Chapitre 1 : Squat Alphecas

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VARMANTEUIL –




Les premières trilles des merles montèrent dans la rue à l'instant où s'allumèrent les lumières tamisées derrière les vitrines. Avec ses lettres cursives inscrites à la peinture d'or sur le bois de la devanture, ses présentoirs de velours, et les branches de pommier fleuries savamment disposées, la boutique se mit aussitôt à respirer un luxe convivial.

Dans la pénombre de l'aube, les masques de mascarade semblaient luire. Ciselés en métaux précieux ou dentelle fine ; serties de gemmes ; ornés à foison de plumes, pétales, et ailes délicates ; chacun constituait un chef d'œuvre artisanal. Mais s'ils se vendaient à prix d'or, ce n'était pas pour la virtuosité de leur confection. C'était pour les charmes qui les imprégnaient.

Davantage que des accessoires raffinés, la boutique proposait tout un panel d'enchantements. Les masques pouvaient aussi bien doter leur porteur de vision nocturne que de la splendeur d'une chevelure scintillante. Les clients poussaient la porte en quête de travestissement, de bonification.

Un commerce de tromperie, de vanité, et d'hypocrisie, selon Cineád.

Posté sur le trottoir d'en face, il observa un moment les allées et venues du propriétaire et de ses employés, avant de traverser la route. Un carillon tinta au-dessus de sa tête lorsqu'il franchit le seuil. Ses narines furent assaillies par un parfum poudré et capiteux.

La vendeuse la plus proche lui jeta un regard confus. Il ne se faisait aucune illusion sur la raison de sa surprise. Son tee-shirt élimé et ses boots rappées ne le désignaient pas comme un acheteur potentiel.

Déjà, le forgeur s'avançait à sa rencontre, un chapelet de politesses s'épanouissant sur sa figure, tout prêt à le congédier. Cineád écarta les mains.

L'homme n'eut qu'un instant pour détecter l'Essence dont il se mit à irradier. Un instant pour faire le lien entre le phénomène, et la nature des marques qui s'étalaient sur le faciès de l'intrus. Une ébauche de terreur pure décomposa la mièvrerie de ses manières.

Puis la déflagration souffla le magasin. Les vagues d'énergie incandescente libérées par Cineád embrasèrent les lieux en un clin d'œil. Les vitres éclatèrent. Un torrent de flammes cérulées engloutit l'espace, monta à l'assaut des murs. Par-dessus le rugissement du gaz en combustion, il entendait à peine crépiter la chair de ses victimes, réduites à l'état de torches humaines.

La sensation d'une rigidité dans ses zygomatiques lui fit prendre conscience du rictus qui découvrait ses dents. Une nuée de brandons bleus voltigeait autour de lui, résidus de soie et de papier soulevés par le dégagement calorifique.

𝐀𝐒𝐓𝐄𝐑𝐒 | Tome 1 | LES DAMNÉS DE BRYVASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant