BLOOD STORM

CHAPITRE 2

CHERYL

♫  In The End - Black Veil Brides  ♫

L'assemblée se disperse entre les concurrents et les spectateurs pour laisser place au départ. Le ronflement des véhicules puissants couvre la musique de rave party. Je vois le brun de tantôt prendre place dans une Ferrari, je ne sais pas vraiment pourquoi il prend le risque d'abîmer une voiture de la sorte. Je pense que si elle était à moi, je ne la sortirais même pas du garage surtout que c'est une marque qui surveillent de près ses détenteurs. Je me demande bien comment il a pu en obtenir une...

Divaguant parmi les intervenants, je vois Sybélia accompagner Alfret qui, lui, participe à la course et qui se place dans un véhicule derrière le brun dont j'ignore toujours le nom. Instinctivement, je prends peur et me dirige vers mon amie sur la ligne de départ, abandonnant un Paris penaud. J'ouvre sa portière sans ménagement et me mets à crier.

- Sybélia, il est hors de question que tu montes avec lui pour participer à cette course, c'est beaucoup trop dangereux !

Elle me lance un grand sourire.

- Ne t'inquiète pas, toi-même, tu l'as dit, Alfret me protège.

Elle referme la porte de la Porsche de sport et je me retrouve au plein centre de la route empêchant la course de commencer. La foule hurle ou me hue, je ne saurais dire. Je suis démunie et statufiée par son acte. L'ouverture d'une portière dans mon périmètre me fait tourner la tête et je perçois le brun d'auparavant, descendre furieusement de sa voiture située en tête de file, puis me jeter littéralement, sans délicatesse, côté passager de sa voiture après m'avoir attrapée le bras avec force. Je crois m'être cognée contre le battant car ma tempe me diffuse une douleur que je sais éphémère. À la suite de ça, il prend place derrière le volant avant même que je n'ai le temps de me remettre droite. Une fille se place entre les deux allées de véhicules, bras en l'air prête à lancer le départ tandis que je me débats médiocrement avec ma ceinture. Mon corps s'est résigné à assister à cette course et me protéger avant que mon subconscient ne l'accepte. Le conducteur fait ronronner le moteur et l'habitacle s'ébranle sous les coups d'accélération au point neutre. L'adrénaline monte dans le corps de tous ces gens à l'affût du spectacle. Seulement, à cet instant, il y a moi, complètement terrorisée. Puis, le paysage se met à défiler et un coup d'œil vers le compteur m'apprend qu'il a atteint une vitesse que jamais, auparavant, je n'ai gravie. J'ai un petit gémissement de peur, vite écrasé par ma main. Je m'autorise un coup d'œil sur le pilote dont la mâchoire est serrée et qui ne quitte pas la route de ses yeux verts, seulement, sans que je ne comprenne comment, un véhicule s'envole à une distance non préconisée pour finir sa chute dans un champ voisin. On peut apercevoir un brouillard de fumée, fumée qui s'étend sur la route alors que nous la dépassons sans s'y attarder. La peur s'éprend de moi un peu plus et je crois vraiment m'évanouir. Dans l'obscurité, la peur et tout autre sentiment qui déferlent en moi, je pense à Sybélia et espère que ce n'est pas la voiture d'Alfret.

J'aurais aimé dire que l'adrénaline de cette expérience inoubliable me donne le courage d'ouvrir les yeux. Mais c'est faux ! Ils sont cellés, fermés, barricadés par mes paupières, de toute vision susceptible de m'amener dans un état spasmodique alors que le conducteur ne semble pas beaucoup plus perturbé que sur le parking tout à l'heure. Bordel, dans quoi tu m'as fourrée Syb' ?

Une course illégale de voitures. Tu ne pouvais pas me demander de t'accompagner à une fête projet X, un bar de strip-teasers avec de faux papiers ou même une rave party... il a fallu que ce soit une course.

Je ne cache pas ma passion envers les bolides qui sont de véritables œuvres artistiques tant c'est une beauté à admirer. Toutefois, je n'ai jamais imaginé que je me tiendrai un jour en tant que passagère. J'aime idéaliser les choses dans un recoin de ma tête en sachant pertinemment que ça n'aura pas lieu. Ce ne sont pas des choses censées arriver dans ma vie !