Pour Pélagie

Chapitre 50

Je me sens réveillée par quelque chose qui chatouille ma joue.

— Al', si tu pouvais te réveiller ça serait génial.

Je grogne et ouvre doucement les yeux. La lumière du jour m'éblouit et je referme mes paupières immédiatement.

— Il fait trop clair.

Clayton se met à rire.

— Je peux bouger ou tu veux rester encore comme ça ?

— Non c'est bon, bouge. Je veux juste garder mes yeux fermés.

Je souris en l'entendant de nouveau pouffer. Il m'a l'air d'être de très bonne humeur. Je dois bien avouer que je le suis aussi. J'ai eu le courage de me lancer. Je lui ai tout dit et ça a payé. Ça en valait la peine. Je le sens me redresser. Je me force alors à ouvrir grand les yeux. Mes pupilles croisent celles de Clayton. Je me penche légèrement en avant et embrasse ses lèvres.

— Bien dormi ?

— Le matelas était très confortable.

Je l'observe rire.

— Je ne t'ai pas empêché d'avoir une bonne nuit de sommeil ?

— J'ai passé une superbe nuit.

Je me lève et m'assieds sur le siège passager. Il doit avoir les jambes engourdies après m'avoir eu sur celles-ci pendant plusieurs heures. Je ferme les yeux, un grand sourire toujours plaqué sur le visage. Je crois que ça fait des mois que je n'ai pas ressenti ça, un vrai bonheur, profond, sincère. Et je dois avouer que ça me fait le plus grand bien. J'ai espoir en l'avenir, je suis prête à foncer vers le futur. Avec Clayton à mes côtés rien ne pourra m'arrêter. Des vibrations me font soudain sursauter. Je rouvre mes yeux et tourne la tête vers l'endroit d'où provient le bruit. Clayton me jette un regard coupable.

— Pourquoi il y a un téléphone qui vibre ? je demande.

Il ne répond pas, il se penche et récupère l'appareil sous son siège. J'ai le temps d'apercevoir le numéro du contact qui appelle. Immédiatement je reconnais celui de ma mère. Aussi rapidement que possible il sort et je sens des milliers d'émotions me parcourir. Je reste tétanisée, assise dans le véhicule. Comment ça se fait que ma mère l'appelle ? Je pensais qu'il n'avait plus de forfait sur son portable. Et pourquoi sont-ils en contact ? Ça n'a aucun sens.

J'ai le pressentiments que ce n'est pas la première fois qu'ils s'appellent. Il m'a trahie. Il... Je sors de la voiture en claquant la porte plus fort que je ne ne pensais et me dirige vers lui. Je crois bien que je n'ai jamais ressenti ça, je ne suis pas simplement énervée, je suis furieuse, déçue, blessée.

— Oui bien sûr. Je vous tiens au courant. Je vous rappellerai dans quelques jours. Je pense qu'on sera là d'ici quelques jours.

Je reste plantée pas loin derrière lui. Il sait que je suis là. Pourtant il ne me jette pas un regard.

— Je vais lui parler. Elle vient de découvrir que j'étais en contact avec vous.

Il se tait quelques secondes puis répond de nouveau.

— Bien évidemment. On fait ça. Bonne journée au revoir.

Il raccroche. Quand il se retourne, il me voit plantée derrière lui, remplie de fureur et d'incompréhension. Alors c'est bien ça, il parle régulièrement avec ma mere.

— Je te faisais confiance, je déclare les larmes au bord des yeux.

J'aurais dû m'en douter. C'était trop beau pour être vrai. Je ne mérite pas vingt quatres heures de tranquillité.