BLOOD STORM

CHAPITRE 11

CHERYL

♫ Can't Help Falling in Love - Tommy Profitt ♫

Je crois n'avoir jamais aussi bien dormi de ma vie que cette nuit. Ce lit n'est pas comparable à ma literie que maman m'a pourtant offerte à mon dix-septième anniversaire, remplaçant mon lit d'enfant une place contre un deux personnes mais la literie Ikea ne vaut pas la moitié de celle de Hollow. J'ai, toutefois, cauchemardé sur cette journée, la mort de papa. Ça m'est souvent arrivé durant mon adolescence mais mon deuil étant fait, ça s'est largement atténué jusqu'à ne plus en faire. Il a fallu que nous reparlions de lui récemment pour que ça vienne me hanter de nouveau.

Maman m'a souvent expliqué que des crises de somnambulisme pouvaient m'arriver où je prenais le réflexe d'allumer tous les interrupteurs des lumières de chaque pièce de la maison. Je n'ai jamais eu aucun souvenir. Il m'arrivait de lui déballer tous mes sentiments, lui décrire tout ce que je ressentais la nuit. Je n'ai jamais eu aucun souvenir. Il y a également eu des crises d'angoisse, des terreurs et de l'anxiété que je pouvais éprouver. Je n'ai jamais eu aucun souvenir.

Mon corps en étoiles de mer soupire par la fatigue que je ressens à l'idée de me sortir des couvertures pour une nouvelle journée. J'attrape mon téléphone qu'ils ne m'ont pas encore confisqué, bien heureuse. Sybélia m'a envoyé un message. Mon comportement d'hier a dû faire mouche ; me ramener à bord du véhicule de Hollow, lui adresser à peine la parole, et repartir avec Paris.

Sybélia : Meuf, qu'est-ce qu'il se passe ? Tu m'as à peine parlé depuis la course ? Il y a un problème ? Pourquoi tu étais avec Hollow hier ?

Je ne sais même pas si je suis censé lui dire la vérité. Je ne pense pas qu'Alfret l'ait déjà convoqué pour une conversation de la sorte. Elle mérite pourtant de connaître l'enchaînement d'événements qui me sont tombés dessus ainsi que cette histoire de gang pourtant je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est pour son bien si elle ne connaît pas ce qui me rapproche de près ou de loin à eux. Je ne veux pas mettre sa sécurité entre parenthèses. Moins elle en sait et mieux elle se portera.

Cheryl : Mes règles et une durite qui a pété sur ma voiture. Ça ne pouvait pas mieux tomber. Je n'ai pas les économies pour la faire réparer pour l'instant.

Sybélia : Oups ! Mauvais moment... Ça n'explique pas comment ça se fait que ce soit Hollow qui t'ait amené ?

Cheryl : Il se pourrait que je sorte avec son pote Paris. Il a utilisé sa voiture pour me ramener en cours.

Je me sens tellement mal de lui mentir. Je vais devoir amplifier le jeu avec Paris si je veux paraître crédible aux yeux de Syb'. Quel chantier ! Moi qui ne suis jamais sorti avec personne, ça va être génial de simuler un faux couple avec Paris. Heureusement, il est tactile et ça devrait suffire à vendre une relation aux yeux du monde.

Sybélia : QUOI ??? COMMENT ÇA S'EST PASSÉ ??? POURQUOI TU NE M'AS RIEN DIT ???

Sybélia : Je comprends mieux pourquoi tu t'es éclipsé... petite coquine !

Sybélia : J'EN REVIENS VRAIMENT PAS !!! MEUF, TU AS UN MEC !!!

Je laisse les messages s'afficher consciente de lui lâcher des vues mais je ne suis pas sereine à l'idée d'abuser d'elle. Mon téléphone finit par vibrer en affichant son visage en gros plan. Elle m'appelle... c'est bon, ma vie est terminée.

Je raccroche en me sentant encore moins capable de lui parler de vive voix.

Cheryl : Désolé, je t'appelle plus tard, je suis avec lui.

Sybélia : QUOI ?? VOUS AVEZ COUCHÉ ENSEMBLE ??

Oh non ! Mon cauchemar persévère. Qu'est-ce qu'il m'a pris de dire ça ? Je ne pouvais pas simplement lui dire que j'étais à la douche...

Chéryl : Non, il est passé me chercher pour aller bruncher.

Plus crédible, c'est ça ! Ne dépassons pas les étapes. Je rejette mon téléphone plus loin, comme si ça allait rejeter le problème. Un soupir m'échappe tandis que ma tête se projette dans l'oreiller avant de hurler. Je n'entends pas les pas mais il y a bel et bien une main sur mon crâne. Je me relève en poussant un cri et mes yeux font le focus sur Monsieur Muscles alias Paris.

- Bonjour ma belle ! Bien dormi ?

- Bonjour... oui je n'ai jamais aussi bien dormi !

Ses lèvres s'étirent en un sourire ravissant qui laisse échapper un rire tandis que son corps se pose près de moi sur le dit lit en faisant tout de même attention de conserver une certaine distance. Je crois qu'il s'abstient de me reparler de la nuit dernière et je le remercie intérieurement de cette attention.

- Tu es ravissante au réveil.

Je comprends son sarcasme et lui attribue une tape qui doit lui faire l'effet d'une mouche.

- Ce n'est pas très gentil.

- Tu ne savais pas que les membres d'un gang ne sont pas très souvent gentils.

Un râle m'échappe alors que je veux de nouveau enfouir ma tête dans l'oreille. Je suis une autruche ce matin. Il me tapote la cuisse, ce geste me fait tressaillir alors même qu'il n'a pas touché ma peau les couvertures me recouvrant encore. Je n'ai jamais eu ce genre de réaction avec d'autres garçons alors même que j'ai pu prendre des photos de modèles masculins nus que j'ai pourtant placé et donc toucher pour avoir les bonnes positions. Ce doit être le cadre qui était différent, c'était purement professionnel alors que là...

- Tu viens déjeuner ?

- Oui... En parlant de déjeuner, on a un problème !

- Quel problème ?

Il fronce les sourcils soucieux et je crois percevoir un brin de l'expression sérieuse qu'il peut prendre lorsqu'il doit affronter ses rivaux. Son visage n'est clairement plus le même. Je crois voir se matérialiser l'attitude du chef.

- Sybélia !

Il m'interroge du regard en oscillant un sourcil pour m'inviter à continuer.

- Ce matin elle m'a envoyé des messages et je lui ai annoncé que j'avais eu un problème avec ma voiture et que c'est la raison pour laquelle la voiture de Hollow m'a amené mais elle a insisté et j'ai dû lui dire qu'on sortait ensemble. Je n'aime vraiment pas lui mentir. Je ne sais pas si j'y arriverai en face-à-face. Je ne suis pas douée pour les jeux de rôles. En plus elle a essayé de m'appeler et elle a cru qu'on avait couché ensemble car j'ai dit que j'étais avec toi...

J'allais enchaîner de nouveaux mais il a posé ses mains sur mes épaules, les yeux dans les yeux en prenant une grande respiration que j'ai suivie.

- Ok, tu vas me laisser faire. Tu as parfaitement exécuté le plan pour le moment. Tu vas te remettre un peu en ordre, on va descendre déjeuner et ça sera l'occasion parfaite de poster une petite photo de nous sur les réseaux.

- Mais, vous aviez dit que les Dullahans étaient à ma recherche ou je ne sais pas quoi.

- C'est trop tard dans tous les cas, ils t'ont vu et ont essayé de t'attaquer une fois. Ils savent qui tu es mais en nous ayant sur le dos, ils ne risquent pas de t'atteindre. C'est la raison pour laquelle on te laisse aller à la fac et avoir ton ordi et ton téléphone. Surtout que Grimm s'est assuré que ton adresse ip change toutes les heures et que tu sois intraçable pendant que tu étais au QG.

- Je n'avais pas mon ordi au QG.

- Ne doute pas des capacités de Grimm ! Allez debout marmotte.