décrocha immédiatement.

-Allô, Chef ? ... D'accord. Très bien à tout à l'heure chef.

-Il se passe quelque chose ?

-T'occupe.

-Justement, ça me concerne non?

-Perspicace celle là. Ou terriblement égocentrique ? Bref, ton Manjiro Sano chéri a demandé une entrevue pour te récupérer. Il tient à toi on dirait...

Il planta ses yeux azurs dans les miens pour m'évaluer. Il me salua sans répondre à mes questions pressantes et sortit de la pièce en éteignant la lumière.

Mille pensées occupaient mon esprit : où, quand, comment Mikey viendrait me chercher ? Est-ce que l'autre kidnappeur à la noix me laissera partir ? Sinon, qu'adviendra t il de moi ?

Je n'avais plus peur à présent. Le fait de savoir que Mikey n'avait pas attendu longtemps pour moi me remontait le moral.

Il me semblait réfléchir pendant des heures, et peut-être que c'était le cas, car le sommeil reprit le dessus malgré la nuit de 10 heures à cause des sédatifs.

J'eus un sommeil agité, avec des ombres mouvantes dans les coins sombres de ma cellule, qui avaient des yeux bleus et un sourire carnassier...

Puis je fus brusquement arrachée de ce cauchemar.  Il me fallut deux secondes pour voir qu'il y avait deux autres personnes dans la pièce. Une seconde pour reconnaître Laurent, l'air désolé, et un autre homme. Quelqu'un que jamais je n'aurais imaginer trouver là.
Sanzu Haruchiyo.
Ligoté comme toi et me fixant avec mépris et admiration en même temps. Je soupirai d'un coup et m'écriai :

-Mais qu'est-ce qu'il se passe encore bordel ?

Mikey x Reader /spécial Bonten/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant