Chapitre 4

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— Clay ? appelle une voix féminine, fluette et aigüe.

Encore quelqu'un qui vient. Je ne veux plus d'interaction avec des personnes. Des talons résonnent dans le couloir puis un léger raclement de gorge. Je crois pendant un instant que les yeux de Clayton vont sortir de leurs orbites. Sans que je comprenne, la fermeture de ma robe est défaite et mon soutien-gorge se retrouve apparent. Il enlève son t-shirt. Mais qu'est-ce qu'il fait ?

Il embrasse mes lèvres de toutes ses forces et bientôt même y lie sa langue.

— Je peux entrer ?

Je comprends alors ce qu'il veut faire. Je me laisse emporter par le jeu. Je l'embrasse, passe ma main dans ses cheveux. Il me pousse sur le lit, plaque son corps sur le mien et bouge au-dessus de moi.

Il y a un problème : l'alcool, la fatigue et les hormones. Je suis censée le détester mais mon corps laisse ce cocktail, me faire faire des choses insensées. J'en ai tellement plus rien à faire de tout que je pourrais continuer ce qu'on fait jusqu'au bout.

J'ai l'impression que tout se passe au ralenti alors qu'en réalité depuis le grincement du sol, six secondes sont passées. Je suis pratiquement sûre que la porte est complètement ouverte. Mes pensées sont confirmées par un cri de surprise.

— Clayton ! C'est quoi ça ?

Il se détache de moi, se retourne et regarde la fille qui vient de rentrer. Avant il me jette un coup d'œil entendu. Je ne sais pas pourquoi mais je vais l'aider. Maintenant je m'en fiche de la répercussion de mes actes alors autant suivre mon instinct et faire ce que je veux. Et jouer à ça est plutôt amusant. Surtout que la tête de la fille est hilarante.

— Clay, bébé, je gémis en embrassant son cou, fais la sortir.

Jamais j'ai utilisé son surnom, à peine son prénom, donc pour le "bébé" je n'ai pas besoin de préciser que pas une seule fois ce mot n'a traversé mon esprit en sa présence.

— Enlève tes mains de lui ! Je ne te gêne pas ? Tu sais qu'il a une copine et tu fais ça avec lui ! T'es qu'une salope !

Je continue de jouer les allumeuses sous le regard furieux de la fille. Je n'éprouve pas une pointe de compassion pour elle. Les gens peuvent penser ce qu'ils veulent, je m'en fiche, je sais déjà que je suis horrible, une vraie peste. Ce n'est pas moi habituellement mais je ne ressens plus rien.

— C'est quoi cette histoire ? Tu m'expliques ?

Il se tourne vers moi et caresse mon ventre du bout de ses doigts, il la regarde dans un air provocateur. Je laisse mes mains glisser sur sa peau.

— On est plus ensemble je te l'ai déjà fait comprendre plusieurs fois. Tu n'as pas voulu l'accepter, Pélagie n'a rien à voir avec ça. Sors d'ici et laisse nous terminer.

— T'es qu'un connard ! C'est fini entre nous !

Elle part et claque la porte. Si elle ne l'avait pas compris, effectivement c'est bien terminé entre eux et ça m'a l'air de l'être depuis un certain temps. Je me tourne vers Clayton et l'observe, détaille son corps. Je pensais qu'il était beaucoup plus fin, moins musclé. Maintenant en observant mieux je me rends compte que ses muscles sont légèrement dessinés. J'avais toujours une vision de lui tout fin, un vraie brindille mais je le fuyais toujours du regard quand il était là. Donc l'image que j'avais gardée n'était pas conforme à la réalité.

— Merci, tu me sauves.

Je ricane, autant se servir de la situation.

— Tu me dois quelque chose maintenant, je déclare.

— Parce que ce que tu as eu n'était pas suffisant ?

Je vois, il pense donc que j'ai envie de me jeter sur lui, comme si j'avais que ça à penser. À vrai dire c'est vraiment étrange, je n'en reviens pas qu'on se soit embrassés, encore plus pour lui sauver la peau.

— Si un jour j'ai besoin de quelque chose je m'adresserai à toi et tu devras m'aider.

— Ça marche. Maintenant retourne toi pour que je rattache ta robe avant que quelqu'un nous voit.

Je me mets dos à lui et ses doigts remonte la fermeture. Une fois debout, je lisse ma robe et coiffe mes cheveux avec mes doigts. Il remet son haut et se laisse tomber sur le lit.

— C'est quoi l'histoire avec cette fille ?

— Ça utilise le service ?

Je lève les yeux au ciel. Il ne rate jamais une occasion pour trouver quelque chose d'avantageux pour lui.

— Non mais vu que tu connais tout sur moi je pense être en droit de connaître la réponse à ma question. En plus je t'ai quand même sorti de cette situation.

— Ça faisait un mois qu'on était ensemble. J'ai commencé à vouloir la larguer y'a pas si longtemps, puis y'a eu Pélagie et à ce moment je lui ai dit que je ne voulais plus d'elle. Elle a pensé que j'étais perdu à cause de la situation. Et elle voulait rester avec moi, elle m'a dit de prendre du recul. Sauf que j'étais très clair, je ne voulais plus sortir avec elle.

Je pourrais penser que c'est cruel mais j'ai aucun avis sur la question. En plus, je suis dans le même cas que lui.

Je repense à notre discussion interrompue. Elle s'est tuée en portant des cadeaux que je lui ai fait ou des affaires que je lui ai prêtées. Qu'est-ce que cela signifie ? Ça montre que notre amitié l'a tuée ? Et si c'était le cas, et si elle s'est suicidée à cause de moi ? Je préfère ne pas y penser.

— Ta sœur, elle a laissé quelque chose ?

— Je n'en sais rien. Pas sur elle, quant à sa chambre personne ne l'a fouillée.

Elle n'a rien laissé. Mais j'ai besoin de réponses, j'ai besoin de savoir pourquoi. Je ne peux pas rester comme ça sans connaître les raisons qui l'ont poussée à bout. Et pourquoi s'être pendue avec toutes mes affaires sur elle ? Je n'arrive pas à me sortir cette image d'elle que je m'imagine.

— On peut aller dans sa chambre ?

Clayton ne répond pas et sort de sa chambre. Je le suis, mes muscles sont détendus sous l'effet de l'alcool et les joues réchauffées. On rentre en silence dans la chambre fermée. J'ai l'impression d'être dans un lieu religieux, sacré. Je m'approche de son bureau où repose un certain nombre de papiers, des cours, des interros, des tickets de caisse. Je soulève l'énorme pile et la pose par terre. On va examiner tout ça. Clayton ouvre les tiroirs et sors tout un tas d'objets, pochettes, cahiers et encore des papiers. Elle conservait absolument tout et n'importe quoi, ça ne nous facilite pas la tâche.

— Elle a forcément laissé une trace, je déclare. Elle n'a pas pu partir sans nous dire quelque chose.

— Tu le penses aussi ? On m'aurait pris pour un fou mais c'est Pélagie. Elle a forcément mis une note quelque part. Il doit bien y avoir quelque chose qui explique pourquoi elle a fait ça.

Sur ce point on est d'accord. Elle était heureuse à mes yeux, aux yeux de Clayton. Elle a dû écrire une lettre pour nous expliquer, je ne sais pas comment me justifier mais j'en suis sûre. Je la connaissais trop bien pour penser qu'il n'y a aucune trace de ce qu'elle a fait.

On commence à chercher et trier ce qu'on a mis par terre. Chaque détail est pris en compte, après avoir soigneusement observé toutes les enveloppes et leur contenu j'ai un pincement au cœur. Et si on ne trouvait rien ?

— Elle a laissé quelque chose de subtil s'il n'y a pas de lettres, commente Clayton.

Nous perdons tous les deux un petit peu espoir.

— On doit observer chaque objet en détail. Elle a forcément laissé quelque chose. S'il n'y a rien qu'une lettre tracée sur un papier, il faut le mettre de côté.

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant