Eugénia - Un milliardaire comme époux

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« Papa,
Est-ce que je te déçois?
M'aimes tu toujours malgré ce que m'apprête à faire?
Suis-je toujours ta précieuse fille?
Pourras-tu un jour me pardonner d'agir de cette façon? »

Perdue dans ses songes, l'incroyable mariée se laissa guider par Bartolomeo pour échanger des voeux auxquels elle ne croyait pas.

Comme l'avait prévenu Carmen, une centaine d'invités avaient pris place dans une partie du domaine qui avait été superbement décoré pour l'occasion.

Tous la scrutaient avec un étonnement qu'ils ne dissimulaient pas.
Qui était cette femme? Et pourquoi ne l'avaient ils jamais croisé avant ce moment?
Sa beauté les laissait sans voix, et sa grâce bien qu'entremêlée avec sa timidité la rendait encore plus séduisante qu'elle ne l'était.
Eugenia n'était vraisemblablement pas de leur monde et tout son être en etait la preuve.
Là ou des femmes audacieuses se seraient pavanées fièrement en souriant à tous, la superbe brune foulait le sol les yeux rivés sur cette paire de talons qu'elle portait pour la première fois.

— Relève la tête Eugenia. Laisse nous voir ton jolie regard. L'invita Bartolomeo en la tenant avec tendresse tout en se dirigeant vers son fils.

Eugenia ferma les yeux un instant avant de les rouvrir pour plonger toute sa détresse dans le regard brulant de Rafael.

« Que suis je en train de faire? Pourquoi suis-je ici? »

Alors qu'elle était à deux metres du beau brun. Elle s'immobilisa. Le regard perdu. Pendant un instant il n'y avait qu'elle et lui.
Rafael explorait l'infinité de ses yeux émeraudes y décelant un possible renoncement.

Allait elle faire demi tour?

Subitement inquiet qu'elle puisse le fuir, il lui tendit la main. Eugenia fit glisser ses yeux sur cette paume et lentement elle joignit ses doigts tremblants à cet homme qui l'effrayait.

Leurs coeurs s'affolèrent à ce contact des plus simples. Rafael l'attira pour qu'elle se place en face de lui.

Hors de question qu'elle s'en aille.

     Les voeux s'étaient échangés avec un manque cruel d'affection et la voix frêle d'Eugenia s'était à peine fait entendre.
Les invités les scrutaient avec curiosité, étrangement conquis par ce couple aussi beau que perturbant.

Rafael n'avait cessé de la fixer, elle n'avait jamais levé les yeux. Pas une seule fois, il n'avait réussi à capter son regard perçant. 
Contrarié qu'Eugenia ne lui adresse pas l'attention à laquelle il s'attendait. Le beau brun s'empara à nouveau de sa main pour l'attirer totalement vers lui, et sentir son corps chaud et tremblant .

Déboussolée, Eugenia eut un mouvement de recul avant que Rafael appuie fermement sur son dos pour éviter qu'elle le repousse devant leurs invités, impatients de les voir s'embrasser.

La jolie brune plongeait enfin ses yeux verts dans ceux de son époux. Et une chaleur se logea silencieusement de leur coeur de l'homme.

« Elle était encore plus belle vu de près. » songea t-il.

Lentement il fit glisser son regard sur les lèvres roses de sa femme. Il la sentit se crisper et froncer ses fins sourcils bruns.

Eugenia lui fit un léger signe de tête.
Elle lui interdisait de l'embrasser. Un léger sourire narquois se dessina sur les lèvres du beau brun.

Son instinct lui dictait de l'embrasser qu'importe sa réaction et de capturer ce fruit sucré que lui inspirait la couleur de sa bouche.

Eugenia était pétrifiée. Elle refusait qu'il la touche d'avantage. Ce contact la troublait suffisamment bien qu'elle ne ressentait pas que de l'inconfort.  Jamais elle n'avait été aussi proche d'un homme, si ce n'était son frère Juan avec lequel elle partageait des étreintes fraternelles.

Si Rafael osait l'embrasser elle se savait capable de pleurer. La jeune marié remarqua qu'il approchait délicatement son visage du sien. Sa gorge se noua.

« Par pitié non » murmura t-elle entre ses fines lèvres.
Rafael fut le seul à l'avoir entendu. Il dévia suffisamment pour contourner ses lèvres et placer un baisé glacial sur le haut de son front.

Un contact succinct, qui ravit tout de même les yeux curieux de la centaine de personnes en face d'eux.

Eugenia a demi soulagé sentit une brulure glacée sur son front là ou Rafael venait de poser ses lèvres.
Elle frissonnait encore de ce contact et s'étonna de lui en être reconnaissante.

Le marié se tourna complètement vers ses parents et sans prêter un seul regard à sa femme il lui présenta son bras musclé pour qu'elle s'y accroche.

Elle ne mit pas longtemps à glisser sa main sur le plis de son coude. Et ensemble, ils avancèrent dans un silence olympien.
Leurs invités les félicitaient et Eugenia laissa enfin ses yeux verts balayaient la foule. Elle fut attristée en réalisant qu'elle ne connaissait personne. Et elle s'imagina un instant le visage de Juan parmi eux.

S'il avait été là les choses auraient été différente. S'il n'avait pas attrapé cette foutue maladie, jamais elle n'aurai accepté ce funeste engagement.

Son regard s'arréta enfin sur ses beaux parents. Carmen semblait avoir pleurer.
Était-ce de bonheur?
Bartolomeo la scrutait avec une tendresse chaleureuse, c'était certain il prendrait soin d'elle.

***

La cérémonie battait son plein. Le diner se déroulait à merveille selon les plans de Carmen. Tout était excellents, et bien qu'Eugenia n'avait que très peu d'appétit elle avait fait l'effort de gouter à tout.

Assise aux cotés de son époux, ils ne de se parlaient pas. Lui préférant discuter avec Esteban son chauffeur et ami, et elle qui gardait ses yeux plongés sur ses genoux.

Une silhouette aux formes généreuses fit son apparition. Elle regardait droit devant elle en jetant ses yeux noisettes sur Rafael.
La longueur de ses extensions lui donnaient un coté sirène et sa robe audacieuse et très décolletée attirait tout les regards masculins.

Qui était elle? Et pourquoi se dirigeait elle vers le couple de mariés.
Eugenia qui avait relevé la tête, se sentit immédiatement très mal à l'aise devant cette bimbo vraisemblablement très sure d'elle.

La sulfureuse blonde s'immobilisa devant la table des mariés pour jeter un regard critique sur la mariée.

Rafael serra le poing.

Qu'est ce qu'elle foutait là?

— Bonsoir Rafael ! Cingla t-elle en le toisant.

Le beau brun se crispait et sa jeune épouse pouvait clairement le sentir se tendre devant la belle inconnue.

Visiblement ils se connaissaient. Et certainement pas comme de simples amis vu les regards appuyés qu'elle adressait au milliardaire.

— Tu ne me présente pas. Osa t-elle en indiquant Eugenia.

— Non. Répondit il froidement.

Samantha se mit à rire.

— Dois-je me présenter toute seule? Le menaça t-elle avec un sourire jaune.

Carmen apparut alors au bon moment et glissa une main appuyée sur le dos de Samantha.

— Bonsoir Mademoiselle. Auriez-vous la gentillesse de me suivre?

La belle blonde se laissa guider par la mère de Rafael. Carmen jeta un regard noir à son fils avant de s'éloigner vers l'intérieur de la maison.

Eugenia ne s'était jamais sentie aussi mal à l'aise de toute sa vie. Était-ce genre de femme que son mari désirait?

Un dégout inconnu lui noua le ventre. Elle et lui étaient clairement des opposés lié par un mariage purement intéressé.