Chapitre 6

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Je sors un sac de voyage de ma penderie. J'y mets le plus de vêtements possible. Mon sac se retrouve rempli de vêtements d'été pour le temps où nous serons en France et vers l'Allemagne. J'ai également mis des habits plus chauds pour la pluie et le froid qu'on pourra rencontrer dans les pays nordiques. La Suède n'atteint pas du tout les trente degrés même en été, c'est à peine si il en fait vingt de ce que j'ai vu.

J'emporte deux cahiers neufs aux pages blanches restées vierges ainsi que des crayons, stylos et gomme. Je prends également un appareil photo. Dans les cahiers je sais déjà ce que je ferai, je dessinerai des éléments que j'aime bien et qu'on verra. Dans un autre j'écrirai des mots, annotations, souvenirs... J'ai pris l'habitude de faire ça avec ma meilleure amie et je ne veux pas arrêter. Ça laisse des souvenirs que j'adore relire. En parlant de ça j'emporte avec moi les cahiers qu'on avait réalisés toutes les deux, je les relirai pendant les trajets en voiture. Peut-être que je découvrirai de nouvelles choses.

Je regarde l'heure sur mon téléphone. Clayton passe me chercher dans un quart d'heure. Je sortirai par la fenêtre : c'est un des avantages à avoir une maison de plain-pied. Je peux facilement sortir quand je ne veux pas me faire voir. Non pas que cela m'est arrivé un grand nombre de fois mais je l'ai déjà fait. Je regarde une dernière fois mon téléphone et l'éteins. J'en retire les cartes SIM et SD et les planque sous la moquette du placard. Si je pouvais soulever une latte de parquet ça serait mieux mais le sol est en parfait état.

Je ne peux pas prendre mon portable, je n'ai que dix sept ans et mes parents pourraient me chercher par le biais de la police. Ils en sont capables. Ainsi on pourrait me localiser. Il ne faut prendre aucun risque. Ces derniers jours, j'ai retiré une bonne dose d'argent avec ma carte, que je laisse aussi ici. Pas assez pour alarmer la banque mais assez pour pouvoir m'en sortir en plus de ce que j'ai volé dans le portefeuilles de mes parents et leur cachette, il y a également le reste de mes économies. Je dois être arrivée à presque mille euros.

J'ai enfin réussi à faire mon sac - j'ai compté chaque élément que j'emporte. Je passe tout en revu et examine ma chambre une dernière fois. Je compte le nombre de livres dans ma bibliothèque - quarante et un et essentiellement ceux que le lycée nous impose, je ne suis pas une grande lectrice.

Je ne sais pas dans combien temps on va revenir, pour les cours ça ne pose aucun problème je n'y vais plus depuis que j'ai reçu l'appel. Mes parents comprennent mon choc émotionnel important.

"Ce doit être une épreuve très dure et on comprend parfaitement ce que tu peux ressentir".

Ils ne comprennent pas.

Ce n'est pas dur, c'est affreux.

D'après eux j'y retournerai quand je me sentirais mieux. Mais jamais je ne remettrai un pied là bas. Je ne veux pas voir ces regards remplis de pitié, je ne veux pas qu'on me demande à tout va si ça va.

Vingt-deux heures. Je lâche le sac de l'autre côté de la fenêtre, mes parents ne devraient pas se rendre compte de ma disparition avant demain soir. Ils pensent que je dors. De plus, j'ai laissé un mot expliquant que je suis sortie pour la journée, que je suis allée prendre l'air. Tous les derniers événements m'ont chamboulés après tout. Je passe mon corps à travers la fenêtre et me voilà à l'extérieur. J'enjambe le portail pour éviter que le grincement les avertissent. Heureusement pour moi aucun voisin ne me voit faire le mur. Dans la plus grande discrétion, je me mets à marcher jusqu'au prochain carrefour.

Si Clayton se garait devant chez moi ça se verrait directement et mes parents entendraient la voiture. J'ouvre la porte et m'installe sur le siège avant. Je jette mon sac à l'arrière. Le voir m'irrite déjà, ça commence bien.

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant