Pour Pélagie

Chapitre 43

Je me mets sur la pointe des pieds. J'essaye désespérément d'attraper cette bouteille de rhum tout en haut. J'entends le rire de Clayton qui vient de me rejoindre dans le magasin. Mon regard se pose sur ce qu'il a mis dans notre cadis. Deux paquets de sandwich, un paquet de chips, un pack de bouteilles d'eau ainsi que quelques paquets de gâteaux et des fruits.

— Je t'aide, ne bouge pas.

Il se rapproche de moi et pose ses mains sur ma taille. Il me soulève de quelques centimètres du sol, juste assez pour que j'attrape ce que je voulais. Une fois que nous avons acheté tout ce qu'on voulait on se dépêche de payer puis de retourner vers notre véhicule.

Je m'installe dans la voiture avec la bouteille de rhum dans les mains, je souris comme une gamine qui a reçu la nouvelle barbie à Noël. J'ai hâte de pouvoir la goûter. Je pense qu'on va devoir attendre demain pour pouvoir la boire. Ce matin, peu après que l'on se soit levé, Clayton a déclaré que l'on irait jusqu'à Stockholm aujourd'hui. Cela va nous faire un peu plus de huit heures de route. Ça va être long. Nous allons faire régulièrement des pauses afin qu'il puisse se détendre, se reposer et qu'on mange.

Je sens le regard de Clay posé sur moi.

— Tu comptes la lâcher à un moment ou pas ?

— Non. C'est mon enfant.

Je caline la bouteille tout en riant en cœur avec mon ami.

— Allez, glisse moi ça sous ton siège, que les flics ne te voient pas avec une bouteille alors que je conduis.

Je m'exécute. Après ceci nous démarrons. Je cherche dans mon sac mon carnet de croquis. Je le feuillette petit à petit. Ces derniers temps, je ne l'ai pas autant utilisé que les premiers jours du voyage. J'avoue que lorsque je ne suis pas dehors avec Clayton, en train de marcher ou je ne sais quoi, je ne prends plus le réflexe de dessiner. Je n'ai pas d'idées qui me viennent à l'esprit. La seule chose à laquelle mon cerveau arrive à penser est lui. Des milliers de scénarios, de possibilités défilent dans mon esprit sans arrêt. Je veux être dans ses bras, je veux l'embrasser, c'est tout.

— Pourquoi t'étais en couple avec ton ex ? Thomas, c'est ça ?

Je suis surprise de sa question. Il sort cette phrase de nulle part, sans aucune raison.

— Ça t'intéresse ? je demande étonnée.

Je me mords la langue. J'ai sorti ça sans réfléchir. Mon ton n'était pas sec, ironique ou sarcastique. Au contraire, c'était une pure question. Je suis curieuse. Si ça l'intéresse réellement alors peut-être que ça pourrait signifier quelque chose. Peut être que ce quelque chose pourrait amener à plus que de l'amitié entre nous.

Je n'arrive plus à comprendre la logique de mon cerveau. Un jour je veux plus que tout être en couple avec lui, peu importe les conditions. Le lendemain je pense à lui et considère que garder une simple amitié serait bien mieux pour qu'il vive une vie paisible.

— Oui ça m'intéresse. J'ai envie d'en savoir plus sur toi.

— Après m'avoir répondu, tu pourras me parler de ton ex ?

Je suis vraiment curieuse à propos de ce sujet. Si je lui parle de Thomas il peut très bien me parler de... quel que soit son prénom il peut me parler d'elle. Il m'avait l'air de la haïr quand elle est venue chez lui à l'enterrement de Pélagie.

— Si tu veux.

— Okay. Alors, hum...

Je prends une grosse inspiration. C'est dur d'en parler, je me rends compte à quel point cette partie là de ma vie était ridicule. Cela ne reflète que mon mal être - encore et toujours.