20- Sybille

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À ces mots, son étreinte se renforce

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À ces mots, son étreinte se renforce. Nos corps s'enlacent et fusionnent pour ne former plus qu'une masse informe. Loup promène ses lèvres sur la peau découverte de mon cou, il remonte le long de ma mâchoire avant de mordre à pleines dents dans le lobe de mon oreille. La morsure de ce point sensible envoie une décharge électrique dans tout mon corps. À cet instant, il me domine de toute son imposante stature. Son aura m'enveloppe dans un état second, en dehors du temps. Je perds la notion de toute chose. Qui suis-je ? Où sommes-nous ? Que faisons-nous ? Où allons-nous ? Je serais bien incapable de répondre à l'une de ces questions. À l'instar d'un fer rouge, seuls ses crocs maltraitant ma peau dans l'intention de marquer ma chair me gardent en alerte. L'état d'abandon dans lequel je suis engourdit mes membres et biaise ma perception de la réalité qui s'effrite un peu plus à chaque nouveau coup porté. La limite entre douleur et extase est de plus en plus ténue.

Ses assauts se calment et il vient plonger ses yeux presque translucides dans les miens. À la faible lueur des réverbères, je peux y lire une passion destructrice et une envie sauvage. Une fois de plus, je ne saurais dire de quel côté penche la balance, entre souffrance et salacité. Il ne paraît pas rassasié. Au contraire, j'aperçois une lueur de défi au fond de ses pupilles obsidiennes juste avant que les lampadaires ne s'éteignent. Plongés dans l'obscurité de la nuit noire, les ténèbres oppressantes semblent s'étendre à l'infini autour de nous. Mais la présence de mon compagnon lupin suffit à apporter cette lueur d'espoir à laquelle je m'accroche.

Au loin, des bruits de cannettes provenant du parking de la salle de spectacle nous ramènent à l'instant présent. Le corps de mon amant se tend, il est sur ses gardes, prêt à sauter à la gorge d'un quelconque individu qui oserait s'approcher de nous. Je ne le quitte pas du regard pour analyser et tenter d'anticiper ses réactions et intervenir si besoin. Mes mains posées sur sa poitrine, je sens les vibrations de son torse se propager en moi. Un grognement menaçant s'en échappe et je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.

Vexé, toute son attention se reporte sur moi. Il fronce les sourcils, formant une ride du lion qui ne lui fait pas honneur. Mais la lueur de malice dans ses iris est significative. Il s'amuse de la situation même si toute son attitude prétend le contraire.

— Tu te fous de ma gueule ? me demande-t-il d'un ton sec.

— Mais non. Pas du tout.

Mon dernier mot s'étouffe dans le tissu de sa veste. Je tente de réprimer mon rire mais c'est peine perdue. Mon corps est pris de soubresauts incontrôlables.

— Alors pourquoi tu glousses comme ça ?

— Pour rien. T'inquiète.

Mon fou rire repart de plus belle. Je recherche la sérénité de sa chaleur corporelle bercée par les battements de son cœur pour tenter de me calmer. Je m'accroche à sa veste dans un geste de désespoir essayant de maîtriser mon euphorie. Lorsque ma voix éclate dans le silence de la nuit d'un rire cristallin, je sais que c'est peine perdue.

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