Chapitre 28

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Notre chambre d'hôtel est grande, très spacieuse. Ce n'est pas une simple chambre d'hôtel. C'est un appartement-hôtel. On a une petite cuisine, une télé à écran plat, le wifi gratuit, un bureau et une salle de bain gigantesque en comparaison de ce qu'on a bien pu connaître avant. En face du téléviseur, il y a même un canapé et une table basse. Mais ce qu'on a bien pu payer c'est une toute autre histoire.

— C'était trop cher, je commente.

— Je te l'ai déjà dit, on s'en fiche.

Moi je ne m'en fiche pas. Deux cent cinquante euros c'est beaucoup pour deux nuits.

— On a une belle chambre, une belle salle de bain, on a la télé et le petit déjeuner compris.

Clayton fait tout pour me faire déculpabiliser. Je me sens mal d'avoir claqué autant d'argent d'un coup. Je soupire et me laisse tomber sur le lit. Il est énorme, je crois bien que c'est un queen size. Le matelas est si agréable que je pousse un soupir de satisfaction. Nous avons pris une chambre avec un seul lit sinon ça allait coûter encore plus cher. Puisque la nuit dernière tout s'est bien passé et qu'on ne s'est pas dérangé aucun de nous deux ne voyait de raison pour dépenser plus.

— Allez, en plus demain c'est ton anniversaire. On ne fait pas de route donc au lieu de le passer dans une voiture tu le passeras dans la ville et cet appartement. Regarde, on a même un balcon.

Je souris et suis de mon regard la direction de sa main vers la porte vitrée. En effet, on a même un balcon, enfin une véranda. Je ne suis pas étonnée du prix de l'hôtel, les prestations comprises sont nombreuses.

Nous allons rester à Hambourg ce soir, toute la journée de demain ainsi que la nuit, nous ne repartons que le lendemain de mon anniversaire. Clayton en a décidé ainsi parce qu'il en a marre de conduire et qu'au moins j'aurais pas à faire de la route alors que je devrais fêter mes dix huit ans.

J'ai peur d'être demain. J'aurais préféré passer mon anniversaire chez moi, avec Pélagie et peut-être Thomas. Je sais que je l'ai largué et que je ne l'aimais plus sincèrement. C'est juste que je voudrais retrouver mon quotidien d'avant, quand Pélagie était encore là. Je voudrais encore avoir cette routine, cette tranquillité, cette stabilité. Je suis devenue beaucoup trop instable émotionnellement, mentalement. J'aurais dû fêter ma majorité avec ma meilleure amie, quelques bières et de la musique. Sauf qu'elle s'est enlevé la vie, a foutu en l'air tous mes projets et je vais passer mon anniversaire avec Clayton dans un autre pays à plus d'un milliers de kilomètres de chez moi. Je n'ai aucune idée de comment la journée va bien pouvoir se passer et j'appréhende.

— On fait quoi maintenant ? je demande.

— Aucune idée. Il est quelle heure ?

— Cinq heures et demie.

— On peut aller visiter le bâtiment si tu veux puis les alentours.

— Ça marche. On mange les restes ce soir ?

Il approuve. Nous n'avons pas touché aux nuggets et autres. Clayton conduisait et je pleurais. Aucun de nous deux n'avait la tête à manger dans la voiture. Et maintenant c'est comme si il ne s'était rien passé. J'ai compris rapidement que c'était comme ça entre nous : on s'engueule puis deux minutes après tout va pour le mieux.

Je me lève et me dirige vers mon sac de voyage. Je fouilles quelques instants dedans avant d'en sortir un sweat. Il fait bien plus froid qu'à Francfort ici. Je ne veux même pas imaginer ce que ce sera quand on arrivera en Suède dans quelques jours.

— T'as des vêtements plus chauds pour les pays nordiques ?

Je vois qu'il a pensé à la même chose que moi.

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant