CHAPITRE 30

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HOLLOW

♫ Somewhere Down In Texas - George Strait ♫

Je déteste ne pas détester Cheryl. Ma coccinelle a eu des difficultés à s'apaiser et à dormir quand nous sommes parvenus à rentrer dans la maison après sa tentative de fuite. J'ai dû laisser les interrupteurs allumés et nous avons dormi dans le salon. Elle dans le canapé et moi sur le fauteuil mais suffisamment près d'elle pour intervenir en cas de problème. Heureusement, Jamie s'est occupé sans mon aide de la divertir.

J'ai eu un mal fou à nettoyer mes plantes de pied nues recouverts du goudron récent qui a été posé sur la route mais c'était impossible pour moi de la laisser partir. de la laisser souffrir. Seule.

Je déteste ne pas la détester alors qu'elle refuse toujours de m'accompagner à ce bal auquel je dois me rendre pour en savoir plus à propos des Dullahans et espérer les piéger. Elle sera à la fois la cible facile mais également sous la meilleure des protections. La mienne.

J'ai pu interroger un des hommes qui a intenté à sa vie. Il n'était clairement pas net dans ses propos me baragouinant qu'il avait besoin de sa dose, que les Dullahans sauveraient le monde de truands comme nous et je n'ai rien compris quand il s'est mit à parler dans une langue que je ne comprenais pas. Il ne m'a rien apporté. C'est une balle qui l'a emporté. Je n'ai pas pris le temps de le considérer que je retournais à mes affaires... C'est-à-dire, essayer de tirer Cheryl dans ma voiture pour rejoindre cette soirée...Elle va me faire devenir chèvre.

Elle a passé ces deux derniers jours plongée dans son ordinateur et ses cours, les écouteurs vissés dans ses oreilles. Je n'ai presque pas eu l'occasion de la croiser si ce n'est lors de ses passages dans la cuisine. En réparant la fenêtre explosée, j'en ai profité pour faire réparer la climatisation de sa chambre si bien qu'elle ne la quitte plus. Sa porte reste légèrement entrouverte à ma demande mais je n'ai pas souhaité l'importuner.

J'attends depuis dix minutes qu'elle sorte de la salle de bain, assis sur le rebord de son lit pour qu'on puisse enfin prendre la route.

- Cheryl, je te jure que si tu ne sors pas immédiatement, je passe ton appareil photo par la fenêtre.

J'entends un cri de rage qui me fait sourire malgré moi. La porte s'ouvre à la volée et elle passe telle une furie devant moi dans un costume tailleur noir et une odeur délicieuse me picote le nez. Ses boucles brunes détachées de son chignon imparfait voltigent et j'ai simplement envie de tirer dessus pour les libérer. Je prends sa suite et la rejoint alors qu'elle est déjà installée sur le siège passager et nous roulons.

Les célébrations se passent à Austin dans un de ses grands hôtels qui possèdent des salles de réception plus grande que celles des châteaux européens, c'est-à-dire équivalent au périmètre de ma propre maison. C'est un monde guindé au possible et qui ne pense qu'à critiquer la moindre démonstration d'allure. Je suis reconnaissant à Cheryl de porter un ensemble qui se fondra dans la masse des costumes et des chapeaux texans tout comme moi. Elle n'en a pas démordu pour garder ses Doc Martens usées et je me dis que ça pourrait lui plaire d'en avoir de nouvelles pour son anniversaire, bien qu'elle soit très sentimentale des objets qui lui appartiennent, le plus précieux étant sans conteste son appareil photo.

Un portier l'accueil et le voiturier s'empare de mes clés de voiture. Je la rejoins sans avoir oublier de glisser le double des clés dans ma poche. Je ne prends pas la peine de crocheter mon bras au sien car sa mine ne dit rien qui vaille. Je sais qu'elle va détester ce moment.

- Essaie au moins de sourire. Dis toi que c'est une simple préparation pour ton exposition bientôt.

Elle semble réaliser qu'elle devra effectivement se confronter au même genre de gratin excentrique et constipé mais riche à souhait qu'elle devra séduire. Elle se met à murmurer pour elle-même :

BLOOD STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant