CHAPITRE 13

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CHERYL

Rude - MAGIC!

Malgré sa description comme un film de pleureuse, j'avoue qu'il a fait l'unanimité dans notre groupe. C'était vraiment une belle histoire qui a réussi à me mettre les larmes aux yeux.

Dès que Paris a eu terminé d'engloutir son seau de pop-corns, il a monopolisé ma main gauche tout le reste du visionnage en y administrant de douces caresses. C'était une des sorties cinés les plus agréables que j'ai pu vivre. Ma confiance s'est mue en lui et j'ai instinctivement posé ma tête sur son épaule. On ne se connaît pas beaucoup mais cet homme est particulièrement doué pour instaurer une aisance auprès de ceux qu'il fréquente.

Nous nous sommes séparés sur le parking après le film et mon faux petit ami a eu la bienséance de passer chercher des pizzas - quatre fromages pour moi et pepperoni pour lui - avant que nous ne rejoignions le QG.

Il m'a demandé de fermer les yeux une partie de la route pour ne pas en savoir trop sur le lieu de l'emplacement du QG dans le cas le plus sordide qu'il puisse arriver. J'ai compris son intention et n'ai pas voulu poser plus de questions.

Une odeur délicieuse émane des pizzas en plus de réchauffer mes cuisses sur lesquelles elles sont posées et une musique de Magic! - Rude pour être précise - procure une atmosphère décontractée que je n'ai pas envie de rompre pour le moment.

Le téléphone de Paris sonne et indique Hollow.

- Ça doit être pour me dire de me bouger les fesses pour te ramener ! On a pris un peu de temps à cause des délicieuses dames que tu tiens sur tes cuisses.

Je comprends qu'il ne tient pas à répondre afin de ne pas plomber l'ambiance dans laquelle nous nous trouvons. Les yeux toujours fermés, je ressens enfin les chaos de la route qui me rappellent mon arrivée au hangar.

- Tu peux ouvrir les yeux, on arrive.

Plusieurs véhicules semblent encercler le bâtiment et cela n'a pas l'air de perturber Paris.

- Pourquoi y a-t-il autant de voitures ?

- On nettoie les voitures une fois par mois donc on les sort et on change également les plaques d'immatriculation assez régulièrement.

Je le vois appuyer sur un bouton qui active l'ouverture automatique des portes qui mènent à la partie garage. Nous y pénétrons et Hollow s'y tient, face à deux hommes. Tous trois tiennent une arme en main et ce n'est pas pour me rassurer.

- Ne descends pas tant que je ne te l'ai pas dit.

Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il quitte le véhicule et prend son arme en main. Je ne pense pas que ce soit des membres du gang au vu de l'échange et du regard du chef des Blood Storm. La musique circule toujours dans le véhicule qui m'empêche d'avoir accès à la conversation et ce n'est pas plus mal. Un regard circulaire me rapporte que les véhicules de l'extérieur ne sont pas ceux décrits par Paris.

Pitié, qu'il n'y ait pas de coups de feu !

Un des hommes se tourne vers moi et je n'ai pas le temps de détourner mon regard. Il n'est pas beaucoup plus vieux qu'Hollow mais ses mains tremblent. Je n'arrive pas à distinguer la couleur de ses yeux ni même la teinte foncée de ses cheveux à cause des lumières du garage.

Un coup de tête en ma direction est lancé et alors, Hollow et Paris se raidissent en prenant tous deux un regard d'autant plus noir. Une arme est plantée vers mon ami et je sors de la voiture en abandonnant les pizzas sur le siège conducteur. Je suis pointée maintenant. Mains en l'air, je ne sais pas trop quoi faire.

- Laissez-là ! Ce n'est qu'une pute que mon bras droit se tape.

C'est Hollow qui a dit ses mots et je suis choquée, autant par ce qu'il vient de dire que son air détaché, pas perturbé pour un sou. Mes yeux sont près à sortir de leurs orbites mais ça suffit apparemment à faire baisser les armes.

- Je suppose que ça ne te dérangerait pas de partager ! Dit l'homme qui m'a lancé un regard.

- Je te la laisserai quand j'en aurai terminé. Répond Paris d'une voix grave que je ne lui connais pas.

- Dommage que je doive rejoindre L.A ce soir. Tu me garderas un bout pour la fois prochaine.

Ils se tournent définitivement vers moi et je remarque la ressemblance entre les deux. Des jumeaux. Ils avancent et plus ils se rapprochent, plus je me colle contre le véhicule. Le seul à avoir parlé se détache pour me faire face. Un mètre nous sépare. Je me sens vulnérable et il le ressent. Sa main passe dans mes boucles et me cajole la joue avant de se détourner un sourire en coin au bout des lèvres. C'est immonde, ça me donne envie de vomir d'être considérée comme un simple objet.

Une fois disparu, Paris se rapproche de moi mais je tends la main en signe de stop.

- Je ne suis qu'une pute c'est ça ? C'est ce à quoi je dois m'attendre à être rabaissé alors même que je n'ai jamais couché avec qui que ce soit ! Merci.

Je les détourne pour rejoindre le fond du garage où j'espère avoir la paix sans me prendre de remarque désobligeante.

- C'était une simple excuse pour éviter qu'ils ne devinent eux aussi qui tu es.

La silhouette de Hollow se tient à dix pas et j'ai l'impression que la distance n'est pas encore assez creusée.

- Ramène-moi. Chez moi.

- C'est hors de question.

Il n'a aucune émotion. Il est froid. Il est une ombre face à la lumière.

- Monte dans la voiture.

Les feux de la Ferrari clignotent une fois m'informant qu'elle est ouverte. Je réfute d'un mouvement de tête. Paris vient se placer à sa suite.

- Pardon. C'était nécessaire.

- Nécessaire tu dis ? Vous y pensez vraiment à ce qu'il m'est nécessaire en ce moment ?

Les poings de Hollow se serrent et il ne me laisse plus le choix de la manière douce. Je le comprends quand il vient me surpasser pour attraper mon bras et me tirer. Je cherche à m'en défaire et le frappe de plus en plus violemment alors qu'il me traîne. Je finis par lui cracher à la figure ce qui n'empêche pas mon entrave. Je recommence et cette fois sa main rencontre mon visage. La gifle qu'il m'inflige fait écho dans le garage et je parviens enfin à me libérer. J'ai la figure qui chauffe sous l'effet du coup et je suis d'humeur meurtrière.

- Ne tente pas de recommencer car je ne serai plus aussi clément.

- Parce que c'est clément de me gifler ! Bravo ! J'ai hâte d'en faire part à ma mère.

Il grogne et me balance sur son épaule d'un mouvement vif avant de m'expédier à toute vitesse dans sa voiture qu'il verrouille aussitôt. Son poing rencontre le mur pour évacuer sa colère tandis que la mienne s'acharne sur l'ouverture mais en vain. Le chef se dirige déjà vers la porte qui mène à l'intérieur me délaissant. Dans un dernier espoir je tente l'ouverture des vitres et la conductrice se dévoile lentement. Ni une, ni deux, je passe par la fenêtre pour me cacher. Hors de question que je rentre avec cette ordure. Je vais dans le coin le plus acculé du garage en tentant d'ouvrir chaque véhicule. Un Hummer est déverrouillé et je ne tarde pas à m'immiscer dans le coffre dans lequel je m'écroule derrière d'énormes caisses.

Ma joue en feu me lance et je m'applaudis intérieurement de ne pas avoir flanché en crise. Putain de mafieux de merde.

BLOOD STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant