Chapitre 25

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— Mon père est un connard. La femme qui m'a adoptée est faible. Ma génitrice est une lâche.

Un rictus amusé apparaît sur les lèvres de Clay. C'est un beau début pour raconter mon histoire, l'histoire de mes parents.

— Mon père se tapait deux femmes en même temps. Céline et Charlotte. Céline est ma mère biologique mais je ne la considère même pas comme une mère. Charlotte, elle, c'est ma vraie mère, celle qui m'a élevée. Donc il vivait sa vie tranquillement avec sa femme officielle : Céline et il y avait Charlotte à côté avec qui il couchait et sortait quand ça lui disait.

Je sens une boule apparaître dans ma gorge rapidement, je continue mon histoire.

— Céline est tombée enceinte de moi. Et le jour avant ma naissance elle a découvert que mon père la trompait. Elle a accouché. Au lieu de me garder et éloigner mon père comme les trois quarts des femmes aurait fait, elle m'a laissée tomber. Elle m'a refilée à mon père et l'a quitté. Il y avait toujours ma mère, elle s'est occupée de moi et de mon père. Elle m'a adoptée. Tout ça parce qu'elle l'aimait éperdument.

Je crois que ça fait quatre ans que je ne lui ai pas dit ça. La dernière fois que j'en ai parlé, c'était à Pélagie quand j'ai appris la vérité. J'avais treize ans, je crois, enfin dans les alentours. Je me rends compte en narrant tout ceci que ce qu'il s'est passé est vraiment dégueulasse.

— Et ensuite ? Qu'est-ce qui a fait que toi tu as été aussi blessée et touchée par toute cette histoire ? Les crises d'angoisses, à quoi c'est dû ?

Je suis reconnaissante que Clayton m'aide à conter.

— Vers mes cinq ans, mon père a recroisé Céline. Ma mère l'a découvert, elle a pété un câble en pensant qu'il était allé coucher avec elle. Ce n'est pas le cas. Il s'est pris la tête avec Céline puis après est allé dans un bar pour boire un verre et là à trouvé une femme avec qui coucher pour se changer les idées. C'est parti en cacahuètes chez nous. Pendant près de six mois j'ai été témoin de leurs disputes, des verres et des assiettes qui finissaient par terre. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait à part que mon monde partait de travers et que l'image innocente de mes parents qui s'aimaient était totalement détruite. J'entendais des gros mots : "divorce", "garde". Ils n'ont pas divorcé - oui, entre temps ils se sont mariés - car ils étaient tous les deux flippé à l'idée de perdre ma garde.

J'esquisse un triste sourire. Je sens mon estomac se serrer. Non. Je chasse de ma tête les souvenirs des violentes disputes auxquelles j'ai assisté à cinq ans.

— Et c'est là que...

— C'est là que mes crises d'angoisses ont commencé. Je n'arrivais plus à respirer, ma mère a paniqué et mon père a paniqué. On a passé une nuit aux urgences pour qu'ils finissent par leur dire qu'il fallait que j'aille voir un psy si ça recommençait.

— T'avais cinq ans, murmure Clayton, t'étais si jeune.

Je hoche la tête. Ouais. J'étais si jeune.

— Ca a recommencé, une fois puis deux avant qu'ils se décident à m'emmener.

Je déglutis avant de m'apprêter à avouer autre chose. Les TOCs. Pas ceux que j'ai maintenant, enfin je crois que ce sont des TOCS, je n'en sais rien, je ne veux pas m'auto diagnostiquer, c'est peut-être juste mon angoisse qui ressort de cette façon, mais je veux parler de ceux que j'avais quand j'étais petite.

— J'ai développé des TOCS. Pas grand chose de grave un début que quelques séances de psy on réussi à calmer. Mais les crises d'angoisse sont restées, elles sont juste devenues moins fortes avec le temps. Jusqu'à mes treize ans.

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant