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Nothing is easy but everything is possible.

Rien n'est facile mais tout est possible.

— À cette période là, j'avais 18 ans et je venais de perdre mon grand-père. J'étais assez déboussolé parce qu'il était le seul à me comprendre dans cette famille, il débordait de gentillesse et de générosité. C'est quand nous sommes allées chez lui pour faire du rangement dans ses affaires que j'ai rencontré la cinglée, c'était la fille de sa femme de ménage. Nous avons passés deux mois dans la maison de mon grand-père, mais il n'a fallu qu'un seul pour qu'elle me plaise. Je n'étais pas encore cet homme qui classe tout le monde par catégorie.

Il prend une pause avant de continuer d'une voix triste :

— C'est elle qui m'a changé. Je la pensais innocente et naïve, je pensais que moi aussi je lui plaisais, mais tout n'était que mensonge et fourberie. La cinglée avait tout préparé depuis le début avec le soutien de sa mère. Mais tu vois, je n'avais pas vu venir ce plan machiavélique. Elle était avec moi uniquement pour l'argent et pour s'élever dans la société. Pendant presque trois ans je suis sorti avec elle, et je lui donnais tout ce qu'elle voulait, elle en a profité pour amasser de l'argent dans les comptes en banque. Et dès qu'elle en a eu suffisamment pour créer sa propre entreprise, elle m'a quitté et m'a dit qu'elle n'était avec moi que pour l'argent. Pendant pratiquement trois ans, elle a joué le jeu et faisait semblant d'avoir des sentiments pour moi, elle m'a dupé pour avoir ce qu'elle a toujours souhaité, le pouvoir.

— Et quand tu dis que sa mère avait tout planifiée, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est elle qui a tué ton grand-père ?

— Tout le monde pensait que c'était elle, mais on a jamais eu de preuves concrètes pour l'incriminer. Mais ce que je sais c'est qu'elle a dit à la cinglée que toute notre famille serait là pour le deuil, et qu'elle devait me faire du charme afin que son avenir soit assuré, elle s'est bien moquée de moi.

Il ne semble pas encore avoir fait son deuil. Malgré les nombreuses années qui sont passées, il est toujours figée dans le passé. Il n'avance pas, il n'évolue pas, il stagne sur place parce qu'il est incapable de pardonner à cette fille. Il faut avouer qu'elle a du cran, elle a même beaucoup de cran. Je crois bien qu'elle entre dans la liste du peu de personnes que je respecte. Je la respecte parce qu'elle savait ce qu'elle voulait, et comment avoir ce qu'elle voulait. Et même si Monsieur bite a honte de l'avouer, cette femme l'a baisé comme jamais. Elle l'a mit dans une bouteille qu'elle a bien fermé et balancé dans la mer.

— Et maintenant en tous les pauvres tu vois la cinglée.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que c'est vrai, et ça explique pourquoi tout le monde chez toi fais des comparaisons. Tu ne me connaissais même pas, et rien que le fait que je sois pauvre t'a fait me détester, et jusqu'à présent tu es encore bloquée dans cette relation. Tu prends toutes les femmes pour des putes, et tu penses que tous les pauvres en veulent à ton argent. Tu vois la cinglée en moi et en toutes les autres femmes pauvres. Tu penses que moi aussi je vais faire comme elle, tu penses que je suis comme elle. Malgré toutes les années qui sont passées tu es toujours figée dans le passé. Si tu veux avancer, il faut pardonner et oublier.

— Tu penses que c'est facile ? J'essaye de ne plus être comme ça, mais ce n'est pas aussi évident. Je me suis donnée corps et âme à une femme et elle m'a trompé. Je l'ai aimé, et qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle m'a poignardé dans le dos. Ma mère a raison, on ne peut pas faire confiance aux pauvres.

Vexée et touchée, je lui demande d'un ton sec :

— Alors pourquoi tu me racontes tout ça ? Je suis aussi pauvre que l'étais ta cinglée, peut-être même bien plus pauvre parce que ma mère à moi n'était pas la ménagère d'un milliardaire.

— Tu as raison, excuse moi. Chaque fois que je parle d'elle je suis dans un état second. Ça me mets hors de moi de penser que j'ai pu me faire berner de la sorte par une femme.

C'est bien ce que je me disais. Il va falloir que ce crétin grandisse unpeu et cesse d'accuser tout le temps les autres. Si cette cinglée l'a escroqué c'est sûrement parce qu'il le méritait. Il n'est pas un saint, il est même très loin de l'être. Et il est temps qu'il le comprenne enfin. La différence qu'il y'aura toujours entre nous deux c'est que moi j'assume mes actes. Je n'ai jamais prétendu être une sainte. D'ailleurs, je le répète en longueur de journées. Ne m'aimez pas s'il vous plaît, je suis mauvaise. Je suis méchante. Je suis égoïste. Aimez-vous les uns les autres et laissez Elisabeth POTIN en paix.

— Ce que je vais te dire va te sembler brusque, mais c'est pour ton bien. Cesse d'accuser la cinglée et reconnais tes torts. Elle t'a dupé c'est vrai, elle t'a fait souffrir c'est vrai, mais est-ce que tu es parfait ? Est-ce que toi-même en ton âme et conscience tu peux affirmer n'avoir jamais rien fais de mauvais ? Si tel est le cas jette-lui la pierre, mais si c'est tout le contraire pardonne et avance.

— Je lui ai déjà pardonné.

— C'est ce que tu crois. Mais si tu avais vraiment pardonnée à cette femme pauvre qui t'a dupé, tu aurais vu depuis longtemps que je ne suis pas comme elle. Tu ne maltraiterais pas ainsi tous les pauvres. Et comme je te disais, tu dis que tu baises les femmes mais c'est faux. Tout ça est encore liée à elle. Sinon pourquoi dire, « faire l'amour » est si difficile pour toi ? Tu sais que tout ce qui à trait à l'amour entraîne les sentiments, et les sentiments te font revenir à la cinglée. Tu as peur de dire « faire l'amour » parce que c'est beaucoup trop sentimental. Le mot « Baiser » te donne l'illusion que tu contrôles tout, que jamais l'amour ne va se mêler de tes relations. Tu as peur de l'amour à cause d'elle, parce qu'elle t'a brisé le coeur. Tu as peur d'aimer, mais tu as surtout peur que l'histoire se répète.

— Même si c'était vrai ce que tu dis, je n'ai plus jamais aimé une femme après elle. Toutes mes autres relations étaient sans promesse.

— C'est pour ça que tu me parles tout le temps de voitures et de maisons ?

— Je m'étais dis que tu n'aurais pas hésité à accepter, mais bien sûr tu es restée de marbre et ça m'a vraiment étonné.

— Je te l'ai dit, je ne suis pas comme les autres femmes.

— Je le constate chaque jour à mes dépends.

Mon plan marche à la perfection, je sème petit à petit le doute dans son esprit. Michaël WILLIAM va bientôt me manger dans la main. Et sans qu'il ne s'en rende compte, je serai son pire cauchemar. Monsieur pense que je vais avoir pitié de lui parce que sa vie n'a pas été facile ? La mienne a été plus que difficile, et contrairement à lui, je n'avais pas autant d'argent pour me péter le cul. Il passe son temps à pleurer dans les jupes de sa mère, il passe son temps à s'apitoyer sur son sort. Ce sont les lâches qui font ça. Venge toi ou avance, c'est aussi simple que ça. Ne reste pas là à pleurer comme si ça pouvait changer quelque chose. Il faut certaines fois prendre exemple sur moi, j'avais un choix à faire entre pardonner et me venger et j'ai choisi la vengeance. Le pardon est un niveau beaucoup trop élevé pour un esprit rancunier comme le mien. Mais au moins je ne suis pas restée à pleurer sur mon sort et maudire le monde d'être aussi pourri. Quelques fois il faut prendre la vie par les couilles et lui dire « Ici, c'est moi qui commande. »

— Il est temps pour moi de partir.

Je me lève de mon siège prête à prendre congés de lui, quant-il me bloque le poignet et me dis d'un ton sérieux :

— Ne t'en va pas s'il te plaît.

Je souris intérieurement, comme je l'avais prédis, il commence à lâcher prise avec moi. Il voulait me prendre pour une conne ? On verra bien qui sera le con maintenant.

— Pourquoi ?

— J'ai quelque chose à te proposer.

— Si ça nous concerne tous les deux laisse tomber. Ce n'est pas parce que j'ai discuté avec toi que mon opinion a changé. Je ne veux toujours pas être ta pute.

— Et si je te dis que tu ne seras pas ma pute ?

Ma secrétaire, cette détraquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant