CHAPITRE 3

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CHERYL

Photograph - Nickelback

Ce matin, dès la première heure, je me suis précipitée d'appeler une dépanneuse jusqu'à ce que je me rende compte, en regardant par la fenêtre qui donne sur la rue, très peu animée le samedi matin, que ma voiture se trouvait dans l'allée du garage.

Je me rends auprès d'elle, m'attendant à trouver le moindre signe de fissure sur les pneus cependant, elle est indemne. C'est étrange, mais je suis ravie de retrouver ma vieille amie dans un état presque impeccable. Le principal est bien entendu qu'elle se trouve devant chez moi, peut-être que l'épisode de l'intervention du basané et du brun n'était qu'une illusion, un rêve.

Une fois remise de cette constatation, je m'affaire rapidement à mes habitudes puis me rends chez Sybélia dans le but de m'assurer qu'elle est rentrée en bonne et due forme. Mais j'ai rapidement la réponse lorsque celle-ci quitte l'habitacle de la Porsche de son petit ami alors que je suis à peine avancée dans sa rue. Je ne m'impose pas dans son appartement et décide d'aller me promener à pied, munis comme toujours de mon appareil photo reflex. J'ai la chance de pouvoir effectuer des études de photographie à Austin soit à une heure et demie en voiture de Llano. Aussi, je suis confrontée aux rumeurs incessantes des étudiants de toute l'université, travaillant pour le journal. J'ai rencontré Syb' lors de la cérémonie de rentrée consacrée à notre promotion. C'était une rencontre banale. On devait remplir les informations au bureau des étudiants et nous nous sommes rendu compte que nous vivions dans le même patelin. Bien qu'elle préfère, quant à elle, l'audiovisuel, ce qui ne m'étonne pas vraiment maintenant que je la connais, c'est une fille qui a besoin de mouvement. Je suis bien contente de l'avoir auprès de moi ma petite Syb'. Son petit ami, lui, c'est la musique. Ainsi, Alfret lui a fait connaître ses amis qui, pour la plupart, étudient dans des écoles privées et Syb' a voulu m'initier à ce mode de vie, les sorties, les amis, mais je n'étais pas et ne suis toujours pas ainsi.

C'est donc munie de mon boîtier que je vagabonde à l'afflux d'un élément intéressant, ce qui est le cas quand je contemple la façade d'une vieille bâtisse qui m'évoque les souvenirs d'une ou plusieurs générations antérieures. Je me faufile à travers un trou qui se trouve dans le grillage qui entoure le bâtiment afin de pénétrer dans un territoire inconnu. De hautes herbes constituent un jardin à l'avant de la demeure, si bien que par l'humidité récente, je suis trempée jusqu'aux cuisses, mais peu importe, je suis prête à tout pour une photo, cela me permet de tester mon taux de courage et de confiance en moi-même bien qu'ils soient très minces. J'atteins un angle parfait et prends quelques prises, deux statues se font profil et laissent place, au milieu, à l'entrée principale de la maison, au-dessus de laquelle est gravée une plaque de marbre blanc aux écritures latines dorées qui semble résister à l'air du temps, un cliché parfait, comme j'aime les appeler. Je continue d'inspecter les lieux qui me font penser à la structure d'une mini université jusqu'à ce que le ciel commence à se couvrir. Je cherche à m'abriter, mais je n'ai aucune confiance en cette demeure hiérarchique qui tombe probablement en lambeaux et qui au fur et à mesure du temps me fiche les pétoches. Je préfère faire demi-tour, à peine à l'extérieur de l'enceinte, une pluie battante prend part. Après seulement quelques minutes à courir, j'ai la certitude d'être trempée jusqu'aux os, encore heureux que j'ai mis au préalable mon appareil dans sa housse de protection.

À l'aide de ma capuche, qui ne sert pas à grand chose sur ma tête, j'erre en direction de mon « chez-moi » mais j'ai l'impression de m'éloigner plus que je ne m'approche. Après environ trente minutes, à bout de forces et complètement démunie, je m'assis en tailleur au bord de la route afin de reprendre mon souffle et de l'énergie.

BLOOD STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant