9- Sybille

140 30 0
                                    

Je n'aurais pas dû utiliser notre passé commun pour le rembarrer, j'avoue que c'était un coup bas

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Je n'aurais pas dû utiliser notre passé commun pour le rembarrer, j'avoue que c'était un coup bas. Mais à force d'être assaillie par ses brimades tout au long de la semaine, il m'a fallu riposter. Il sait qu'en utilisant ce surnom débile dont tous les élèves m'affublaient au lycée, il va provoquer une réaction de ma part. Il a commencé en voulant utiliser contre moi mes propres angoisses et mes complexes. Mais il est prévenu maintenant. Je ne me laisserai pas faire. S'il est trop con pour ne pas réussir à m'ignorer, il aura une adversaire à sa taille.

Furieuse sur mon canapé, je termine ma barre chocolatée et Arthur son café. On doit retourner auprès du groupe, qui est sûrement installé maintenant, pour commencer les réglages. Mon tuteur m'annonce qu'il descend dans la fosse pour échanger avec les musiciens pendant que je suis en autonomie dans l'aquarium. Il va me donner les consignes par talkie walkie. Je me souviens de mon frère, perché dans l'arbre du jardin des parents, tentant de communiquer avec la fille des voisins qu'il trouvait drôlement sexy. Cela ne lui ressemblait absolument pas, lui qui était plutôt du genre à rester des heures derrière un livre. Il était tombé et s'était fracturé le bras, ce qui avait finalement permis son rapprochement avec Leslie, qui venait le voir tous les jours.

Ce souvenir m'arrache un sourire, et c'est reboostée que je m'installe derrière la console. Avant de sortir de la pièce, j'avise l'ingé son empreint d'agitation. Alors qu'il ne m'a plus regardé depuis les propos de Loup, je me décide à prendre la parole pour briser la glace.

— Désolée pour ce qu'il a dit sur toi. C'était totalement déplacé, et en aucun cas contre toi. On a un passé, lui et moi. Je ne savais pas qu'il bossait ici quand j'ai postulé pour mon stage et il ne semble pas enclin à m'ignorer.

— Ce n'est rien, je t'assure, répond-il d'un ton amical. Je ne veux juste pas que tu te méprennes sur mes intentions. Peu le savent ici mais je suis gay. Je te demanderai juste de ne pas l'ébruiter. Je ne m'en cache pas mais je ne veux pas que ça devienne le sujet de discussion des pauses café.

— Oh... Je ne savais pas, balbutié-je, prise au dépourvu. Pas de problème. Merci de me l'avoir dit.

— C'est normal, je veux que tu te sentes à l'aise et que ton stage se passe bien. Les talkies sont réglés sur le canal quatre, trente-trois. Tu sais les utiliser ? s'enquiert-il quand je fais un mouvement de tête affirmatif. Super, à tout de suite.

Il quitte la salle, me laissant seule derrière la table de mixage. Nous passons l'heure suivante à effectuer les différents réglages de chacun des micros. Le groupe sait exactement ce qu'il veut comme effets pour leurs chansons dynamiques, et nous laisse plus diriger les choses sur les deux ballades qu'ils joueront en milieu de concert. Arthur va et vient entre la salle et l'aquarium, pour s'assurer que je gère bien ce que je fais. Lorsque le second groupe arrive, nous travaillons toujours de la même façon, et je constate avec plaisir qu'il espace ses allers et retours. Il y a encore un grand nombre de fonctionnalités que je ne maîtrise pas sur cette console, mais mon tuteur prend le temps de me guider par talkie plutôt que de monter pour le faire à ma place.

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant