Ma secrétaire, cette détraquée

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Love is when other person's happiness is more important than your own.

L'amour, c'est quand le bonheur des autres est plus important que le vôtre.

Ma nuit a été aussi affreuse que ma journée d'hier. J'ai eu du mal à m'endormir et je me suis réveillée avec une migraine affreuse. Quand je sors de ma chambre pour aller à la cuisine, je vois Shasha déjà prête pour le travail entrain de se faire une tasse de café.

— Bonjour Elia.

— Bof !

Je ne suis pas vraiment d'humeur à supporter ma cousine aujourd'hui, je ne suis d'ailleurs d'humeur à supporter personne.

— Merci de me dire aussi bonjour, et oui j'ai bien dormi.

— Lâche-moi le cul Shasha, j'ai eu une journée pourrie.

— Et une nuit pourrie aussi apparemment. On peut savoir ce qui ne va pas ? Tu n'as pas eu le poste ?

Si seulement ce n'était que ce stupide poste. Si seulement ce n'était que le fait de devoir supporter ce crétin de Monsieur bite. Mais non, il y'a Hunter dedans, il y'a notre amitié. Et je comprends à sa question qu'il ne lui a pas fais part de la situation. Sa maturité est l'une des choses que j'aime le plus chez lui. Si malheureusement c'était moi à sa place, j'aurai déjà raconté ça à tout le quartier.

— Ce n'est pas ça, je l'ai eu ce poste. Mais je veux savoir une chose, est-ce que je suis égoïste ?

— Oui, tous les jours tu ne penses qu'à toi, mais ça je pensais que tu le savais déjà.

On peut dire que niveau « franchise »ma cousine ne se moque jamais de moi. J'avais tellement envie d'entendre un « non » pour croire que c'est Hunter qui a tort. Que c'est lui qui me juge trop durement. Que je ne suis pas une putain d'égoïste. Je n'ai pas l'habitude de demander pardon, je ne le fais même jamais. Je fais toujours tout pour que les autres se reprochent de quelque chose et qu'eux finissent par s'excuser. C'est la première fois qu'Hunter est aussi dur avec moi, la première fois que lui et moi on se fâche vraiment. La plupart du temps, il balaie tout ce que je fais d'un revers de la main et sourit avec moi le lendemain. C'est déjà une habitude pour moi, faire du mal et attendre que l'autre me pardonne.

— Est-ce que je suis aussi méchante Shasha ?

— Très méchante même. Tu ne prends pas la peine de mesurer tes paroles et même tes actions. Il n'y a que toi qui compte et pas les autres. Tu passes ta vie à faire du mal aux gens et même à ceux qui ne méritent pas ta méchanceté. Si moi j'arrive à vivre avec toi c'est parce que je fais des sacrifices.

— Je ne le fais pas volontairement.

— Bhein voyons. Quand par exemple tu te lèves le matin et fais ton petit-déjeuner, tu ne penses pas que moi aussi je pourrai avoir faim. Tu fais pour toi et tu t'en vas, et tu ne prends même pas la peine de nettoyer. On a une ménagère c'est vrai, mais elle n'est pas payée pour nettoyer toute la merde que toi tu laisses derrière. Et puis, tu sors de ta bouche des mots qui font mal sans te soucier de ce que l'autre ressent. Alors oui, tu es méchante et tu es clairement égoïste.

Ses mots entrent et sortent de mes oreilles comme un courant d'air. Leisha a toujours été sincère avec moi, et si je voulais que quelqu'un me mente je serais allée voir une autre personne. Je me rends bien compte que j'abuse de sa générosité à elle aussi. C'est sa maison, c'est elle qui paye les factures et tout ce qu'on mange, elle paye également mon transport à chaque fois que je sors. Elle fait tout et je ne lui ai jamais rendu ces efforts d'une quelconque manière.

— Tu m'en veux pour toutes ces choses ?

— S'il fallait que je me fâche contre toi pour chaque chose que tu me fais, toi et moi on ne se parlerait déjà plus depuis longtemps. J'apprends à pardonner aux autres, tu devrais essayer. J'apprends aussi à demander pardon, cherche ce que ça veut dire sur le net.

Elle est tellement dure dans ses propos, tellement méchante. Et j'ai tout de suite l'impression que dans tout ce pays de merde, personne ne m'aime. Enfin, personne à part Hunter. Et je me suis embrouillée avec la seule personne qui en avait réellement quelque chose à faire de moi.

— Je ne me comporte pas tout le temps méchamment.

— C'est vrai, mais tout le temps tu es égoïste. Je vais prendre un autre exemple. Tu as horreur de la promiscuité, ce qui fait que chaque jour pour sortir tu prends le taxi et pas le métro comme la plupart des gens. Et qui paye ce taxi ? C'est bien sûr moi. Et crois-moi ça ne me dérange pas de le faire, j'ai suffisamment d'argent et ça ne me coûte rien. Mais quand moi je te demande de m'aider avec une petite chose, tu refuses en prétextant être occupée. Est-ce que tu sais seulement ce que signifie être occupée ? Moi je suis occupée. Je suis sous pression au travail avec mon père qui attend tellement de moi, à la moindre erreur j'ai droit à des réprimandes. Et pendant ce temps, qu'est-ce que toi tu fais ? Tu fais la fête dans une boîte de nuit et tu rentres complètement saoule, pour dépenser encore le lendemain, un argent que moi je gagne durement.

— Tu ne m'as jamais dis que me donner de l'argent est un problème pour toi.

— Ce n'est pas un problème Elia, parce que je t'aime et c'est ce qu'on fait quant-on aime quelqu'un. On met de côtés nos propres envies pour faire plaisir à cette personne. On la supporte même si elle a les pires défauts du monde. On la console quant-elle est triste et on lui fais des petits cadeaux même quant-on a dû faire un prêt. Ces petits gestes comptent énormément mais ça toi tu ne le sais pas. Tu ne penses toujours qu'à toi.

— Pourquoi tu es aussi méchante ? Tu as gardé tout ça dans ton coeur pour me balancer ça maintenant ?

— Pour évoluer il faut savoir pardonner et c'est exactement ce que je fais avec toi Elia. Donc non, je n'ai pas gardé ça dans mon coeur. C'est toi qui m'a posé la question et je t'ai répondu sans aucun détours. Tu me connais, je dis toujours ce que je pense. Et même si ça peut te blesser, c'est la simple et pure vérité.

J'ai toujours l'impression d'être jugée, j'ai toujours la sensation d'être le sujet des nombreuses moqueries. Pourquoi c'est toujours Elisabeth POTIN l'aimant à problèmes ? Le vilain petit canard ? Le mouton noir ? C'est pour ça que je déteste me faire des amis, considérer les gens. Ils finissent toujours par me juger, par me critiquer. Critiquer mes actions parce qu'elles sont différentes des leurs. Me juger parce que d'après eux je suis trop bizarre. Mais est-ce que être contre les normes sociales fait forcément de moi une tarée asociale et méchante ?

— C'est toujours plus facile de voir que c'est moi la gosse à problèmes, personne n'est parfait.

— Tu vois encore ce que tu fais ? Tu nies tout et tu rejettes le tort sur moi, ce n'est que ça que tu sais faire. Tu voulais savoir qui tu es et je te l'ai clairement dit. Maintenant à toi de voir si tu vas encore fuir la réalité, ce qui ne me surprendra pas, ou enfin assumer tes erreurs et demander pardon, mais cette fois-ci, sincèrement.

— Est-ce que tu es fâchée contre moi ?

— Non Elia, pas moi mais sache que beaucoup d'autres personnes oui. Des personnes qui n'ont pas appris à te connaître et à vivre avec toi. Moi je ne t'en veux pas, mais je ne serai pas contre un changement. Car même si ça peut te paraître brusque, tu es toxique et manipulatrice la plupart du temps. Tu te sers des autres sans aucune honte pour assouvir tes propres désirs. Tu mens plus que tu ne respires et tu es une grosse feignasse incapable de se bouger unpeu.

— Tu sais bien ce qu'on dit, les mauvaises habitudes ont la vie dure.

— C'est « les mauvaises habitudes ont la peau dure » Elia. Bref, je serai en retard au travail on se voit le soir.