Chapitre 11 : Alba.

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tw : sujet aborder dans ce chapitre pouvant heurter la sensibilité, provoquer une réaction, potentiellement traumatisant : le viol. Merci de votre compréhension, 

BONNE LECTURE

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>< Alba ><

Elle me sourit tristement, mais je n'ose même pas la regarder dans les yeux. Je ne veux pas affronter son regard désolé pour moi. Je refuse. Quand c'est non, c'est non. Pas vrai ? Non c'est faux, comme toujours. Je suis obligé d'affronter ça. De rencontrer son regard désolé et peiné pour moi. Je le dois. Obligation. Toujours.

- qu'est-ce qui t'es arrivé ce jour-là Alba ?

Vous vous demandez sûrement comment j'en suis venue à lui raconter toute ma vie depuis son départ ? Facile, une bouteille de vin blanc, une mère sobre et trop curieuse, une femme détruite mentalement. Plus qu'elle ne l'imaginait en fait.

- papa m'a demandé d'aller faire un tour dehors car je venais de me disputer violemment avec mes demi-frères. Je me suis un peu éloigné de la maison...

J'avale ma salive à plusieurs reprises, serre fortement la main de ma mère. Nous sommes sur le canapé, côte à côte. Vu que je suis un peu bourré, je ne réagis pas à cette proximité, mais je pense que demain, je vais vite regretter.

- un homme m'est tombé dessus dans une rue déserte. Je n'ai pas vu son visage car il ne m'a pas laissé le choix d'être dos à lui tout le temps de sa petite affaire. J'étais faible Célia. Si faible que lorsque je me suis débattus, il n'a même pas bronché un peu. Je pense que mon état aurait été pire si j'avais perdu ma virginité avec mon violeur, j'essaie de survivre avec ça...

- ton père est au courant ?

- non, je suis rentrée, je me suis douchée pendant une heure et je me suis enfermée dans mon placard pour dormir. J'avais peur que papa vienne me voir et qu'il découvre les bleus que m'a laissé cet homme. Ce jour-là, j'étais venue juste pour dîner mais je ne voyais mal repartir dans mon état.

- alors il n'en sait rien ? Comment as-tu fait pour vivre normalement ?

- justement, j'ai changé radicalement ce jour-là. Je me suis enfermé dans le travail, à l'université j'ai perdu mes amis, je bossais comme une dingue et très tard pour éviter de sortir dehors. Quand je n'étais pas enfermé à la bibliothèque, j'étais à la maison, dans mon bureau. Je peignais énormément avant, mes peintures se sont vendues dans tout le pays. Mais j'ai arrêté de peindre, car à chaque fois que j'imaginais ma prochaine toile, j'essayais de voir le visage de mon agresseur ou pire encore, de peindre mon mal être.

Un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Revivre ces moments me fait atrocement bizarre. Comme si ça n'avait jamais existé mais que ça m'a fait mal. C'est définitivement loin derrière moi. Je ne pleure même pas, c'est pour dire.

- qu'est-ce que tu voyais quand tu imaginais ta douleur ?

- du orange foncé, presque noir même. C'était comme un feu gigantesque.

- et maintenant ? Qu'est-ce que tu vois quand tu essaies de peindre tes émotions ?

Je me rappelle alors ma peinture d'hier soir. Celle que j'ai fais avant d'être complètement bourré. Je me lève d'un bond. L'alcool n'a pas totalement disparu de mon corps, j'ai la tête qui tourne. Je la tire avec moi jusqu'à mon atelier.

- ah oui la classe ! Tu as un vrai attirail ici.

- fais pas attention aux poussières, je l'ai condamné pendant longtemps cette pièce.

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