Chapitre 51

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Je rouvre les yeux. Je regarde l'heure. J'ai dormi pendant près de deux heures. Clayton roule toujours.

— J'ai vu qu'il y a une auberge pour manger à 30 minutes d'ici. On s'arrêtera pour manger, on y restera un peu pour se reposer puis on reprendra la route. Je ne sais pas pour combien de temps on en a.

Je hoche doucement la tête. Je n'ai pas oublié qu'on doit parler. Je ne veux pas le faire en mangeant avec lui. Je veux qu'on le fasse maintenant, calmes, comme deux adultes devraient le faire.

— Clay...

— Dans trente minutes.

— Non, maintenant. Je veux le faire maintenant.

— Et bien vas-y.

— Je suis désolée de m'être emportée comme ça. Tu avais raison de t'être énervé contre moi. J'aurais juste voulu que tu me le dises. Parce que j'ai eu l'impression que tu t'étais retourné contre moi. Et tu avais raison en disant que je voyais Pélagie comme Dieu. Elle n'était pas parfaite je le sais maintenant.

— Merci de le reconnaître après tout ce temps.

— Il y a quand même un truc qui me dérange. Tu me traites comme une gamine. Tu m'engueules comme si j'avais sept ans.

Je sais que je suis en tort pour une bonne partie de l'histoire. Pourtant Clay n'est pas tout blanc. Je suis parfaitement consciente que la manière dont il me parle n'est pas normale.

— Je te parle comme à un gosse parce que t'agis comme tel. Je ne devrais pas, je le sais très bien. Quand je le fais je ne réfléchis pas. J'en suis désolé. Mais il faut aussi que tu te détendes. Si tu veux que tout se passe bien entre nous et que ça dure, il faut que tu me fasses confiance. Toutes les décisions que je prends sont pour une bonne raison.

Je m'apprête à répondre mais il m'arrête d'un signe de main.

— Je ne dis pas que je vais te larguer. Pour l'instant, je supporte quand tu pètes un câble. Je sais que tu as tes raisons et je trouve ça normal que tu n'arrives pas à contrôler tes émotions. Il faut que tu comprennes que j'ai aussi des émotions et que ça m'énerve fortement quand tu te mets à me reprocher tous les malheurs du monde. Je reste désolé de t'avoir mal parlé et j'essaierai de faire des efforts.

Je souris discrètement. Je me demande comment j'ai pu le traiter de tous les noms au tout début. Comment je n'ai pas su voir ses bons côtés ? Il est incroyable. Il fait tout pour me comprendre et il me pardonne toutes mes conneries, tous mes états d'âme. Et en plus de tout ça il s'excuse pour les choses mal qu'il peut faire, alors que ce n'est rien comparé à ce que je peux lui faire subir.

— Merci Clayton

— Je vais rester honnête avec toi, si dans plusieurs mois c'est toujours comme ça, je ne sais pas si je vais pouvoir encore avoir le courage et la détermination de rester avec toi.

Je sens la boule au ventre se créer. Non. Je ne peux pas le pousser à fuir. Je dois changer si je tiens à lui. Si je continue d'agir comme je le fais en ce moment, je vais blesser d'autres personnes et me blesser moi-même. Je dois arrêter d'être autant sur les nerfs. Je vais apprendre à devenir quelqu'un de meilleur. Je me retiens de pleurer. Je risque de tout gâcher si je ne me prends pas en main. Je le regarde. Il est concentré sur la route mais me jette tout de même un petit coup d'œil.

— Écoute Al, je...

— Je ne veux pas qu'on se sépare. Tu es tout ce que j'ai Clay. Y'a que toi qui compte. Je m'en voudrais tellement de te faire fuir. Je veux faire des efforts, je te promets que je vais essayer.

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant