Chapitre 29

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Clayton apparaît devant moi et me tend le gobelet de mon chocolat chaud. Il est allé aux distributeurs chercher des snacks. Je le remercie et attrape le récipient. Le liquide est brûlant et fume. Je le pose devant moi sur la table en attendant qu'il refroidisse un peu. Je regarde ce qu'il a acheté en plus. Un paquet de minis bretzels et un paquet de Goldbären.

— Tu sais que les oursons allemands sont meilleurs que les français.

Il hausse les sourcils, surpris par ma remarque.

— C'est la même chose, non ?

Je secoue la tête. Quand je voulais en acheter j'allais toujours dans une petite boutique de snacks et friandises internationales. Jusqu'à ce que le magasin ferme il y a quelques mois. J'étais l'une de leur seule cliente. Le seul point positif que j'en tire c'est que le gérant m'a revendu tout ce qu'il lui restait pour très peu d'argent. Il me reste donc encore des cartons de toutes sortes de bonbons et gâteaux allemands, américains, russes, portugais ou d'encore je ne sais où. L'un d'entre eux est rempli de sachets de Goldbären. Je devrais lui en donner quelques uns quand on revient.

— Il y a des différences de composition, une histoire de norme je crois. Les nounours allemands ont plus de goût.

— J'en avais aucune idée.

Il s'installe à côté de moi sur le canapé et se penche sur mon livre. J'ai dégoté un livre de Goethe qui est en train de m'obnubiler. C'est un recueil de tous ses poèmes, un vrai pavé. J'adore les lire. Je déteste la poésie française mais pour une raison que j'ignore cet auteur me fascine. J'ai découvert ses œuvres en cours d'allemand et depuis je saute sur n'importe quel livre avec marqué Goethe dessus.

— Tu lis quoi ?

Je soulève mon livre pour lui montrer la couverture.

— Goethe. C'est un célèbre auteur allemand.

— Ah oui, je connais le nom. J'ai entendu dire que c'est barbant. T'arrive à lire et à comprendre ?

Cette remarque m'arrache un sourire. Tout le monde dit ça. Je comprends parfaitement pourquoi. Je déteste tout autre type de poésie alors je ne suis pas étonnée que

— Oui. J'aime bien ce qu'il fait. C'est un recueil de ses poèmes.

Il pose ses yeux sur les pages de mon livre. Il ne doit pas capter un seul mot. C'est assez compliqué à comprendre. J'y arrive mais c'est parce que je ne sais que parler l'allemand. C'est ma première langue pour le bac alors que tous les autres ont gardé anglais en LVA.

— Lis moi en un. Je ne sais même pas comment ça se prononce.

J'ouvre celui que j'ai lu il y a quelques minutes : Über allen Gipfeln ist Ruh'. Je l'aime beaucoup, il est court et mignon. C'est de loin l'un des plus faciles à comprendre. Je prononce les quelques mots et relève la tête vers Clayton, une fois terminé.

— C'est pas la plus belle langue du monde, loin de là. Mais dès que c'est toi qui le prononce ça devient joli.

Je sens mes joues rougir. Je ne sais pas comment me placer par rapport à lui. Je ne sais pas si ça c'est juste innocent et qu'il me considère comme une seconde petite sœur, à protéger, à sauver alors qu'il n'a pas pu protéger Pélagie. Ou alors il me drague légèrement, il flirte. Mais je ne veux pas me faire de faux espoirs. Dans tous les cas, je ne suis pas en état de me lancer dans une aventure sentimentale. Même si j'en ai envie. Je ne vais pas bien et je ne veux être un fardeau pour quiconque. Encore moins Clayton. Il a beau être un vrai connard par moments, il est aussi adorable et réconfortant à d'autres. Il ne mérite pas de subir mes angoisses et mon caractère lunatique encore plus qu'il ne le fait déjà.

Pour PélagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant