Chapitre 40

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Je rentre derrière lui dans la chambre. Je referme la porte, il ne m'adresse pas un mot, pas un regard. Il est en colère contre moi, plus que jamais. Je trouve tout le courage que je peux et je le rassemble afin d'essayer de lui parler.

Alors qu'il sent que je me rapproche de lui, il se retourne. En voyant son expression je me décompose. Son visage traduit à la fois du mépris et de la déception.

— Clay...

Je reste muette devant lui. Sans réfléchir je me laisse tomber contre lui, je l'entoure de mes bras. Au bout de quelques secondes, il finit par poser ses mains sur mes épaules et me repousse.

— Punaise, non, non, non. Alice, ce n'est pas possible ça.

Je le regarde. Je suis déçue, triste et je me sens infiniment coupable. C'est affreusement douloureux de se faire rejeter comme ça.

— Tu peux pas faire ça alors que y'a trente minutes...

Il ne termine pas sa phrase. Il se contente de froncer les sourcils et de me dévisager.

— Clay, je...

— Tu veux qu'on parle, qu'on mette les choses au clair ?

Je hoche la tête. J'ai l'impression d'être une enfant face à un adulte. C'est peut-être ça en fait. Je ne suis encore qu'une enfant alors qu'il est adulte.

— Je vais commencer, avant que tu m'accuses et que tu dises que j'ai été méchant, que je t'ai blessé. T'as sûrement raison si tu penses que j'ai été affreux. Mais écoute moi bien, écoute ce que j'ai à te dire.

— T'as été...

— Laisse-moi parler ou on ne s'en sortira pas. Après tu me diras ce que tu veux mais pour l'instant tais toi. Tu détestes la française qui nous a aidé, je n'ai aucune idée des raisons exactes de cette haine mais tu n'avais aucune raison valable pour ramener cette histoire à moi, me rejeter la faute dessus. Peut-être qu'elle est mauvaise, j'en sais rien, je ne ressens pas la situation comme ça. Par contre, à aucun moment tu n'avais à me faire un caprice, à me gueuler dessus et à me menacer à coup de "si elle nous fait une crasse je te tue". C'est comme ça et c'est tout. Alors mets toi à ma place deux secondes, parce que je suis sûr et certain que t'aurais fait la même chose. Tu m'as tellement énervé et franchement perturbé que j'ai balancé tout dans la gueule. Je suis désolé de t'avoir blessé si c'est le cas mais rends toi bien compte que t'es insupportable.

Je ne dis plus un mot. Je baisse les yeux vers le sol. Il vient de me dire tout ce qu'il pensait, comme un adulte le fait. Jamais à sa place je n'aurais géré la situation de cette façon. Encore un signe pour me montrer que l'on n'est pas fait pour être ensemble. Il faut que j'arrête de me faire des idées.

— Je dis que t'es insupportable parce que dans les moments où on part en conflit. Une grande partie du temps c'est à cause de ta faute : tu commences à t'énerver pour une raison qui me dépasse et tu me fais tout un cirque pour peu de choses. Je ne dis pas que je ne suis jamais en tort. Mais dans ce genre de situation, comprends que ça me saoule plus que tout.

Je hoche la tête. Soudainement, je comprends mieux. En entendant ce qu'il avait à dire je me suis rendue compte qu'il a totalement raison. Tout est parti de rien du tout, j'ai fait une scène pour quelque chose de peu important. Et en y pensant c'est arrivé souvent, bine trop souvent.

Je m'en veux soudainement.

— Je suis désolée. Sincèrement.

— Tu pourras dire ça autant de fois que tu le veux, ça ne changera rien. Tant que tu ne feras pas d'efforts sur ta manière d'agir, ça ne sert à rien.

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant