Chapitre 11 : Double vie

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J'étais sur mon nuage. La douceur de ses bisous étaient comme une nourriture dont on ne pouvait plus se passer. J'avais eu la plus grande peine du monde à le laisser partir et son « je t'aime » m'avais frappé en plein cœur. Kert était vraiment quelqu'un de génial, je ne le répéterait jamais assez. Seulement, quelque chose clocha. En montant dans ma chambre et après avoir regardé sur mon téléphone l'heure, ce jour là, une énorme culpabilité me dévora le ventre. Je m'étais arrêté net dans le couloir et avait soupiré :

- Merde, Allan...Comment j'ai pu te faire ça.

Des fois, il y a des pensée qu'il ne vaut mieux pas avoir. Se dire qu'on aime quelqu'un alors qu'on a déjà « la bague au doigt », ça doit être une des réflexion à bannir de son esprit. Mais alors, que faire ? Allan était tellement loin et Kert avait l'air complètement sous mon charme, le genre de garçon prêt à tout faire pour un simple caprice. J'étais devant des sentiments contradictoire et personne à qui en parler. Si j'en parlais à ma famille, ils me répondraient sûrement « quitte Allan, il est toxique pour toi. » Mais mon cœur me disait qu'il n'y a que ceux qui savent ce qu'on vit vraiment qui peuvent nous comprendre.

Sous l'effet d'une spirale contradictoire de raison, je décidais d'éteindre mon téléphone portable et d'aller me coucher. On dit que la nuit porte conseil, alors j'allai sans délai dans les bras de Morphée.

Le lendemain, quand je rallumai mon portable, je ne sais pas pourquoi, mais j’espérais recevoir un message de mon petit ami qui remettrait mon esprit en place, mais rien ne vint. Le lendemain non plus d'ailleurs. Bon, il ne fallait pas que je stresse, le connaissant, il l'aurait oublié déchargé dans un coin.

Noël se passa sans encombre. Comme d'habitude, je reçu une boite de chocolat, un peu d'argent et le pull en tricot de tata Hugette. La routine. Seulement, le 26, au matin, un cadeau sonna à la porte.

Je me dépêchais d'aller à la porte car cela devait bien faire 10 minutes que maman m'avait appelé. Mais c'est pas tout les jours qu'à 9heures30 quelqu'un m'attende à la porte. Pendant deux secondes, sur le trajet, j’espérais que se soit Allan, mais une voix me dit que ma mère ne lui aurait pas ouvert.

Quand j'arrivais vers l'ouverture et que je vis les yeux bleu et les mèches en bataille de Kert, je ne put m’empêcher un sourire :

- Mais, t'avais dis que t'arriverais pas à venir pendant les vacances !

- Bah, on va dire que j'ai fais pas mal d'heure supp'.

Effectivement, ses yeux étaient entourés d'un bon paquet de cernes. Pourtant il paraissait encore en forme. Il tendit ses bras vers moi, dans une tendresse unique. Comme l'enfant qui demanderait un câlin de sa mère. Je le trouvait tendre et m'approcha de lui pour lui donner l'étreinte tant attendue. Il colla son visage dans ma nuque et me susurra :

- Tu m'as tellement manqué.

Quand il releva sa tête vers moi, il me regarda dan les yeux avant de m'embrasser. Après ce moment plutôt doux, il sourit comme un félin rassasié avant de me demander :

- On sort pour aller en ville ? J'avais envie de passer du temps avec toi.

Je souris en hochant la tête. J'avais une nouvelle fois oublié Allan et aussi mon téléphone, dans ma chambre. Je me dépêchais de mettre mes chaussures et partit mener ma deuxième vie.

Après Noël, c'était toujours le temps des grandes soldes et faire du lèche vitrine au bras de Kert était d'autant plus agréable. Les pavés de la vieille ville avait beau être recouvert de neige et de givre, je ne me souciait même pas de tomber : Kert me rattraperais. D'ailleurs, celui-ci ne put résister à s'arrêter au marché, devant une cabane qui vendait des caramels. Il peinait à chercher son porte-monnaie quand je remarquai quelque chose de louche...

- Tu es blessé au bras ?

Il leva vers moi des gros yeux avant de reprendre un petit sourire et de remonter la manche de sa veste ; Il avait une énorme balafre sur l'avant bras, et vu l'avancement de la cicatrisation, il avait dû se la faire il y a pas longtemps. Il annonça :

- Je me suis coupé au travail. C'est pas facile de faire la cuisine à 6 sur la même cuisinière en même temps.

Je fixai encore sa blessure, ça avait l'air sérieux. Je prit alors la voix la plus douce pour lui annoncer :

- Tu ne l'as pas désinfectée à voir, c'est plutôt dangereux. Je vais aller te chercher quelque chose à la pharmacie là-bas.

Il me regarda amoureusement en me faisant un signe positif. Il paya alors ses caramels et se mit sous l'arbre à coté. Moi, je partit à la pharmacie histoire de trouver mon bonheur. Je ressortit quelques minutes plus tard avec un paquet et retourna vers Kert...Mais, il n'était plus seul sous l'arbre. Aleks et son complice était là, et avaient l'air de ne pas lui parler qu'avec gentillesse. Quand j'arrivai plus prêts, j’entendis les paroles de Aleks :

- T'est cinglé comme mec, tu devrait te faire interner. Même Fanille ne devrait pas rester à tes cotés, tellement t'est bon à enfermer.

Kert tourna brusquement la tête vers moi et je le voyait inquiet. Je voulais demander ce qu'il se passait mais Aleks me coupa immédiatement :

- Regarde ce que ton cinglé de copain à fait !

Sa main saignait à grosse goutte. Mais je m'en fichait. Je n'avais encore rien dit pour la dernière fois alors je profitait pour en rajouter :

- Il t'a fait mal, c'est bête. C'est bien pire que de violer ses camarades de classe c'est vrai.

Kert lâcha un petit rire victorieux mais Aleks ne s'avouait pas vaincu. Il annonça d'une voix plaintive :

- Le problème n'est même pas qu'il m'ait blessé, comment a-t-il réussi à le faire sans même me toucher, juste en me regardant comme ça ? T'es pas humain Kert, t'est un magicien ou pire, un monstre !

Mon sang se glaça et la peur m'envahit. La phrase de Allan me revint en tête : « Le seul moyen que tu auras d'y croire sera de voir de quoi nous sommes capable. Espérons seulement que la personne qui te montre aie de bonnes intentions. » Maintenant j'y croyais. Le ton limite hystérique de Aleks témoignait de la force de ses créatures. Et se ne fut pas la seule preuve. Aleks soupira :

- Même toi Fanille, éloigne toi de ce monstre. Même toi tu mérite de mourir de meilleure manière.

Kert, sous l'effet de la colère du fait qu'Aleks me traite comme le bas de l'échelle sociale, blessa à nouveau le tyran. Je ne le vit pas bouger, mais une blessure pas très profonde se dessina sur sa joue. Celui-ci hurlai de plus belle et finit par fuir en courant en criant « au monstre ». Kert restait là, calme, fixant son ennemi se replier. Moi, je le fixai. Il avait une beauté qui faisait peur. Son teint était un peu plus pâle que d'habitude et ses yeux bleus brillaient.

J'avais beau me dire qu'il était de la même race qu'Allan et que c'était mon « deuxième petit ami » je ne put m’empêcher d'avoir la nausée. J’étais figé par la peur, les lèvres pincées. Un geste et mon corps se déchirait en lambeau. Voilà les pouvoir des créatures des ténèbres. C'est là qu'il se retourna complètement vers moi, dans le même air calme et me demanda amoureusement :

- Oui Fanille, je suis différent. Mais s'il te plaît, n'aie pas peur, ne crie pas. Je t'aime tellement, ça me briserait le cœur de savoir que je t'effraie. Je tiens trop à toi mon cœur.

Dans ma chambre, de l'autre coté de la ville, au même moment, sur mon lit, mon téléphone portable vibra pour annoncer que j'avais reçu un message.

Ne me regarde pas dans les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant