13-Sybille

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À moitié endormie, j'ai l'impression qu'un chantier a pris place dans mon crâne

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À moitié endormie, j'ai l'impression qu'un chantier a pris place dans mon crâne. Putain ! Que le mec avec son marteau piqueur retourne d'où il vient. Il prend un certain plaisir à défoncer tout ce qu'il peut autour de moi. Je tente de bouger, mais une masse imposante m'écrase à moitié, empêchant tout mouvement de mon buste et de mes membres gauches.

J'entrouve un œil et j'aperçois sur la table basse face à moi les restes de notre soirée. Trois bouteilles de vin blanc vides trônent au milieu de gâteaux apéros. Un verre de vin est à moitié rempli tandis que l'autre, renversé, a répandu du liquide partout sur la surface vitrée. Deux pots de glace gisent au milieu de ce foutoir.

Je tends le bras pour essayer d'attraper mon téléphone. La lumière clignote, signe que j'ai reçu un message. C'est sûrement la sonnerie qui m'a réveillée à l'instant. Alors que j'y suis presque, Grâce bouge et elle risque de tomber.

— Aaaargh... grogne la larve humaine échouée sur moi, tentant de s'accrocher à ce qu'elle peut.

— Bordel, Grâce ! Lâche-moi, tu me fais mal !

— Pas avant d'être en sécurité ! Tu es trop instable à te trémousser comme ça, je n'ai pas confiance !

— Veux-tu que j'appelle ton merveilleux voisin, qu'il vienne te secourir ? lui suggéré-je à grand renfort de haussement de sourcils. Au secouuuurs ! Jean-Maaarc ! Aide-moiiiiiiiiiiii !

Alors que je m'époumone pour attirer l'attention du gros relou qui habite l'appartement d'en face, je me reçois un cousin en pleine tronche qui tente de m'étouffer. Je me débats pour tenter de me libérer et nous chutons par terre, toujours entrelacées, Grâce et moi. Nous partons dans un éclat de rires incontrôlable. J'en ai des larmes qui me viennent aux yeux et je vais faire pipi dans ma culotte si je ne réussis pas à m'extirper de là rapidement.

Mes cris, ma chute et nos rires forment le parfait cocktail explosif qui exacerbe mon mal de tête. Mes rires se transforment rapidement en plaintes lancinantes. Je me libère du poids de ma partenaire de soirée, puis j'évolue à quatre pattes en direction des toilettes. C'est bien trop risqué de me mettre debout avec mon envie de pisser. Pas étonnant avec tout ce qu'on a bu hier soir.

Assise sur la lunette des toilettes à faire ma petite affaire, je repense à ces derniers jours passés. Nous sommes enfin vendredi. Ce soir, je suis en week-end. Un vrai week-end de repos. Je vais rentrer voir mes parents et tenter d'obtenir des réponses, ou tout du moins des informations, concernant l'état de mon frère. Pour me sentir sereine et en sécurité, j'ai besoin de maîtriser tous les pans de ma vie. Et la maîtrise est plutôt aux abonnés absents ces derniers temps. Tant du point de vue professionnel que personnel. Le truc avec cette putain de maladie, c'est qu'elle est imprévisible. Alors ajouté à la personnalité d'Orion, je n'ai plus que mes yeux pour pleurer et mes angoisses pour ponctuer les différents moments de mes journées.

Mon frère n'a toujours pas répondu à mes appels, ni à mes messages. Il me faut connaître son état d'esprit pour savoir comment gérer cette situation. Mais il se comporte comme un fantôme et j'en ai marre de faire mes recherches sur internet et d'imaginer le pire. Je préfère ne pas y penser. Et pour cela, rien de tel qu'une bonne bouteille de vin pour profiter de la soirée avec une amie.

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant