BLOOD STORM

CHAPITRE 17

CHERYL

♫ Still Waiting - Sum 41 ♫

La suite du repas ne m'a pas aidé davantage. Le fameux "traducteur" ne me traduisait que des blagues mexicaines que pouvaient sortir ses acolytes et qui étaient très souvent graveleuses. En même temps...j'aurai dû me douter qu'on ne m'apprendrai rien après ne pas avoir caché la non confiance que l'on pouvait m'accorder. J'ai finalement pris la décision de faire le tour du salon pour observer les œuvres d'art qui tapissent les murs. Je reste probablement trop longtemps devant le même tableau car je sens une présence en approche.

- Nous partons.

Son ton est toujours aussi cinglant et claque dans mes oreilles au contraire des chaudes conversations. Je me tourne néanmoins vers Eduardo pour lui adresser un signe de tête.

- Merci de votre hospitalité, bien que j'aurai préféré ne jamais vous rencontrer.

- Je vous retourne le compliment. Faites bonne route mademoiselle, puisse votre parcours se poursuivre à l'abri de ce monde qui est le nôtre.

Sans un regard en arrière, Hollow prend le pas en direction de la sortie et en bon soldat sous ses ordres, je le suis.

À l'approche de la voiture, il m'ouvre la portière passagère sous le regard des hommes de main du propriétaire des lieux. Je m'engouffre dans la Ferrari. Dans l'habitacle restreint du véhicule, son parfum me vient soudainement lorsqu'il s'installe avant de prendre la route. J'attends qu'il prenne la parole pour me disputer à la manière d'une gamine mais il doit comprendre que ce n'est pas nécessaire. J'ai suffisamment eu peur comme ça, encore plus que pendant la course...

Un silence pesant est abattu alors que je me détourne de lui pour m'installer confortablement prête à dormir.

- J'espère que tu mesures dans quoi tu viens de t'embarquer.

Il ne s'énerve plus. Ce n'est pas bon signe et je préférerai qu'il exprime ses émotions plutôt que cet air implacable qu'il a troqué depuis que nous sommes à El Paso.

- Tu n'avais qu'à ne pas me frapper !

J'entends le cuir du volant crisser sous sa poigne. C'est ça, c'est toi qui est en colère alors que c'est moi qui s'est fait frapper.

- Pathétique !

Il doit chercher à se détendre et évincer ses souvenirs tout en mettant un point final à la conversation en lançant la musique.... et il faut que ce soit celle qui m'a écarté de mon dernier cauchemar, je me souviens de cette mélodie. Je me souviens de sa voix qui la chante, de son aide, ce qui me renvoie à la chaleur que j'ai ressenti, l'apaisement et les paroles que je captais qui obnubilait mon esprit plus que la terreur du mauvais souvenir venu me hanter. Je fais ce cauchemar et d'autres bien souvent me sentant entrer dans les profondeurs de ma tête. Tête qui ne cesse de toujours penser au pire et dont mon corps, comme un surplein d'énergie, à besoin d'extérioriser et cela sans contrôle. Il faut arrêter ma tête pour arrêter mon corps. Pourtant, il n'a pas arrêté ma tête cette nuit-là, il m'a juste tendu la main pour en sortir et rentrer dans la sienne. Je n'ai toutefois pas encore trouvé de quoi elle est faite.

- Quand c'est arrivé...

- Je n'ai pas envie d'en parler.

En dépit de ce qu'il m'a fait, j'avais la volonté de le remercier mais finalement, n'est-ce pas un peu de sa faute ? À vouloir retourner dans le passé, m'apprendre des vérités que je ne suis pas prête à connaître et que je n'ai jamais eu la volonté de découvrir.