Je ne voulais pas me retourner. Je crois que je n'avais jamais eu autant peur de ma vie. J'avais froid et l'envie terrible de disparaitre, aller me cacher, me protéger, loin, très loin d'ici. Pourtant, cette voix aurait dû me rassurer, je la connaissais si bien. Enfin, c'est ce que je croyais.
- Boucle d'Or, c'est l'histoire d'une petite fille trop curieuse qui fouille dans les affaires d'une famille, avant de s'y installer confortablement. Et tu sais comment elle finit cette pauvre fille ?
Il attendait une réponse ? J'étais complétement pétrifiée. Et Dimitri ? Combien de temps avait-il tenu face à lui ? Il fallait que j'arrête de le traiter d'anonyme. Peut-être qu'en faisant face au problème, qu'en me répétant son nom, je trouverais le courage de me retourner, d'oublier la peur de lui que j'ai.
Régis. C'est son prénom. Celui que j'ai entendu, sans même imaginer la tête qui pouvait le porter. Régis. Un nom sans histoire, un homme méchant, plein de haine. Régis. Un homme qui a trompé Allan, qui lui a fait les yeux doux, qui a profité de sa naïveté pour jouer à l'enfant gâté. Régis, qui a voulu profiter de moi et qui a fait passer son propre frère jumeaux pour mort, pour pouvoir se sortir des situations délicates. Régis.
Mes talons pivotèrent au même moment, quand je me dis une dernière fois son prénom. J'avais peur, mais j'avais aussi développé une énorme haine. Je le fixais dans ses yeux bleus.
- Elle s'est faite mangée toute crue, dans une violence inouïe.
Cette dernière phrase me glaça le sang. Je me trouvais enfin face à celui que j'ai eu appelé plusieurs fois Kert, mais qui en fait s'appelait Régis et était le plus grand connard de la terre. Sa fable ne m'avait pas atteint, mais étrangement, je me sentais menacée. J'avais en face de moi, un homme à l'apparence de Kert, mais qui ne dégageait pas la même énergie. Un homme mauvais, qui n'aspire qu'à la méchanceté.
De reflex et de peur, je fis un pas en arrière. Sa voix perça :
- Tu as peur de moi, Fanille ? Pourtant, tu m'as aimé pendant un temps. Non ?
- Ce...Ce n'est pas toi que j'ai aimé !
Un cri du cœur, à nouveau. C'était sorti tout seul, comme un mécanisme.
- Ce n'est pas moi, effectivement. Tu aimes l'homme de qui j'ai essayé de voler toutes les richesses, et le garçon qui me ressemble comme deux gouttes d'eau mais qui pense plus positivement que moi.
Je levais la voix d'un coup :
- Où est Kert, Hein ?! Dis-moi où il est ! Il prit un ton ironique :
- Hey, je croyais que tu l'avais quitté pour ton Allan en sucre. Alors, qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je...Heu...
Il avait frappé dans le mille. Je ne savais pas me justifier. J'étais ici pour aider Kert et le sortir d'ici, oui, mais...Je n'avais pas de pouvoirs spéciaux, moi. J'étais faible et je n'avais aucune raison d'être ici. Je restais bouche bée, mais je ne tremblais plus du tout.
Régis rigola méchamment. Un long rire, devant mon geste inutile qui était de venir ici. Il me fixa dans les yeux et s'approcha de moi. Je ne reculais pas. J'avais une telle haine contre lui que j'étais paralysée. En s'avançant vers moi, il ne baissa pas le regard. Moi non plus. Quand il arriva à mon niveau, Régis me prit la main comme si c'était un trésor.
Il parla calmement, comme si il était dans une pièce de théâtre :
- Je te promets de ne pas te toucher, ni d'atteindre à ta personne, mais...Jouons ensemble, et je te dirais ce que tu veux savoir. Je ne réfléchis même pas et répondit :
- D'accord.
***
Dimitri n'avait pas envie de le réveiller, mais alors vraiment pas. Pourtant, il n'aurait pas le choix. Il avait fait une erreur. Bon, quand il fallait y aller. Il cria fort dans sa tête, toutes ses pensées tournées contre cette maison, là-bas. Il attendit ; Une, deux, puis la tête de Allan sortit du cadre de fenêtre. L'homme qui avait l'air de venir de se réveiller ne paraissait pas surpris de voir un garçon habillé tout en noir, sanglant, dans son jardin. Enfin, qu'à moitié surpris :
- Dimitri, bordel, où est passé Fanille ?
- En fait, j'ai un gros problème, c'est que Régis la prise en otage.
Un petit silence calme s'en suivit, au bout du quel Allan cria :
- QUOIII ???
- Ecoute Allan, quand j'ai voulu le retrouver, après que je sois tombé dans les pommes, il avait déjà retrouvé Fanille et...Tu ne me croiras jamais ; Il n'était pas méchant avec elle, il l'invitait à prendre le thé !
Allan n'en croyait pas ses oreilles. Il affichait une tête encore plus déconfite.
- Tu sais, je pense qu'on a largement le temps d'aller la chercher...Régis à l'air de vouloir passer du temps avec elle, il n'a pas l'air de vouloir la tuer et il me l'a dit lui-même.
- ça lui ressemble bien. Mais il ne faut pas trop tarder. Kali est déjà en route pour ici. On va y aller tous les trois.
Kali ? Le cœur de Dimitri se suspendit. Il l'aimait tellement cette fille. Pourquoi ne pas lui faire sa déclaration ? Il devait sûrement le croire dans le camp ennemi, c'était la seule occasion qu'il aurait de tout lui dire. Sa décision était prise. De toute manière, il savait qu'il était une personne franche, il jouerait sur ça.
C'est là qu'elle arriva. Une si jolie fille. Et bien sûr, la première réaction de Kali fut :
- Allan !!! Que fout Dimitri ici, dans ton jardin ?
Une voix lointaine arriva du haut de la fenêtre :
- Il est de notre côté, il fait équipe avec nous, ne t'inquiète pas, tout va bien.
Allan sauta alors du cadre de fenêtre et ses servit de sa force surhumaine pour amortir la chute. Une fois arrivé en bas, il fit un signe de main qui voulait sûrement dire « En route ». Deux bougèrent. Dimitri resta sur place alors ses deux coéquipiers se retournèrent impatient. C'est là que Dimitri ouvrit son cœur :
- Désolé Allan de retarder l'opération mais...Kali, j'ai repensé a notre combat l'autre jour dans le cimetière, et je voulais te dire que je m'en voulais de t'avoir blessée, car en fait...Je t'aime.
Un grand silence s'en suivit et Allan étouffa un rire nerveux. Kali ne réfléchit pas longtemps avant de répondre :
- Ecoute, Ce n'est pas contre toi, mais je ne pense pas que ce soit le moment pour nous faire une sortie de film romantique. Bien que j'ai apprécié l'effort, vraiment...Mais non.
Les râteaux ça fait trop mal...
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Ne me regarde pas dans les yeux
ParanormalAllan cache quelque chose. Nous avons vécu ensemble le feu, la mort. Mon amour est sans fin. Mais cette fois, cela parait plus gros et il s'isole. Il s'est fait tirer dessus, des gens le poursuivent. Je veux le sortir de ses ténèbres. Le chrono a dé...