Chapitre 38

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Je sens le bras de Clayton sur ma taille. La lumière entre partiellement dans la voiture. Il doit être à peu près sept heures. Clay dort toujours et je ne veux pas le réveiller. Je me redresse et soulève le plus délicatement possible son bras. J'ai qu'une envie c'est de me changer. Nous nous sommes couchés sans même prendre la peine de mettre d'autres habits. Je regarde derrière une couverture recouvrant la fenêtre. Un petit sourire apparaît sur mon visage. Il y a une légère brume matinale, il y a toujours beaucoup de nuages mais les rayons du soleil passent entre certains. Etonnement cette vue me met de bonne humeur. Tout paraît calme et délicat. Je m'extirpe du "lit" afin de récupérer sur le siège passager mon sac avec mes habits dedans. La température n'est pas haute du tout. Il doit faire approximativement quatre degrés, rien de très chaud. Je récupère un t-shirt thermique. Rien de mieux pour ne pas avoir froid. J'attrape une veste, un pantalon et enfile le tout dans l'espace restreint dans lequel nous nous trouvons. J'ai réussi à ne pas réveiller Clayton, ce qui m'arrange fortement. Je n'aurais pas voulu que ce soit gênant qu'il me voit en sous-vêtements et qu'aucun de nous deux ne sache comment agir. Il faudra absolument que je trouve le moment opportun pour lui dire ce que je ressens. Malheureusement. Je ne pense pas que ce sera aujourd'hui ou demain au vu de comment il paraît épuisé par absolument tout. Je préfère rassembler toutes les bonnes conditions pour encaisser le rejet - ou pas - de la manière la moins violente possible. Or, s'il est fatigué, il est très probable que ça se termine par des cris. En somme, tout ce que je veux éviter.

Je me demande, s'il y avait encore Pélagie, que m'aurait-elle dit de faire ? Me jeter tête baissée ou enlever immédiatement cette idée de ma tête ?

Ça aurait forcément été un des deux. Rien de plus, rien de moins. Elle est impulsive, catégorique. Jamais elle m'aurait dit que peut-être faudrait-il attendre de mieux le connaître ou d'être rentrés chez nous. Pélagie m'aurait soit dit de ne pas tenter quelque chose puisqu'il ça aurait été évident qu'il n'éprouvait rien pour moi ou alors elle m'aurait poussée à lui dire toute la vérité car elle aurait été sûre qu'il m'appréciait.

Mais je ne peux pas vraiment lui demander, et encore moins obtenir sa réponse.

En faisant le moins de bruit possible j'ouvre la voiture. Je serre les dents en entendant ce bruit caractéristique lorsque j'appuie sur la clef. Je jette un regard au frère de Pélagie. Il dort toujours paisiblement. Je m'arrête. Il parait tellement apaisé, tranquille. J'ai envie de passer mes doigts sur les traits de son visage. Pour éviter d'y penser je me faufile dehors.

Il fait très froid en effet. Mes habits me tiennent assez chaud pour que je ne grelotte pas. Je sens pourtant l'air glacial qui anesthésie mes joues. J'inspire aussi fort que possible puis recrache tout l'air. Une légère fumée blanche sort de ma bouche.

Aujourd'hui nous devons aller à Copenhague. J'espère que tout va bien se passer. Je suis de plus en plus angoissée à l'idée d'arriver à notre destination finale. J'ai peur de la façon dont le voyage peut se dérouler. J'ai peur qu'il n'y ait pas de boîte, que l'on ait tout inventé, qu'on ai mal lu tous les "indices". Mais plus encore, je crois, j'ai peur de trouver cette boîte. Je veux des explications sur ce qu'elle a fait. Mais rien ne me dit qu'il y en aura. Et rien ne me dit que peut-être, dans l'hypothèse où il y aurait des explications, ça sera ce que je voulais entendre. Peut-être que les mots qu'elle a potentiellement écrits vont me détruire encore plus, peut-être que à l'issue de ma lecture je vais me mettre à la détester de tout mon être.

Je suis terrifiée de ce qu'il peut bien se passer en Suède.

— Pas trop froid ?

Je sursaute en entendant la voix et me retourne vers Clayton. Je ne l'ai même pas entendu sortir. J'étais absorbée par mes pensées.

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant