Chapitre 7 : Ficelles

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– MORTRAZE –



Dès qu'elle estima suffisante la distance qui la séparait du canal de Caland, Thélia ralentit le pas. Ses jambes la soutenaient à grand peine. Elle arracha sa capuche d'une main tremblante. Moites de transpirations, ses mèches arboraient un vert de menthe. L'Aster dut combattre l'envie de s'effondrer sur place. Accablé par la retombée de l'adrénaline, son corps ne voulait que s'affaler au pied d'un immeuble, le temps d'accuser le coup.

Sans cesser de tracer sa route, dominée par les immeubles résidentielles aux façades ornées de sculptures en pierre, elle abaissa son cache-cou, et sorti son portable. Les tonalités d'appel s'égrenèrent à son oreille, en écho au tumulte de son pouls. Thélia prit une inspiration soulagée lorsque son correspondant décrocha.

Ça va ? l'interrogea Sylvius. T'as pu t'en tirer ?

À son souffle et au bruissement de pas qui filtraient pas le micro, elle comprit qu'il se trouvait encore à l'extérieur. La gorge nouée par une boule nauséeuse, elle acquiesça avec un son étranglé, avant de parvenir à articuler :

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! On fait quoi, là ?

Je rejoins les gamins au square Blondeau, en espérant qu'ils se soient pas taillés avec la prise, l'informa-t-il.

Le square Céleste Blondeau était le lieu de rendez-vous déterminé par Sylvius, auquel la bande devait se retrouver en cas de séparation imprévue. Thélia releva la tête, tâchant de réfléchir à son trajet. L'hóplite pourrait se charger seul de récupérer les parts confiées aux Maraudeurs, elle ne voyait aucune nécessité à se rendre au parc.

— D'accord, je te retrouve chez toi, alors, décida-t-elle.

Tu commences à bosser demain soir, non ? Tu peux rentrer te reposer, et je passerai te chercher plus tard.

La jeune femme rajusta machinalement la bandoulière du sac sur son épaule. L'Éther qui suintait de son contenu lui faisait toujours l'effet d'une brume poisseuse, capable de la pénétrer jusqu'aux os. Elle n'osait pas faire coulisser la glissière pour découvrir ce sur quoi Sylvius avait mis la main.

— Non, je ramène pas ça chez moi, refusa-t-elle. Je viens te le déposer.

L'hóplite ne chercha pas à protester.

Tu as mes clés ?

— Pas sur moi.

Ok, je fais vite.

Thélia dut attendre le passage du premier métro pour regagner Mortraze, arrondissement voisin de Varmanteuil. La nuit palissait, esquissant une clarté bleuâtre sur les rues pavées du quartier. Elle parvint enfin devant la porte d'immeuble familière qui se dressait entre un bar et et un restaurant de kebab, encore fermés à cette heure. Composer le digicode lui procura un absurde sentiment de sécurité. Elle se traîna d'un pas fourbu jusqu'au troisième étage, et s'assit sur le pallier en relâchant une profonde expiration.

La jeune femme somnolait, la joue appuyée contre son bras, lorsqu'elle reconnut le tintement de chaînes qui accompagnait la démarche souple de Sylvius. Elle redressa la tête, et il lui désigna les sacs dont il était encombré, lui confirmant ainsi le bon déroulement de la récupération.

𝐀𝐒𝐓𝐄𝐑𝐒 | Tome 1 | LES DAMNÉS DE BRYVASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant