28-Sybille

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Cela fait des semaines que j'attends de ses nouvelles et quand il se manifeste enfin, c'est pour me dire ça ? Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer

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Cela fait des semaines que j'attends de ses nouvelles et quand il se manifeste enfin, c'est pour me dire ça ? Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer... J'enfouis mon téléphone au fond de mon sac en espérant oublier momentanément cette désagréable intrusion. Là où il est, il peut bien attendre encore quelques minutes. Je finis par trouver mon porte-monnaie d'où je sors un billet de dix euros. Quand je relève la tête pour voir où se trouve mon ami, je le découvre à jouer les jolis cœurs, accroché au comptoir. Mais comment a-t-il fait pour se retrouver là si vite ? Ce mec m'étonnera toujours. A mon tour de me frayer un chemin parmi la masse humaine serrée comme des sardines. Je prends une grande inspiration et ...

— Pardon... Excusez-moi... Pardon... Désolée... C'est juste pour...

Rien ne sert de se justifier dans ces cas-là. Les gens ne croient que ce qu'ils veulent et dans le cas présent, ils sont juste persuadés que je tente de tous les doubler. Comme si ma vie ne tenait qu'à un paquet de chichis.

Comme un effet de masse, j'ai l'impression que tous les clients se sont resserrés les uns contre les autres, créant une barrière humaine entre moi et Fred. Je ne peux plus avancer et il est encore trop loin de moi pour que je puisse l'atteindre. Je fais alors ce que ma mère faisait quand j'étais petite pour attirer l'attention de quelqu'un et qui me faisait si honte. Je détestais que tous les regards se tournent vers moi, et je le déteste encore. Mais c'est soit ça, soit on ne pourra pas payer nos gourmandises.

— Fred ! Houhou, Fre-ed ! appelé-je en agitant le bras bien haut au-dessus de ma tête tout un tenant bien fermement le billet dans ma main.

Il finit par me remarquer. Il n'a qu'à jouer des sourcils en lançant un sourire charmeur à la ronde et les personnes qui nous séparent l'un l'autre s'écartent comme par magie.

— Six euros, s'il te plaît, m'annonce-t-il en me tendant le paquet de fritures sucrées.

Il attrape mon billet et je m'engouffre au milieu de la foule en rebroussant chemin avec mon précieux trésor serré solidement entre les mains. Je me tiens en retrait, guettant la gueule d'ange de mon meilleur ami qui récupère sa monnaie, quand mon regard s'attarde sur une inscription au feutre noir sur le sachet en papier. Je n'ai pas le temps de le déchiffrer que deux mains s'abattent devant mes yeux, m'aveuglant momentanément.

— Qui c'est ? me questionne une voix grave mais déformée.

Après m'avoir faite sursauter, j'éclate de rire devant la tentative ratée d'intimidation dont je fais l'objet. J'attrape une main que j'abaisse avant de me retourner vers cette personne chère à mon cœur.

— Hello ma série, murmuré-je dans un souffle.

— Hello, toi, me répond-elle en plongeant son regard dans le mien.

Ma meilleure amie m'attrape les joues dans le creux de ses paumes froides. Le contraste entre cette fraîcheur et la chaleur qui se dégage du sachet en papier dans mes mains m'envoie un frisson qui me parcourt le corps. Je ferme les yeux en la laissant frotter l'extrémité de son nez gelé contre le mien, partageant cet instant de douceur avec elle. Instant éphémère interrompu par l'assaut du dragueur fou.

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant