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It's so hard to smile when you have a thousand reasons to cry.

C'est tellement difficile de sourire quant-on a mille raison de pleurer.

Je ne sais pas ce que je compte dire à Hunter pour expliquer pourquoi je ne lui ai pas fais signe. J'étais peut-être occupée mais un appel ne m'aurait pas tuée, surtout si nous sommes vraiment amis. Ça fait cinq minutes que je frappe à sa porte et je me demande s'il sait que c'est moi et ne veut pas ouvrir, ou s'il n'est simplement pas là.

— Hunter c'est moi, Elia la garce. Tu m'en veux et je peux très bien le comprendre, je me suis comportée en merde. S'il te plaît, laisse-moi entrer pour qu'on puisse en discuter.

Aucune réponse.

— Tu ne veux probablement rien entendre mais je me suis mal conduite et maintenant je le sais. Ouvre s'il te plaît.

Je ne sais plus quoi faire, alors je m'assois sur le pas de sa porte et laisse mes larmes couler. Je me sens plus qu'une merde et je ne sais pas quoi faire pour que ce sentiment passe.

— Hunter ouvre s'il te plaît.

Aucune réponse.

— Titi.

Toujours rien.

Toute ma vie s'est toujours résumée en un seul mot : Tristesse. Ma mère m'a abandonné à ma naissance et toute ma vie j'en ai souffert. Chaque fois que j'essayais de me faire des amies, toutes finissaient encore par m'abandonner. Je pensais que c'était à cause d'elle, que personne ne pourrait m'aimer après qu'elle soit partie. À chaque fois que je voulais être gentille avec une fille, elle se moquait de moi, du fait que ma mère n'ait jamais été là. Elle se moquait également de mon appareil dentaire que j'avais au collège, à cause de mes dents très fragiles à l'époque.

Les filles de mon lycée avec qui j'avais essayé de nouer des liens m'avaient abandonné. Elles m'enfermaient dans les toilettes, collaient des chewing-gum sur mes fesses, et dessinaient sur mon front pendant que je dormais. J'avais honte de me changer en public parce que j'étais grosse. J'avais honte de sourire parce que j'avais un appareil. J'avais honte de vouloir être aimée parce que ma salope de mère ne m'aimait pas. J'avais honte de sortir avec un garçon parce que tous se moquaient de moi. Et quand j'ai essayé avec un, il s'est foutu de ma gueule.

Voilà pourquoi je suis restée vierge, voilà pourquoi je n'ai pas tenté l'expérience comme la plupart des filles au lycée. Pour eux j'étais comme la peste, j'étais la grosse de service dont la mère était partie étant bébé. Soit il m'approchais pour se moquer de moi, soit il fuyait en me voyant. Quand je suis arrivée en première année à l'université publique d'Atlanta j'ai décidé de changer. J'avais ma propre volonté et je vivais déjà seule. J'ai décidé de ne plus me faire souffrir parce que les autres ne m'aiment pas, j'ai décidé de faire souffrir les autres parce qu'ils ne m'aiment pas.

J'ai maigris et je suis quittée de 95 kilo à 65, un grand exploit pour moi. Aujourd'hui je me rends compte que les choses ont changées pour moi. Avant je n'avais personne, je ne pouvais que compter sur moi. Mais ces deux dernières années, j'ai pu compter sur Shasha à chaque fois, et Hunter n'en parlons pas.

— Je sais que je suis une garce, je sais que tu as toujours été là pour moi. Comme la fois où j'ai pas arrêté de péter en classe, tu as dis à tout le monde que c'était toi alors que tu n'étais même pas là. Ce n'était pas crédible et personne n'y a crû parce que de un on ne faisait pas la même classe, et de deux personne ne t'a vu à côté de moi. Mais tu as été là cette fois et tu as tout fais pour me protéger des moqueries des pétasses de ma salle qui m'appelait déjà « Lady pets. » Et ça tu vois Hunter, c'était une grande preuve d'amour.

S'il fallait que je cite les nombreuses mauvaises choses que j'ai fais, je n'en finirais pas malheureusement. La vie a été une merde avec moi et j'ai été une merde avec les autres. Félicitations à toi Maria Bogota WILLIAM, tu m'as fais plus réfléchir que toutes les fois où j'ai passé des examens. Tout le monde m'a toujours pris de haut mais pas elle. Elle n'a jamais vu que le bon côté en moi, et elle a même sauté par la fenêtre pour venir me chercher quand j'étais enfermée dans leur chalet.

— Je suis sûr que tu l'aimerais beaucoup Titi, Bogota est celle que tu souhaites que je sois. Mais tu sais que je ne pourrais pas arrêter d'être méchante sans toi. J'ai besoin que tu m'aides à changer parce que même quand je décide de ne plus l'être, le mal remporte sur moi. Tu as un bon coeur et je ne te mérite pas.

Je nettoie les larmes qui ont coulées sur mes joues et me résigne à m'en aller. Sois il n'est pas là, sois il ne veut toujours pas me parler. Je prends alors mon calepin et un bic dans mon sac, et me mets à écrire ce que je ressens et que je ne pourrais pas lui dire aujourd'hui.

« Hunter, non qu'est-ce que je raconte ? Titi.

Je suis nulle je sais. Je ne te mérite pas, et ça toi aussi tu le sais. Mais ce n'est pas ça qui nous a séparé et je ne souhaite pas que ça commence maintenant. Trois jours sans t'appeler pour m'excuser de mon comportement grotesque et d'avoir utilisé une aussi belle personne que toi pour me venger d'une mauvaise. Tu as raison sur plusieurs points, je suis toujours entrain de me plaindre de ma vie de merde sans même chercher à savoir si ta vie à toi n'est pas recouverte de la même merde. Je suis une putain d'égoïste, une arrogante, une rebelle, une alcoolique paumée, et même une grosse mytho.

Je me plains chaque jour des filles sans coeurs alors que moi aussi je suis comme elles. Peyton m'a fait souffrir et je t'ai utilisé pour la faire souffrir, j'ai menti et je n'aurais pas dû te le cacher. C'est comme ça que j'ai fonctionné toutes ces dernières années, il n'y avait que moi qui comptait. Et je le regrette beaucoup.

Une amitié à sens unique est pourrie et ça je ne l'avais pas encore compris. J'ai pensé qu'être égoïste et ne penser qu'à moi m'aiderait à fuir un seul et même sentiment : l'amour. Parce que oui, j'ai peur d'aimer, j'ai peur de souffrir. Mais peut-on aimer sans souffrir ? Je ne pense pas. Aimer c'est pleurer, rire, sourire, crier, l'amour va de paire avec la tristesse. Si donc je souffre maintenant cela veut dire que je t'aime, même beaucoup. Je sais que cette lettre est nulle, mais tout ça c'était pour te dire que je suis désolée, désolée d'être une putain d'égoïste. S'il y'a bien une chose qui est vraie, c'est que tu es plus qu'un ami pour moi, tu es un frère.

La chieuse qui t'aime fort.

                     Elia. »

Ma secrétaire, cette détraquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant