Il fait nuit noire, je ne vois pas assez pour dessiner, malgré la lumière de la voiture. Mes yeux commencent à fatiguer. Je reprends des chips dans le paquet, referme mon carnet et repose mon crayon. Je souris en entendant une chanson allemande que je connais passer à la radio. Clay me tend la bouteille de rhum. Je souris en voyant qu'on en a déjà vidé un quart. Nous l'avons commencée il n'y a pas longtemps.
— Te saoule pas trop vite, me provoque-t-il alors que je porte le goulot à mes lèvres.
J'avale une grosse gorgée d'alcool.
— Pélagie détestait ce truc, je remarque.
— Vous étiez si proches et si opposées à la fois.
— Je sais, toute notre amitié était basée sur ça je crois.
— Vous étiez faites pour vous entendre.
— J'ai besoin de réponses. Parle moi d'elle, arrête d'éviter le sujet.
— Qu'est-ce que tu veux savoir ?
Je soupire de soulagement. Enfin. Je vais pouvoir en apprendre plus.
— Comment est-ce que vos échanges de secrets ont commencé ?
— Elle avait cinq ans, elle me racontait les petits secrets de maternelle, rien de bien fou. Je lui racontais mes secrets de primaire. On faisait ça en cachette, sans jamais en parler à nos parents. On a grandi, elle adorait tout savoir sur tout le monde. On a continué de tout se raconter, tout ce qu'on pouvait. Elle avait toujours plus de choses à dire. Les secrets évoluaient au fil du temps. Ce n'était pas la même chose que quand on était petit. Elle apprenait des choses affolantes : la vraie riaosn du suicide d'un élève de seconde, les affaires entre profs, entre profs et élèves. Je n'ai jamais pu savoir comment elle savait tout ça.
J'écarquille les yeux.
— Est-ce qu'à la fin de sa vie elle savait quelque chose qui aurait pu la mettre en danger ?
— Non, pas à ma connaissance. Elle était discrète. Personne ne savait ce qu'elle savait. Et les dernières choses ne la mettaient pas en danger. Ce n'étaient que de simples petites histoires d'amourettes, de sexe. Ces derniers temps, le pire était qu'elle avait appris qu'un mec de terminale s'était tapé une gamine de seconde et avait failli la mettre en cloque.
Clay a éteint la radio pour notre conversation.
— Okay. Je vois. Elle a intéret à avoir foutu sa putain de boite à l'endroit de la croix sur sa carte.
— J'espère bien qu'elle l'a fait.
Nous nous observons en silence.
Clayton laisse couler une longue gorgée de rhum dans sa bouche.
Malgré ce silence, des tas de mots résonnent dans les airs. Ils sont inaudibles mais au vu des regards que l'on se porte, je sais déjà comment ça va continuer. Je nous vois déjà l'un sur l'autre, nos corps mêlés et emboîtés. En plus de ça, on est bien grisés par le rhum. Pas bourrés, mais assez détendus pour ne suivre que notre instinct primaire.
Je regarde autour de nous. Tout autour de cette voiture ne se trouve rien d'autre que du vide, des arbres, la nature. Personne ne devrait passer par là. Certaines vitres sont teintées.
— Il n'y a personne à plus de dix kilomètres, remarque-t-il.
Je retourne ma tête vers Clayton et le regarde. Qu'est-ce que je disais ? C'était une invitation implicite. Juste une troisième fois. Ça ne fera pas de mal. Et puis je dois avouer que c'est très loin de me répugner. Maintenant qu'il m'a pris ma virginité c'est beaucoup plus agréable qu'avant.

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Pour Pélagie
Chick-LitRomance, Drame, Road-trip ********* Pélagie n'est plus là. Alice a perdu sa meilleure amie et n'a plus rien. Elle n'est plus elle même et est totalement perdue. Pélagie n'aurait pas pu se tuer. Du moins, elle ne serait pas partie sans laisser quelq...