36-Sybille

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La respiration régulière de Loup emplit ma chambre

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La respiration régulière de Loup emplit ma chambre. Je voudrais lui substituer un peu de sa sérénité pour pouvoir m'endormir à mon tour. J'ai parlé avec mes parents hier et leurs mots, mes maux, ne cessent de se répéter en boucle dans mon esprit. J'ai la désagréable impression que je vais subir ma seconde nuit blanche d'affilée.

Quand je ferme les yeux, je revois le visage de ma mère se décomposer sous la surprise. Ils n'ont pas nié. J'ai été adoptée, il y a de ça vingt-et-un ans, sept mois et vingt-sept jours. Oui, j'ai compté. Je vis dans un mensonge depuis vingt-et-un ans, sept mois et vingt-sept jours. Je ne nie pas avoir reçu de l'amour, je n'ai jamais manqué de rien et mes parents n'ont jamais fait de différence entre moi et mes frères. Ce que je déplore, c'est qu'ils ont pris cette décision, me cacher mes origines, sans me demander mon avis. Ils m'ont caché cette information, mon adoption, soi-disant pour mon bien. Mon bien, je suis la seule apte à juger où il se trouve. Et dans la situation actuelle, j'attendais d'eux de l'honnêteté. La même qu'ils exigent de moi depuis ma naissance. Ou plutôt devrais-je dire, depuis qu'ils ont signé ces foutus papiers faisant d'eux mes parents.

— Ma chérie. Je suis navrée. C'est pour toi qu'on a préféré ne rien dire. Pour ton bien. Nous n'avons jamais pensé qu'à ton bonheur.

— Et vous ne vous êtes jamais dit que je finirais par découvrir la vérité ?

— Nous nous étions assurés que personne n'aborde le sujet en ta présence. Nous sommes tes parents, nous t'avons désirée et attendue. Et une fois que tu es entrée dans nos vies, nous t'avons élevée avec tout l'amour que nous avions pour toi.

— Parce qu'il y en a d'autres au courant ? Qui ? m'insurgé-je. Qui ?

— Cela n'a pas d'importance. Viens t'asseoir avec nous et discutons calmement.

En contradiction avec sa demande, je fais trois pas en arrière, me rapprochant de la porte pour fuir cette situation oppressante. J'ai tout de même besoin de savoir qui d'autre m'a caché un pan entier de ma vie.

— Qui, répété-je pour la troisième fois. Cleon ?

— Oh non. Il était si petit quand tu es arrivée dans notre famille.

— Orion ?

En prononçant le prénom de mon frère, cela devient comme une évidence. Il le sait. Il l'a toujours su. Voilà pourquoi il ne m'a jamais parlé du don de moelle osseuse, il savait que nous ne serions pas compatibles. Nous avons quatorze ans d'écart, il était en âge de comprendre la situation, et de savoir que ma mère n'était pas enceinte au moment de ma venue au monde. Les souvenirs de moments passés avec mon aîné défilent devant mes yeux, tel un film muet, et je comprends alors ce monde qui nous séparait. La douleur de l'époque se ravive et s'amplifie en moi. Je sens mon sang pulser dans mes tempes sous les battements frénétiques de mon cœur. Moi qui souffrais de son indifférence à mon égard, je réalise soudain qu'il me méprisait. Je ne représentais rien pour lui. Et c'est toujours le cas.

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant