25- Sybille

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Debout face au miroir de ma salle de bain, je scrute mon reflet à la recherche de réponses

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Debout face au miroir de ma salle de bain, je scrute mon reflet à la recherche de réponses. Mais comment en suis-je arrivée là ? Les poches violettes sous mes yeux ne sont plus des cernes à ce stade, mais des abîmes sans fond. Depuis combien de temps exactement n'ai-je pas fait une nuit complète ? C'est donc cela qui m'attend pour les quarante prochaines années ? Une allure de zombi ? Et je ne parle pas de la zumba qui a lieu dans mes intestins en raison du stress de cette semaine.

Alors que je me dirigeais lundi vers le bureau de Madame Duval pour refuser cette proposition, Arthur a mis à mal tous mes arguments. Par je ne sais quel procédé magique, il s'est insinué dans mon cerveau pour me faire dire ce qu'il voulait face à ma responsable.

— J'accepte.

Les yeux exorbités en entendant la connerie monumentale qui sortait de ma bouche, j'ai plaqué mes deux mains dessus. Mais cela n'a pas suffit pour réprimer mes propos et l'éclat de rire qui a retenti face à moi m'a confirmé qu'elle avait bien assisté à toute la scène. Voilà donc comment je me suis retrouvée à gérer tout un concert sans vraiment le vouloir.

Je pense que même un ministre n'a pas un emploi du temps aussi chargé que le mien. Avec des répétitions calées à chaque créneau de libre que je pouvais trouver, en combinant mon emploi du temps avec pas moins de quinze autres, je n'ai pas eu une minute à moi. Grâce et Fred m'ont soutenu du mieux qu'ils pouvaient en étant présent à mes côtés à chaque fois qu'il leur était possible de le faire. Durant les quatre derniers jours, les quatre murs qui m'entourent dans cette salle de concert me sont devenus si familiers que je ne sais plus à quoi ressemblent ceux de mon appartement.

Nous avons terminé les répétitions hier soir, ou plutôt tôt ce matin dans une euphorie grandissante. Et ce ne serait pas honnête de dire que je regrette ma décision. Avec le recul, cette semaine aura été extrêmement riche professionnellement parlant pour moi. Sans compter l'aspect humain qui a pris une part non négligeable dans mon travail. Au Drakkar, je ne me rendais pas compte de ce pan relationnel. On ne parle essentiellement que de technique et de rendu sonore avec les musiciens. Tout ce qui relève du social est le domaine de Loup.

Loup... Cela fait plus d'une semaine que je ne l'ai pas vu. Il est vrai que je n'ai pas beaucoup eu de temps pour penser à lui ces derniers jours. Mais alors que je me pose enfin ce matin, je ressens un petit pincement au cœur en pensant que je ne partage rien de tout cela avec lui. Depuis le message que j'ai reçu de lui samedi, j'ai pris l'habitude de tous les lire. Mais je n'ai pas encore trouvé le courage de lui répondre. Je ne veux pas passer pour la fille dépendante, et je n'ai, à vrai dire, toujours pas totalement digéré les propos que j'ai entendus sur le palier de son appartement. Je découvre donc ses messages qui parlent de tout et de rien, qui parfois me rendent mélancolique ou qui me font rire sous cape. Il évite soigneusement de me demander les raisons de mon absence, ce dont je lui suis reconnaissante.

Je finis de m'apprêter, je tente de me maquiller les yeux pour détourner l'attention des imposantes cernes qui ornent mon visage et je file m'habiller. Dans la poubelle de ma chambre gît le jean que j'ai enfilé la semaine dernière, n'ayant pas réussi à retrouver le mien dans le taudis qui sert de tanière à mon Loup. J'avais l'intention de le brûler lors d'un rituel satanique avec ma meilleure amie mais les circonstances ont fait que je me suis retrouvée à la plage ce soir-là et que ce fichu pantalon squatte toujours le fond de la corbeille.

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