Chapitre 33 : Engrenage

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VARMANTEUIL –


La respiration saccadée, Basile n'osait pas remuer d'un millimètre. Les yeux de rapace s'attiédirent, un sourire fendit le visage en clair-obscur, et l'arsenal effilé s'abaissa de quelques pouces, demeurant néanmoins prêt à fuser.

— Tout va bien, petit. Comment tu t'appelles ?

Ce fut davantage le son de sa voix que les intonations rassurantes et son accent amical qui sortirent Basile de son état pétrifié. Son cœur martelait douloureusement sa cage thoracique.

Un agent de l'URIAA venait de le trouver dans la cachette d'un Aster criminel.

Qu'avait dit Fahrenheit, pour ne pas avoir à donner son nom ?

— J'ai pas à vous le dire, bredouilla-t-il d'une voix étranglée.

L'hóplite cilla de surprise. Puis sa physionomie s'adoucit encore. L'intégralité de ses lames se reploya pour regagner ses fourreaux dorsaux.

— Non, bien sûr, acquiesça-t-il. Tu veux bien me dire ce que tu fais ici ?

Les yeux noirs du garçon bondirent vers la sortie, estimant la distance, calculant ses chances de l'atteindre sans être intercepté. Adamer surprit son réflexe. Il fléchit les genoux jusqu'à s'accroupir.

— Tu sais qui vit ici, pas vrai ?

— Il est parti ! répliqua vivement l'adolescent, la tête rentrée dans les épaules.

— Je sais. Tu le connaissais ?

— Je...

Nouveau coup d'œil vers la porte ouverte. Cette fois-ci, l'hóplite réagit. Son frémissement fut infime, mais suffisant pour fouetter le sang de Basile. Il savait reconnaître la posture d'un prédateur aux aguets.

Sa réaction releva du pur instinct. Misant tout sur l'effet de surprise, il activa son Arété, dans l'intention d'user de la vivacité du langur pour filer entre les doigts de l'agent. Or, sous le coup de la panique, il échoua à se concentrer sur la forme choisie. Ses vêtements craquèrent, tombèrent en lambeaux au sol. Ce ne fut pas un condensé simiesque d'adresse couvert d'un manteau de fourrure beige qui s'élança vers Adamer, mais plus de cent kilos de muscles roulant sous un pelage rayé.

Le garçon se serait affolé. Le tigre n'hésita pas. Il passa d'un bond au-dessus de la tête de l'agent et bifurqua en même temps qu'il se réceptionnait dans son dos, usant de sa queue comme balancier, pour se ruer d'une foulée à travers l'ouverture.

Adamer ne tenta ni de l'arrêter, ni de le poursuivre, mais Basile courut toutefois deux étages plus haut, droit au loft d'Isaac. Buté, il refusa de répondre aux questions du dirigeant du squat, qui lui fournit un tee-shirt trop large à enfiler, et se blottit dans le cuir du canapé jusqu'à retrouver son calme. Isaac n'eut d'autre choix que d'avertir Kaya et de le laisser repartir sous sa peau de shiba, plus judicieuse pour circuler dans les rues.


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Depuis l'attaque du Palais Pólaros, Kaya ne pouvait se départir de la tension qui saturait ses nerfs. Elle avait contacté Gale trop tard : Basile avait déjà fugué de chez leur mère. Sa énième escapade urbaine l'angoissa davantage que toutes les précédentes. Il y avait désormais un danger tangible dans les rues de Bryvas.

𝐀𝐒𝐓𝐄𝐑𝐒 | Tome 1 | LES DAMNÉS DE BRYVASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant