Chapitre 26

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Clayton ferme la porte de la chambre derrière nous. Mes mains tremblent si fort que je ne peux plus les contrôler. Le trajet jusqu'ici s'est fait dans un lourd silence. J'ai marché un mètre devant lui tout le long alors qu'il me suivait.

— Alice, est-ce qu'on peut juste parler quelques secondes ?

Je serre la mâchoire et secoue la tête. Je me tourne vers lui. Une affreuse sensation prend naissance dans mon corps.

— Pélagie me manque.

Les mots m'échappent. Mon cœur se serre soudainement. J'ai l'impression qu'il se brise en des millions de morceaux. J'ai le souffle coupé pendant quelques instants. Je tourne le regard vers Clayton. Et mes yeux se remplissent de larmes. Je croyais que ça n'existait plus chez moi. Je ne vois plus rien, ma vue est brouillée.

— Clay, je murmure tel un cri de détresse.

Je pensais que mes yeux resteraient secs à tout jamais. Mais les larmes se mettent à tomber. Comme moi sur le sol, mes jambes lâchent alors que je ne m'y attends pas. La douleur est bien trop forte. Mes mains tremblent. Je m'écroule dans les bras de Clayton qui me retient. Doucement il nous asseoit par terre. Je hurle, écroulée sur le sol.

Pélagie est morte.

Plus jamais je ne reverrai son sourire, plus jamais je n'entendrai son rire. La douleur est trop grande. Mon cœur et mes poumons me font bien trop mal. Je n'ai pas besoin de jeter un coup d'œil à Clayton qui est accroupi à mes côtés, ses bras autour de moi. Il me regarde inquiet et je sens ses larmes couler silencieusement sur ses joues et s'écraser sur ma jambe. Je hurle toute la douleur de mon corps. Les sanglots me secouent et traversent mes lèvres. Je n'arrive plus à respirer. Ma respiration saute, étant irrégulière à cause des pleurs. Je n'essaye pas de me contrôler. Ça ne sert à rien.

Dans un élan de détresse, je passe mes bras autour de Clayton et le serre contre moi. C'est tout ce qui peut alléger ma peine. Mais ça ne change presque rien. J'ai juste besoin de son contact.

Pélagie a disparu. Ça m'angoisse. Peut-être qu'elle est nulle part, qu'elle n'est rien devenue. Elle a peut-être tout simplement disparue, son âme n'est nulle part, juste morte elle aussi. Les dix-huit ans qu'elle a vécu se termineraient sans aucun sens. Clay passe sa main dans mon dos pour essayer de me calmer.

Plus jamais je ne la sentirai, je ne la verrai, je ne l'entendrai plus, elle se sera plus là pour moi et je suis perdue, je serai perdue à tout jamais. Son visage va disparaître, sa voix aussi. Peut-être que j'oublierai le son de son rire, les détails de son visage.

Je respire un peu trop vite, ma tête me fait mal et je vois trouble. Je n'arrive plus à contrôler ma respiration, j'étouffe. Etonnement ce n'est pas une crise d'angoisse mais juste les sanglots qui sont trop forts pour mon petit corps trop frêle.

— Al, écoute moi, chuchote Clayton. Respire doucement.

Je retiens ma respiration et ferme les yeux. Puis je souffle doucement. J'ai mal partout dans mon corps à force de trembler. Mon souffle commence à se calmer. Clay se recule de moi et m'observe sans émotion apparente, juste des larmes sur ses joues. Cette image de lui me marque, le voir pleurer comme ça c'est douloureux. Je ressens sa douleur parce que je la connais. On a perdu un être cher.

Les larmes continuent de couler silencieusement le long de mon visage. Je me déplace pour m'asseoir contre un mur. Il me rejoint et s'installe à mes côtés.

— Tu viens de prendre conscience de la situation. Je sais, j'ai bien compris ça.

— Ça t'as fait la même chose ? Enfin, est-ce que...

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant