*Trigger Warning : automutilation + suicide*
Clayton est dans le monde des rêves, il n'est que huit heures. J'ai donc du temps libre et calme pour moi. Tout est silencieux, c'est le calme avant la tempête. C'est agréable, pas un bruit, je me sens apaisée pendant quelques secondes. Puis je me rappelle d'elle, de son corps vide de vie. Et mon vide à moi revient, mon corps m'interdit de me sentir bien. C'est un silence de mort. Je ferme les yeux et écoute les non-bruits. Je me lève et entre dans la salle d'eau. Un silence de mort. C'est ça. La mort doit nous faire sentir ainsi, apaisé. C'est pour ça qu'elle s'est ôté la vie, il n'y a plus un bruit pour l'embêter. Être plus paisible, je ne sais pas ce qui pouvait autant la tourmenter mais elle a dû penser que quitter ce monde devait être la meilleure solution.
Ma main se dirige vers la trousse de Clayton. Je tombe sur des lames de rasoir de rechange. J'en sors une que j'agrippe fermement dans ma paume, elle pén_tre légèrement ma peau. Le sang se met à couler lentement dans le creux de ma main. Du bout des doigts je la prends. J'observe le bout tranchant. Je réalise une coupure sur une cuisse. Je grimace, la douleur est forte puis se calme. En cinq secondes pile. Une deuxième, encore cinq secondes. Une troisième, quatre secondes. Je me remets à compter lorsque je j'approche la lame vers l'intérieur de mes poignets. Je ne contrôle plus mes mouvements, mon cerveau ordonne à mes bras de se déplacer sans que je contrôle quoi que ce soit. Une fois l'entaille faite, je pourrais être reposée. Je la rejoindrai. Puis je me regarde dans le miroir. Ma main remonte, je pose la lame sur ma carotide. Je compterai jusqu'à la mort, et tout sera plus facile.
— Lâche ça !
Je sursaute et la lame me glisse des mains. Elle tombe sur le carrelage dans un bruit métallique. Je me tourne vers Clayton qui se rapproche de moi. Il a un regard terrifié.
— Tu ne les toucheras plus jamais, dit-il sèchement.
Il reprend toutes les lames et met le sachet dans sa poche.
— Pas deux suicides.
Je prend ma tête entre mes mains et m'appuie sur le lavabo. Je le sens toujours non loin de moi. Je voudrais juste qu'il parte, me laisse réfléchir. Je n'arrivais plus à me contrôler. Le silence était trop agréable, la mort me paraissait bien plus lumineuse que la vie.
— Tu pensais faire quoi !
Je sursaute une deuxième fois. Il vient d'hurler si fort que ça m'a surprise.
— Réponds ! Pourquoi ? Tu peux pas me faire ça ! Tu te rends compte de deux suicides sur la conscience ?
Je pars, ne l'écoutant pas. J'attrape un pantalon que je passe sous ma robe. Je me tourne alors qu'il arrive et enfile un t-shirt et un soutien-gorge, dos à lui.
— Tu sais déjà ce que fait un suicide. Alors imagine en avoir deux. Tu penses avant d'agir ou pas ?
Je ne veux plus entendre ses hurlements. En plus il s'épuise à crier alors qu'il n'y a aucune utilité. Ça ne me fait ni chaud ni froid. Il pourrait même me mettre une claque je ne ressentais rien. Mes nerfs réagiraient au contact de sa main et enverraient l'information à mon cerveau qui ne parviendrait pas à l'annoncer à mon cœur. Y'a cette carapace par-dessus. J'attrape une clef, enfile mes chaussures et pars. Je referme la porte derrière moi. Je marche le plus vite possible jusqu'aux escaliers. J'entends notre porte se rouvrir et se refermer.
J'accélère encore plus vite. Je descends quatre à quatre les marches et quitte l'hôtel. Je cours afin de disparaître dans la rue la plus proche. J'espère juste que Clayton ne me trouvera pas, qu'il ne me suivra pas. Au bout d'un certain temps je me retrouve vers les quais de Saône, ou de Rhône je ne sais pas, j'ai pas fait attention. Alors je me pose et attends. Je compte, je reste mille deux cents cinquante huit secondes jusqu'à ce que je tourne la tête vers une personne qui vient de s'installer à côté de moi. Clayton.

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Pour Pélagie
ChickLitRomance, Drame, Road-trip ********* Pélagie n'est plus là. Alice a perdu sa meilleure amie et n'a plus rien. Elle n'est plus elle même et est totalement perdue. Pélagie n'aurait pas pu se tuer. Du moins, elle ne serait pas partie sans laisser quelq...